Les Lioncelles se sont envolé, ce matin, à destination de Maputo où se déroulera du 2 au 10 décembre la Can féminine des 20 ans et moins de basket-ball. Ainsi après 5 ans d’absence, la petite catégorie sénégalaise retrouve la haute compétition. Ousseynou Ndiaga Diop, l’entraîneur des juniors-filles, fait ici une petite évaluation de la préparation et place les ambitions sénégalaises dans le rendez-vous mozambicain.
Coach, quelle évaluation faites-vous des 20 jours de préparation avec votre groupe ?
Nous avons essayé d’améliorer, au plan physique, le groupe qui nous est arrivé après trois mois d’arrêt. Donc, il fallait, dans un premier temps, les remettre à leur niveau physique et technique. Ce que nous avons fait dans les 10 jours en externat avec la mise en place des défenses et attaques de base. C’est dans la deuxième phase que nous devions perfectionner tout cela en 10 jours, avec la possibilité de jouer quatre matches. Malheureusement, nous n’avons pas pu entrer à temps en regroupement, nous avons accusé trois jours de retard. Et aujourd’hui le programme, tel que conçu en amont, est inachevé. Il y a des choses que nous devrons compléter sur place à Maputo.
Quelles choses ?
Au plan de l’organisation du jeu, nous n’avons pas pu insister sur certaines phases de jeu, aussi bien en défense qu’en attaque, parce que nous avons perdu quelques séances qui auraient dû nous permettre de rejoindre Maputo avec une organisation complète. Néanmoins, nous sommes parvenus à mettre les filles dans le rythme de compétition grâce aux Maliennes qui sont venues parachever leur préparation à Dakar. Cela est une aubaine pour nous, si on sait qu’en dehors de deux filles (Néné Diamé et Ndèye Maguette Sarr), les autres n’ont jamais fait de compétitions internationales.
Est-ce que cela expliquerait les failles défensives notées en cours du jeu face au Mali, mardi ?
Absolument, il y a des gamines qui n’ont pas encore de culture aux plans collectif et tactique. Certaines ont des difficultés d’adaptation par rapport au système défensif que nous sommes en train de mettre en place. Elles ne repèrent pas trop tôt l’adversaire au niveau du décalage, de l’attaque où les responsabilités sont partagées. Parfois, elles sont hésitantes, mais cela va s’acquérir avec la compétition.
Au sortir de ces trois confrontations avec le Mali, pensez-vous disposer de filles qui sont au niveau ?
Elles ont tout à apprendre. Elles nous arrivent à l’état brut, mais déjà elles assimilent et s’efforcent de faire le jeu comme des grandes. Contre le Mali, qui a bouclé son mois de préparation, elles ont tenu la dragée haute. Au plan de l’attaque, l’équipe est restée constante, mais, en défense, elle s’est beaucoup améliorée, en perdant par un point (53-54) lors de la première rencontre et en gagnant les deux autres (53-46 ; 51-43). Cela signifie qu’elles sont au même niveau que les autres, puisque le Mali est champion d’Afrique en titre des 20 ans et moins. Les Maliennes ont participé à plusieurs Coupes du Monde en petite catégorie, donc le fait de jouer contre cette équipe constitue un révélateur de taille dans la préparation. Maintenant, il faut améliorer l’attaque de sorte à atteindre les 60 points. Si on le fait, on sera un rival sérieux à Maputo.
Quelles sont les forces et faiblesses de l’équipe ?
L’équipe est jeune, à part deux ou trois filles, elles n’ont pas gravité autour des équipes fanion. C’est une découverte pour elle et cela va continuer à Maputo où elles seront confrontées à la dure réalité de la haute compétition avec des objectifs immédiats et de gagne. C’est en ce sens que nous devons être très proche d’elles pour les aider à être égales à elles-mêmes et ne pas être tendues. Toutefois, le premier point fort de cette équipe, c’est sa jeunesse et si le travail continue avec des stages périodiques au retour de Maputo, nous aurons une base qui pourrait servir de relève sûre. Une relève se prépare en découvrant, à un âge très tendre, la compétition internationale par des voyages. C’est un raccourci pour accéder à l’élite. Mais cette jeunesse est aussi sa faiblesse. Le basket des jeunes est un jeu d’insouciance, elles ne sentent pas le danger. Elles peuvent gagner un match à l’arraché tout comme elles peuvent le dominer et le perdre à la fin. Ce sont des aléas des équipes de jeunes. L’essentiel, c’est de les laisser jouer, d’exprimer leurs personnalités avant d’entrer dans des contraintes technico-tactiques.
Dans le groupe, on note les présences de Néné Diamé (Mondialiste au Brésil avec les Lionnes A) et Ndèye Maguette Sarr (vice-championne d’Afrique avec les Lionnes A), qu’attendez-vous d’elles ?
(Catégorique) Elles doivent servir de locomotive. Il faut, par leur comportement en terre étrangère, par leur tenue dans le jeu et leur présence au plan de l’efficacité et du technico-tactique, qu’elles servent de leader. Jusqu’à présent, elles essaient de s’acquitter de cette tâche avec bonheur, mais la préparation n’est pas la compétition. Il faudrait qu’elles assument davantage ce rôle, ce n’est pas par hasard qu’elles sont les capitaines de l’équipe.
Quel est l’objectif du Sénégal dans cette compétition ?
Je ne parlerai pas en termes de participation ou de victoire, mais je dirais plutôt que nous avons franchi un grand pas. La participation des 20 ans et moins est une occasion pour le Sénégal de ne pas déclarer forfait en tout au plan africain : compétition de clubs, 18 ans garçons et filles. C’est une opportunité de sauver la saison africaine du Sénégal. De plus, quand on s’inscrit dans ce genre de tournoi, on s’inscrit dans la durée. Le premier objectif étant de former les jeunes à la haute compétition. Car depuis 2000, nous n’avons plus d’équipe en petite catégorie, là c’est une occasion d’en créer, mais pourvu que cela fasse tache d’huile. Maintenant, dans les compétitions de petite catégorie, on ne peut pas présager de ce qui va se passer. Tout dépend de l’environnement, parfois on annonce 12 équipes, mais au final, il n’y a que cinq nations (Ndlr : jusqu’à hier, seules cinq nations avaient confirmé leur participation : Mo-zambique, Sénégal, Afrique du Sud, Angola et Mali.) Par rapport à tout cela, le but est d’aller à la découverte du haut niveau et si l’opportunité de se hisser aux places prestigieuses s’offre à nous, nous le ferons. Au niveau des dirigeants, de la Dtn, nous avons des objectifs de participation, mais peut-être que les filles ont des objectifs de victoire après avoir accepté le stage et sacrifié des études.
Avez-vous une idée de l’environnement, est-ce que vous aurez le temps de vous acclimater ?
S’acclimater suppose passer un bon nombre de jours dans le pays hôte. Mais là, on y va à la découverte. Mais le premier adversaire reste le pays hôte, car toutes les conditions sont réunies pour faire que le pays gagne. Donc, il faut miser sur ses forces et ne pas chercher des alibis de départ.
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