REUNION : Le Port, une affaire de femmes
CS PORTOIS - A quelques heures de la dernière manche de la finale féminine, retour sur un club où les femmes sont au pouvoir, du terrain aux arcanes.
Le Port, club de gonzesses ? Oh, allez, la vanne (entendue, cette année, à proximité du terrain lors d’un match de garçons) est un peu lourde. Non, restons sobres, le club sportif portois est, en effet, un club franchement teinté de féminisme. Pas militant, certes, mais où les femmes ont les responsabilités. De la présidente Josseline Arnould à l’entraîneur de l’équipe première des garçons, Nadia Cadet, en passant par cette équipe féminine qui brigue un premier titre dès ce soir. Est-ce pour autant un acte militant, le soutien-gorge au poing ? Pas du tout, pour Josseline Arnould. “Moi, je suis devenue présidente parce que j’étais déjà une membre dynamique du bureau, et à force de m’impliquer toujours un peu plus, c’était presque devenu naturel.” Être une femme présidente, ça ne change pas grand chose. Quoique… “En tant que femme, je dois assumer ma vie au foyer, ma vie professionnelle, et ma vie associative. C’est beaucoup de travail, mais ça va.” C’est elle qui, en début de saison, avait annoncé avec beaucoup de fierté la prise en mains de l’équipe première masculine par Nadia Cadet. Cette même Nadia qui nous expliquait il y a quelques mois n’avoir aucun souci à tenir ses troupes, qu’elle connaissait depuis leur passage dans les équipes de jeunes. Cette même Nadia, encore, que les entraîneurs masculins des autres équipes n’ont cessé de féliciter tout au long de l’année pour son travail auprès des jeunes Portois fougueux. Là encore, si Nadia en est là, ce n’est pas à cause (ou grâce) à son sexe. Josseline Arnould explique : “Si elle en est là, c’est uniquement pour son travail d’entraîneur, parce qu’elle est compétente en tant que professionnelle.” Du coup, comme si cela ne suffisait pas, le Port, pour se faire connaître en tant que club, compte sur ses… filles. Là encore, sans arrière-pensée, selon la présidente : “Chez les garçons, on forme, mais les autres clubs plus fortunés les récupèrent. Nous n’avons pas l’argent pour en faire venir, ou au moins les garder. Chez les filles, ce n’est pas le même phénomène, il n’y a pas encore trop d’argent. Elles peuvent donc rester chez nous.”
Carlot, diplomate
Alors, au final, qu’en pense Victor Carlot, homme en territoire féminin ? “Moi, j’ai l’habitude. cela fait plus de vingt ans que je travaille avec des filles. Mais ce n’est pas franchement qu’avec les garçons. Par exemple, les problèmes, ils se règlent sur le terrain, et après, on n’en parle plus. Avec les filles, cela peut durer des semaines… Un entraîneur de filles, c’est à la fois le papa, le tonton, il faut toujours trouver le bon ton. Entraîner des filles, cela demande de l’expérience.” Une victoire ce soir contre le BCD pourrait définitivement entériner le “girl power” portois
Loïc Chaux
À Saint-Denis aussi
Il serait malhonnête, si on parle de femmes et de basket, de laisser de côté le BCD, et sa présidente, Daisy Isambert-Permalama. Qu’on a appelé, depuis le début de la saison, par son nom de mariage. Qui a tenu à rappeler, la semaine dernière, qu’elle voulait aussi qu’on accole son nom de jeune fille. “Parce qu’au club, je ne suis pas “la femme de”, mais bien Daisy Isambert-Permalama, la présidente.” Décidément, le basket à la Réunion, c’est aussi une affaire de femmes.
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