Dans une salle de Nabeul pleine à craquer, les «Potiers» se sont fait un point d’honneur de dompter leurs hôtes étoilés, leur infligeant une défaite jamais égalée depuis deux années.
Dominés de bout en bout et complètement submergés par la furia des Nabeuliens, les coéquipiers de Amor Mouhli, sont passés complètement à côté de leur match.
Nous avons, précédemment évoqué, sur ces mêmes colonnes le laxisme avéré des joueurs étoilés qui fait que leur rendement soit, en certaines occasions, très irrégulier.
La rencontre du vendredi fut un prototype flagrant et édifiant sur les travers de comportement sportif des protégés de Ridha Laâbidi. Obnubilés par l’enjeu, ils n’eurent pas l’assurance nécessaire pour produire du beau jeu.
En face, les Nabeuliens déchaînés prenaient en main les débats d’emblée; très agressifs défensivement avec le marquage au short de Anis Hdidane sur Jammar Hardy, ils intimidaient leur vis-à-vis d’entrée de jeu.
Contrairement au match aller, le niveau de jeu n'était pas relevé en cette première période. Nous eûmes droit à des déchets techniques, des pertes de balle, des mauvaises passes à outrance et un ratage alarmant surtout de la part des étoilés.
Ils la terminaient avec 8 petits points marqués contre 15 pour leur adversaire.
Les choses ne s’arrangeaient nullement, pour eux, avec l’entame de la seconde. Les nerfs à fleur de peau, en panne de réussite et d’inspiration, les Etoilés étaient complètement dominés par des Nabeuliens transcendés et déterminés à les priver du moindre petit espoir de se relever.
Des Potiers transcendés
Utilisant très intelligemment l’effectif à sa disposition, Monem Aoun faisait se succéder Anis Hdidane et Aymen Trabelsi en défense rapprochée sur Jammar, neutralisant l’Américain complètement effacé. Idem pour Sergei et Gégé chargés de bloquer Salah Mejri. Ils purent, ainsi, prendre les positions préférentielles sous le panier, dominer les airs et s’octroyer des secondes possessions précieuses aidés en cela par l’impressionnant Mohamed Hdidane. Ce dernier était partout, au dessus du lot, il éclaboussait ce 2ème quart temps de sa superbe.
Avec son frère Béchir et Nizar Knioua, il constituait la force de frappe de cette équipe nabeulienne.
Grâce à leur réussite déroutante, ils permettaient aux leurs, de rentrer aux vestiaires à la mi-temps, munis de 18 points de différence (38/20).
Le 3ème quart temps commençait sous de meilleurs auspices pour les Etoilés. Ils trouvaient, en un petit laps de temps, la solution en jouant sur Salah Mejri à l’intérieur.
Défensivement, ils abandonnaient l’individuelle pour la défense en zone (2/3). Ils réussissaient, ainsi, à réduire un peu l’écart à moins 13 à 6 minutes de jeu (48/33).
Mais les « airs Ball » de Jammar étaient symptomatiques d’un malaise étoilé pas prêt de se résorber, du moins sur ce match là!
Sa sortie était opportune et l’utilisation de trois intérieurs (Braâ, Ben Romdhane et Mejri) ne donnait pas le plus escompté.
Mais quel brio, quel cœur et quel panache des Nabeuliens!
Ils disputaient tous les ballons, se battaient pour chaque possession, se débattaient tel des forcenés comme si de toute les attaques dépendaient leur salut. Même largement devanciers de leur adversaire, ils continuaient à s’acharner. A aucun moment, nous n’avons pas sentie leur concentration baisser ou leur maîtrise sur le match diminuer.
Tous étaient superbement motivés, les éléments de base comme ceux incorporés en cours de rencontre donnaient le meilleur d’eux-mêmes.
Béchir Mouin majestueux, Aymen Trabelsi accrocheur et Gégé surclassant Sergei à l’occasion et si merveilleusement.
Une Etoile quasi-absente
Mais où étaient pendant ce temps les Etoilés?
Maladresses, déconcentrations et statistiques ahurissantes; un seul tirs des trois points réussi sur 20 tentés, 9 lancers francs des 22 obtenus et 18 pertes de balle. Un Zied Toumi, habituel métronome de cette formation, signalé aux abonnés absents. Un Jammar Hardy, catalyseur invétéré sans jus et à bout de souffle. Un Salah Mejri complètement out, paraissant l’ombre de lui-même.
Dommage que la mentalité du joueur tunisien, aussi valeureux soit- il, ne lui permette pas de progresser dans la régularité et dans la rigueur parfaite!
Seuls Mouhli, Ben Romdhane et Braâ étaient un cran au dessus de leurs camarades sans pour autant briller de mille feux!
Nous étions loin des beaux duels de la première manche.
Nous avions l’impression qu’il n’y avait qu’une seule équipe sur le terrain; belle, transcendante, volontaire, décidée, opiniâtre et persévérante. Les joueurs nabeuliens, poussés par un public admirable, réussissaient tout ce qu’ils entreprenaient; 10 tirs des 3 points, des contres attaques remarquables, un jeu en transition bien orchestré et des interceptions notables. L’envie insistante de jouer un match décisif transparaissait sur les visages de tous les protagonistes nabeulien. La rage de vaincre faisait briller leurs yeux et guidait leurs actions sur le parquet.
Les Etoilés n’ont pas ramené le titre de champion à la maison malgré la présence de Hamed Kamoun, de Zied Jaziri et de Moez Driss l’ex président, qui y croyaient manifestement.
Bredouilles, ils regagnèrent leur fief et avec eux un public admirable qui donnait de la voix durant toute la rencontre sans jamais se fatiguer et alors que leurs favoris étaient malmenés.
Une rencontre décisive doit se joueur le samedi prochain à Sousse pour remettre le trophée à l’équipe qui le méritera.
« Tant mieux pour le spectacle» me disait Ali Benzarti le président de la FTBB en fin de rencontre.
Certainement pourvu qu’il ne soit pas aussi médiocre que celui fourni par l’ESS en cette rencontre!
Aida Arab Achab
--------------
Ils ont dit
Monem Aoun:« Nous avons titré les enseignements qu’il fallait »
«Je savais qu’une victoire dans ce match passait par une bonne analyse des erreurs du match aller. Nous l’avons fait et réussi à tirer les enseignements qu’il fallait. Je crois que le public a largement contribué à cette victoire. Il était merveilleux. Depuis que je suis à Nabeul, je n’ai jamais vu un public pareil. Maintenant, je savais depuis le début de la saison que j’aurai besoin d’un joueur puissant comme Gégé pour bloquer Salah Mejri. Il a fait la différence défensivement comme Serguei l’a fait offensivement la semaine dernière.
Dans ce genre de match la forme du jour des joueurs compte énormément. Nous avons eu un grand Hammoudi, ce soir. L’ESS est passée à côté de son match.
Pour le match retour, je dis que s’il y avait deux trophées en jeu, les deux équipes mériterait de les gagner. Mais il n’y’en a qu’un. Je voudrai qu’il fût possible de le diviser en deux. Je suis heureux parce que, dans cette affaire là, le basket tunisien gagne à avoir deux équipes de ce calibre. Nous avons un petit ascendant d’avoir gagné le second match et par ce score et ils ont l’avantage de jouer chez eux. En un mot, nous sommes à chances égales».
Ridha Laâbidi :«Impossible de rééditer une aussi piètre prestation!»
«Je n’arrive pas à comprendre ce qui s’est passé dans la tête des joueurs. Ils voulaient tellement gagner et en finir qu’ils sont passés à côté du match. Ils étaient totalement déconcentrés et n’ont rien réussi. Le match décisif sera tout autre. Nous ne pouvons rééditer une aussi piètre prestation. Nous allons faire en sorte de conserver notre titre devant notre public. Les Nabeuliens nous ont complètement dominés et ont eu une grande réussite. C’est dur de perdre avec un tel écart mais nous ferons en sorte d’oublier ce match et de préparer le prochain dans les meilleurs conditions. Nous n’avons, certainement pas, dit notre dernier mot!»
A.A.A
--------------
L’homme du match - Superbe Mohamed Hdidane!
Pas déterminant durant la première rencontre, Mohamed Hdidane s’est merveilleusement bien rattrapé vendredi dernier.
Principal artisan de la belle victoire nabeulienne, il fut à l’origine de la plupart des actions offensives des siens.
Calme et plein d’assurance, il mit à profit sa grande taille pour bloquer Salah Mejri ou profiter du bloc des joueurs intérieurs pour aller chercher les rebonds et transformer les secondes possessions. Adroit dans les tirs à 3 points, il en mit 4 donnant de l’air à ses coéquipiers à chaque fois qu’ils en avaient besoin.
Leader du groupe, il ne recule aucunement devant cette lourde responsabilité et prend les initiatives à chaque fois que la situation se bloque. Décisif à l’intérieur comme à l’extérieur, il connait parfaitement son métier et trouve l’instinct de joueur libéré. Intelligent dans sa perception du jeu, il sait se faire oublier par la défense pour la matraquer au bon moment.
Il a dominé coéquipiers et adversaires pour éclabousser la rencontre de sa superbe et enthousiasmer les supporters par son brio.
Il sut aussi les enflammer quand il s’assura que la boucle était bouclée et le sort de la rencontre scellé.
Irrésistible et intenable, il se joua parfaitement de ses deux anges gardiens; Haythem Essayed et Moez Mestiri.
Il a terminé la rencontre avec 20 points et une prestation magistrale.
Bravo et bonne continuation!
Aida Arab Achab
-----------------
Le coin de l’arbitrage
Trio intransigeant!
Ksontini comme premier arbitre, en compagnie de Mzali et Languer constituait un trio arbitral qui a parfaitement réussi sa mission pour cette rencontre. Intransigeants dans leurs décisions, fermes dans leurs interventions, ils ne laissaient pas la rencontre leur échapper. Ils surent canaliser les passions et éviter les dépassements. Ils n’intervenaient pas dans tous les contacts et donnaient la priorité au jeu. Avantage qui a favorisé le jeu offensif et les duels sous le panier entre les joueurs intérieurs. Ils ont commis une petite erreur de règlement quand ils ont arrêté le match alors que les étoilés avaient le ballon à cause de sifflets venus de l’extérieur mais n’ont donné que les 6 secondes qui restaient à l’attaque. Le règlement prescrit de redonner les 24 secondes entières à l’équipe qui avait la possession.
Ceci dit, cette erreur n’a nullement influencé sur le résultat final mais dans les deux camps (SN et ESS), personne n’est à jour pour ce qui concerne le règlement. Etrange !
A.A.A