BURUNDI : Championnat national de basketball : quand le business prime sur le sport
Cibitoke a été, le 24 et 25 mai, le centre provincial le plus fréquenté en province. Hôte de la finale du championnat national de basketball, le rendez-vous aura été caractérisé par un manque d’infrastructures pour un tel événement.
Pour un non-averti, les arroseurs avec leur arsenal de bidons, bassins et autres balais humectant et balayant le sol après chaque quart-temps joué auraient fait penser à un tournoi de tennis … Sauf que le terrain de jeu n’était pas de sable, même si le ciment, posé la veille, était encore peu solide. Encore trop frileux.
On l’avait pourtant dit, avant les matches. Crié à maintes reprises, que cette province ne pouvait accueillir un événement de telle envergure (demi-finales et finales du second championnat le plus célébré au Burundi, après le football, au bas mot plus d’un millier de visiteurs à loger). Certains avaient même demandé au ministère de publier le rapport de la commission technique qui avait fait l’évaluation des infrastructures en place …
Il n’en fut rien, jusqu’à jeudi. Ce jour là, le ministre en personne tranquillisera les fans du ballon orange, en indiquant que tout allait se passer à Cibitoke : « Tout va bien. C’est d’ailleurs formidable de voir deux provinces qui se disputent l’organisation des rencontres sportives. » Pour tranquilliser ceux qui soutenaient une fin de championnat à Ngozi, le ministre leur promettait les play-offs, deux semaines après.
Le 25 mai, la grande finale masculine, qualifiée de choc de titans a opposé Urunani à New Star. Un classique qui s’est soldée par une victoire « toute autant classique » (50-45), chanteront les nombreux et motivés supporters d’Urunani. Du côté des dames, Berco Stars a battu les Gazelles après une finale très serrée, avec deux points de différence décrochés après la prolongation (55-53).
A l’issue du championnat, Elvis Hakizimana dit Gafyisi du club Urunani, et Inès Nezerwe de Berco Stars ont eu les honneurs de meilleurs marqueurs de la compétition. Tandis que le titre de meilleurs joueurs revient à Willy Nijimbere d’ Urunani et Florence Karume (Dada) de Berco Stars.
Samedi. Sur des terrains fraîchement retapés, les joueurs découvrent des sols qui crissent, glissent. Les ballons rebondissent avec une fine couche de poussière … que s’emploient à calmer les arroseurs.
Un peu plutôt, les journalistes cherchaient un gîte dans Cibitoke, pour entreposer le matériel et quelques effets personnels. « Excusez-nous messieurs, sachez avant d’entrer que votre chambre vient d’être peinte », s’entendront-ils dire. Coût d’une nuitée dans une chambre dont
les carreaux et la fenêtre ont été posés le matin : 10.000Fbu. « Soyez indulgents … nous avons su tardivement que la finale du championnat allait avoir lieu chez nous », répète à qui mieux-mieux l’hôtelier. Hélas ! Malgré la bonne volonté des hôtes, les chambres des hôtels seront insuffisantes pour les fans du ballon orange venus de tout le pays.
Ainsi, après les demi-finales de samedi, les joueurs de l’équipe Urunani ont dû revenir passer la nuit à Bujumbura pour aller livrer la finale le lendemain. Au delà des matches … les commerçants sur place ont profité à fond. Même aux eaux thermales de Ruhwa, jusque là gratuites, il fallait débourser 500Fbu pour se rendre dans la grande piscine. Restaurateurs, taximen (voiture, motos ou vélo), hôteliers, tous s’accordent sur le côté « rentable » du week-end.