CAMEROUN : Chrono - Soyons au rebond !
Par Emmanuel Gustave Samnick
Au moment où nous mettons sous presse, des fêtes grandioses et des de réjouissances populaires se poursuivent dans nos villes, à la gloire de l'équipe nationale de basket-ball masculin, méritoire vice-championne d'Afrique depuis samedi, 25 août dernier à Luanda à qui les vétérans de basket-ball de Yaoundé et le ministre des Sports et de l'Education physique avaient déjà rendu un vibrant hommage, respectivement lundi et mardi derniers.
C'est une reconnaissance spontanée qui nous touche au coeur!
Pour ceux qui ont regardé (sur une chaîne de télévision sénégalaise) la finale de la 24ème Coupe d'Afrique des nations de basket-ball, et qui ont remarqué que les Camerounais n'étaient pas si loin de réaliser l'exploit de remporter le titre africain devant les redoutables Angolais qui jouaient à domicile et devant leur chef d'Etat, l'aventure de ces "Lions indomptables de la balle orange" s'apparente à un conte de fées.
L'un des héros camerounais de Luanda, alors qu'il se rendait en Angola pour cette compétition, a eu le réflexe, à l'escale d'Addis-Abeba, de "biper" son père à Yaoundé. Quand ce dernier le rappelle pour lui demander ce qu'il fait à Addis-Abeba, le joueur, étudiant aux Etats-Unis, lui a répondu : "Papa, on n'est venu me chercher avant-hier pour me dire de me retrouver à l'aéroport. On part jouer la Can de basket à Luanda!" C'est ainsi que les futurs vice-champions d'Afrique ont été convoqués en sélection. Leur jeune entraîneur, Lazare Adingono, coach assistant dans un club universitaire américain, a, lui aussi, reçu un coup de fil de la Fédération camerounaise de basket-ball lui demandant de "donner un coup de main" à la sélection qualifiée pour la Can.
Et de coups de fil en coup de chance, un coup de pouce décisif du destin est venu se mêler à l'aventure: l'équipe du Cameroun, sans une préparation adéquate, s'est trouvée tout de même une douzaine de jeunes gens déterminés à jouer pour les couleurs de leur pays. Ils ont bien tenté, par des mouvements d'humeur, d'obtenir quelque chose des dirigeants, peu avant la finale et lors de la réception d'après compétition au Minsep. Mais il est clair que c'est leur amour du jeu et de la patrie qui a conduit cette bande talentueuse et joyeuse à une finale continentale inespérée.
Le basket-ball camerounais, qui était véritablement au creux de la vague ces derniers temps, revient ainsi au devant de la scène internationale 34 ans après la dernière finale continentale disputée à Lagos! Le bien est fait, l'exploit est consommé. Il faut à présent tirer profit de cette embellie subite.
D'abord, il faut définitivement admettre que les miracles ne sont pas faits pour être permanents. On l'a bien vu avec le football, dont les exploits des Lions indomptables ont masqué pendant deux décennies l'amateurisme et l'improvisation dans son organisation. Il ne faudrait donc pas s'attendre à un nouveau coup d'éclat de nos basketteurs avec un fonctionnement à la petite semaine.
Ensuite, tous les experts s'accordent à dire que le potentiel du Cameroun le prédestine à occuper dans un avenir proche la première place du podium africain de basket-ball. Le coach Adingono nous confiait encore qu'une bonne dizaine de grands joueurs évoluant aux Etats-Unis n'ont pas pu prendre part à cette Can 2007.
Et, côté infrastructures, l'avènement du complexe de Warda va inéluctablement faire du bien aux sports en salle dont le basket-ball local ; les pratiquants vont apprendre à jouer sur du plancher et non plus sur du ciment nu ou sur du goudron. Aux autorités nationales donc de saisir la balle de l'exploit de Luanda au bond, pour permettre à notre basket de se maintenir au sommet.
A ce propos, il y a eu un raté protocolaire à l'occasion de la Can 2007 qui mérite d'être souligné. On ne doute pas que le ministre des Sports du Cameroun a profité du match amical de football des Lions indomptables le 22 août dernier pour renforcer le partenariat avec la partie japonaise. Mais le gouvernement, très peu inventif sur le plan diplomatique, avait là l'opportunité de se faire représenter à un niveau respectable (ministre des Sports ou ministre des Affaires étrangères) à la finale de la Can de basket-ball 2007 qui était présidée par le chef de l'Etat angolais en personne. Une occasion manquée pour un régime qui clame qu'au Cameroun, "il n'y a pas de sport majeur, ni de sport mineur".
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