SPBB-BCD : 67-80 - Se basant sur une défense très solide et un collectif qui a su se construire, le BCD est allé chercher dans le Sud un titre qui lui échappait depuis quatre ans.
L’horloge affiche 1’24. Le score 65-75. Sur le banc du BCD, tout le monde est debout. Les serviettes commencent à tourner. Pas encore comme des girouettes. Les "on est les champions" à être murmurés. Mais pas encore clamés. Côté Saint-Pierre, tout le monde est assis. Éteint. Les serviettes sont immobiles. Sur la tête pour couvrir des visages déformés par la déception. Voire la colère, qui matérialise la frustration. Encore une fois le BCD fait tourner la balle. Encore une fois Saint-Pierre n’arrive pas à la saisir. Une dernière fois Souleymane Diallo s’envole. Et va claquer un énorme dunk sur un service trois étoiles de Biscou. Le numéro 13 lance la fête qui se dessinait. C’est gagné. Les supporters peuvent entonner le tube des vainqueurs avant d’envahir le terrain. Ils sont champions. Les Dionysiens peuvent exploser. Les joueurs compris. Évacuer une frustration depuis longtemps enfouie. Depuis quatre ans et leur dernier titre. C’est peu sur l’échelle de l’histoire. C’est énorme sur celle du BCD, qui avait perdu les finales 2010 et 2011, pliant en demi-finale l’an passé.
Aaaaaaah BCD
La libération est palpable. Comme l’abattement des Saint-Pierrois, qui ne comprennent toujours pas ce qui s’est passé. "Je ne sais pas, je ne sais pas", lâche Ibrahim Panchbaya, l’inoxydable poutre de la raquette saint-pierroise. "Ils nous a manqué de jouer jusqu’à la fin", avance sans beaucoup plus de conviction Gilles Loyalle, magnifique main gauche sudiste qui n’a pas suffi. Ludovic Bitor est lui tout occupé à insulter l’arbitre. La déception prend légitimement le pas sur l’analyse. Eux aussi y ont cru. Eux aussi voulait remettre leur quatre lettres marquées d’histoire de basket local en haut du palmarès. Eux aussi en avait les arguments avec un effectif de qualité et de quantité, du physique, de l’adresse et de l’expérience. Des armes restées en partie dans le chargeur. Qui n’ont su s’assembler et se mettre en colonne hier. Laissant le champ libre à un BCD, qui avait sûrement des munitions moins puissantes mais qui ont su faire mouche, Georges Assassa parvenant à les dégainer au bon moment pour les voir défourailler en rafale. "On a su répondre collectivement, confiait ce dernier calmement, savourant avec sobriété ce succès qu’on sentait d’importance pour lui. On a su rester dans le bon comportement". Comme d’habitude, il n’en dira pas beaucoup plus. Bridant des émotions que l’on sent plus profondes. Sûrement dues à une saison dernière pénible, où il a été contesté, son effectif explosant en plein vol en même temps que son objectif de consécration. Souleymane Diallo, l’atout majeur de cette équipe qui s’est complètement fondu dans le collectif cette saison, va un peu plus loin, évoquant "une rigueur défensive que l’on a trouvé depuis deux mois nous permettant d’être compact et physique. Saint-Pierre est une grosse équipe mais on n’a pas volé notre finale".
"Le meilleur a gagné", appuyait Daniel Doro, le coach saint-pierrois, battu pour la deuxième année d’affilée en finale sans accrocher un match. Mais si l’année dernière la présence de son équipe était une surprise, elle était cette saison une évidence.
Superman Diallo
Comme la victoire du BCD sur ce qu’ils ont montré. "Ils ont su gérer et quand ils sont passés devant, on n’a pas su revenir", saluait Gilles Loyalle. Pourtant tout avait bien commencé pour les siens. Attaquant le match sabre au clair. Rentrant dans leurs adversaires et par la même occasion dans le match. Sortant Souleymane Diallo après 13 minutes de jeu alors qu’il comptait trois fautes, dont la dernière, offensive loin d’être évidente après un gros tampon sur Julien Minatchy qui le voyait s’écraser lourdement au sol. Les Saint-Pierrois menaient alors 34-27. Et c’est sans leur meilleur élément que le BCD recollait grâce à un Alexandre Dubard au toucher toujours aussi soyeux à 40 ans, grand bonhomme du succès dionysien. Mais aussi d’un Daniel Coindevel, qui s’affirme de plus en plus, qui allait mettre le panier du 36-36 (17’) avant de mettre le suivant, celui de l’avantage. En étant bousculé, sans Diallo, le BCD basculait à la pause avec 5 points d’avance (43-38). "On a su répondre collectivement sans Souly (Diallo)", dira Georges Assassa, voyant son équipe marcher en rangs serrés. Souly Diallo allait en sortir lorsqu’il revenait sur le parquet, après 3’30 de jouer dans le 3e quart-temps. "L’équipe a bien tenu la baraque et là c’était à moi de mettre les points". Il s’exécute, manquant seulement deux paniers dans ce deuxième acte. Enquillant 15 points et plaçant comme à l’aller un énorme contre pour maintenir les siens à plus 10 à 5 minutes de la fin, allant conclure de l’autre côté (69-59), plaçant les siens sur l’autoroute vers le paradis. Ils pourraient y trouver un nuage en enlevant la coupe de la Réunion et un magnifique triplé après avoir déjà gagné le Trophée coupe de France. Il faudra d’abord disposer de Saint-Paul en demi-finale le 18 mai. Pour peut-être surfer sur cette vague de succès que le BCD a su chevaucher après avoir été dans son creux
Hervé Brelay
SPBB - BCD67-80
Au gymnase Nelson-Mandela. 900 spectateurs. Arbitres : MM M’Pota et Rouget. Mi-temps : 38-43. Quarts-temps : 28-23, 10-20, 16-16, 13-21. Sorti pour 5 fautes : Bitor 33’.
Saint-Pierre BB : Bitor (8 pts), Saïd (6), Loyalle (16), U. Payet (5), Aragot (6), F. Payet (-), Minatchy (9), Naria (-), Panchbaya (9), Mardaye (6). Entraîneur : Daniel Doro assisté de Roberto Joany.
BC Dionysien : Coindevel (12 pts), Biscou (14), Dubard (22), Diallo (18), Géréone (-), Clain (14), Saïbo, Hassani (-), Lebian (-). Entraîneur : Georges Assassa assisté de Bernard Hospital.