10 mai 2014

REUNION : Saint-Pierre pierre par pierre


Après six ans d’attente et après un match d’appui parfaitement maîtrisé, Saint-Pierre est devenu dimanche champion de la Réunion, repartant de zéro après son dernier succès.
BASKET-BALL : RETOUR SUR LA FINALE
Il n’y avait qu’à lire sur les visages pour comprendre quelle énergie et quelle attente ils avaient concédé pour conquérir le titre. Que ce soit l’entraîneur Daniel Doro, en larmes, le président Camille Frédélisy, qui savourait, ou les joueurs, quasi habités, c’est tout le SPBB qui célébrait dimanche une libération dans son antre imprenable de Mandela après un succès sans appel lors du match d’appui (81-67). Le bout d’un long tunnel qu’ils ont remonté patiemment. Pour enfin être dans la lumière.
Le signe indien vaincu
Ils auraient pu en devenir fous ou baisser les bras, abattus par la fatalité. En finale trois années consécutivement, les Saint-Pierrois auront dû attendre le sixième match pour célébrer une victoire, lors du match retour face au BCD. Balayés alors que leur présence était une surprise en 2012 et dominés sans réagir l’an passé par le BCD. Une éternité qui traînait forcément dans les têtes, surtout après une nouvelle défaite en novembre en finale du Trophée coupe de France face au BCD alors que ce match leur tendait les mains. Les verrous ont sauté à Mandela, au retour, avec une victoire étriquée (79-75) après un match aller où ils avaient une nouvelle fois subi l'événement (69-59 à Champ Fleuri). Libérés d’un poids énorme, c’est avec une détermination et une régularité rarement vues tout du long que les Saint-Pierrois se sont imposés dimanche dernier, lors du match décisif (81-67). Presque sereinement, méthodiquement, ils ont concassé le BCD, toute l’équipe se mettant au niveau. Comme ils l’avaient fait en demi-finale dans de pareilles circonstances face à la Tamponnaise, il est vrai privée de son meneur Henri Lembé-Ndongué.
Un groupe qui s’est construit
Les basketteurs sont vraiment des chics types. Mais avec un caractère qui prend bien souvent autant de place que leur physique. Faire cohabiter dix ego dans un vestiaire en partageant les rôles et le ballon est délicat. Ce n’est pas une science exacte mais un subtil dosage. Le BCD et Georges Assassa l’avaient réussi l’an passé. Pour le meilleur avec un doublé Coupe de France-championnat. Ça a moins bien marché cette saison, la défaite mettant toujours plus en lumière les failles d’un collectif. Abandonnés par leur adresse, les Dionysiens n’ont pas su se souder dans ces moments cruciaux comme ils y étaient parvenus l’an passé. Les Saint-Pierrois ont eux réussi cette délicate alchimie. "Tout le monde veut manger le ballon, nous confiait après la victoire Daniel Doro. Des fois, ça va à la rupture." "Si on ne gagne pas, il peut y avoir des cassures", admettait Laurent Parata, samedi, avant la finale. Le titre a soudé tout le monde. Mais surtout, tout le monde a su se souder pour le titre. Cette équipe n’a eu de cesse de se renforcer avec les arrivées de Gilles Loyalle, Anli Souffou, Nelson Richardson ou encore les retours de Yannick Doro et Laurent Parata. Mais surtout d’accepter de se mettre au service du collectif, malgré des volontés personnelles parfois contraintes.
Le cas Alao
Le plus de ce groupe a évidemment été le Nigérian Solomon Alao. Par son apport statistique. Mais aussi par son apport psychologique, libérant ses partenaires de responsabilités devenues trop lourdes. Tirant tout le monde vers le haut. Arrivé en novembre après avoir été repéré à la CCCOI de Maurice alors qu’il jouait aux Seychelles, l’ailier a été contraint de repartir après l’expiration de son visa de trois mois. Avant de revenir, à la surprise générale, deux jours avant le match retour, un nouveau visa de six mois en poche. Il a été décisif lors de cette rencontre. Ça s’est moins vu dimanche dernier, où tous les Saint-Pierrois ont été monstrueux. Alao a ramené la lumière à Saint-Pierre. Et n’a pas fini de l’attirer, sa qualification faisant toujours l’objet d’un recours du BCD, l’estimant illégitime.
Hervé Brelay