REUNION : Saint-Pierre - Souffelweyersheim : Le miracle n’a pas eu lieu
La logique a été respectée hier soir à Mandela. Après avoir résisté à Souffelweyersheim pendant plus d’une mi-temps, Saint-Pierre a été éliminé (63-77) au stade des 32e de finale du Trophée Coupe de France par l’équipe alsacienne, leader de N2. Mais la fête fut belle.
Pour son premier match (de prestige) à la tête de Saint-Pierre - il a remplacé Jean-Phillippe Abrantés à la présidence du club la veille au soir -, André Ango a mis le paquet. “J’ai fait le pari avec les joueurs de remplir le gymnase”, souriait-il avant le match. Mais le charismatique “big boss” saint-pierrois a fait beaucoup mieux que de blinder les tribunes de Mandela, garnies d’un bon millier d’amoureux d’un soir (ou de toujours) du ballon orange. Tel un M. Loyal, André Ango a joué les speakers de choc, déplacé - et c’est une première - le KOP “Ultras 410” de la Saint-Pierroise (football) pour chauffer la salle, invité un groupe de maloya local (Okilé) à se produire à la mi-temps, distribué des t-shirts... Bref, M. Loyal a tenu son rang. Et son équipe a fait son cirque durant 25 minutes (-), avant de logiquement céder (63-77) sous les assauts appliqués des semi-pros de Souffelweyersheim, pas leaders de N2 pour rien. “La différence, c’est qu’ils ont des grands et que nous avons des petits. On saute pendant 40’ comme des chiens pour avoir les rebonds. Mais au bout d’un moment, eux ont toujours les centimètres mais nous plus la même rage. On ne peut pas lutter, on n’a pas les mêmes armes.” Le résumé du match est signé du meneur Laurent Tissier, aussi brillant dans son analyse que sur le taraflex de Mandela. C’est d’ailleurs lui qui a lancé les hostilités hier, d’un cross-over suivi d’un missile longue distance qui venait déjà porter l’écart à dix unités... après vingt secondes, grâce, bien sûr, au mini-matelas (+7) offert aux siens avant l’entre-deux. Rapidement, les Alsaciens, lancés par Bénard (deux tirs primés de rang) pointaient le bout de leur nez (12-11, 3e). Tranquillement en embuscade, les visiteurs font même le show : Appel laisse Dubard sur place ligne de fond et “claque” un dunk qui fait rugir de plaisir Mandela (18-14, 5e). Dominée au rebond, - la première prise (offensive) de Saint-Pierre, signée Panchbaya, arrive après 8’ -, la bande à Fred Robert a le mérite de résister, jouant sur ses forces, les pénétrations de Parata notamment.
“Un échange culturel”
Mais déjà, on comprend que la partie s’annonce ardue pour les locaux, “mangés” sous l’arceau (10 rebonds à 18 à la pause) par les centimètres de Kancel and co. Une première fois, “Souffel” recolle (36-36, 17e). Décolle même, dans la foulée sur un énième rebond offensif de Kancel (36-38). Ça y est, Saint-Pierre est dos au mur. Ne pas lâcher, voilà le mot d’ordre. Les Sudistes font mieux. Landry sort du banc et remet, à l’énergie, ses potes sur les bons rails (41-38, 19e). À la pause, Mandela sourit. 41-40. L’exploit ? Pourquoi pas ? D’autant que Tissier remet le couvert à la sortie des vestiaires. Encore animé par les vibrations du maloya, le métronome est au caviar pour Landry ou à l’artillerie lourde, avec deux missiles à 6,25 m (49-45, 24e). Mais “Souffel” est serein. Et pour la troisième fois, “Souffel” revient (49-49). Temps-mort. Fred Robert sent le danger mais ne peut l’éviter. En 20 secondes, les Alsaciens se font la malle, par Kancel et Gacko (49-53, 26e). Jusqu’alors maladroit, Dubard enchaîne un airball et une brique à 6,25 m. “Souffel” en profite pour appuyer sur le champignon (49-58, 27e). Et si derrière, les visiteurs ne font pas le trou ni le show - la faute à la chaleur, sûrement -, ils assurent en défense : repli défensif impeccable, bras (tentacules, plutôt) levés. Panchbaya rallume la flamme derrière l’arc (52-28, 30e), Appel laisse ses partenaires après que sa cheville droite ait cédé sur une offensive adverse, mais le ressort est cassé. Inlassablement, l’étau se resserre sur Saint-Pierre. Scénario classique : le “petit” a fait mieux que résister au “grand”, mais le “petit” a perdu. Sans prendre de volée comme l’an dernier à Caen. Voilà, sans doute, le plus important. Saint-Pierre peut sortir la tête haute, la domination alsacienne ne fut pas outrancière, comme le prouve ce dunk manqué par “Big Shaq Daddy” Kancel, gentiment chahuté par le public de Mandela, à quelques secondes de la sirène. “Pour une équipe des îles, c’était une bonne équipe en face de nous. Malgré leur taille, ils se sont battus, ils nous ont proposé une grosse zone. On a eu du mal à les battre. On les félicite”, lâchait Amadou Gacko après coup. Au moins, si les Alsaciens n’ont pas eu les créneaux d’entraînement escomptés pour préparer ce 32e, ils en ont profité pour visiter l’île. “Avant tout, ce qu’on voulait, c’est un échange culturel. Humainement, c’était génial, je reviendrai pour les vacances”, promet le sympathique intérieur sénégalais. “On voulait se faire plaisir et ne pas prendre une raclée”, ajoute Tissier. “On a démontré ce soir à tout le monde qu’on savait jouer au basket. Le devoir a été accompli. Ça nous fait une bonne préparation pour la Poule des As. C’est positif pour la suite.” Tout le monde est content, finalement. Pari tenu, M. Loyal.
-Entorse pour Appel
C’est allongé sur le sol de Mandela que Romain Appel a assisté à la fin de rencontre. Touché à la cheville droite à la 30e minute sur une pénétration de Dubard, l’ailier de “Souffel” craint une grosse entorse de la cheville droite. “Ma cheville a été prise en sandwich entre deux joueurs. Elle est restée bloquée au sol quand j’ai été bousculé. Elle a craqué.” Les ligaments sont-ils touchés ? “On va attendre demain. Si elle ne gonfle pas, c’est beaucoup plus grave qu’une entorse”, soupire le scoreur alsacien. “C’était rugueux, très physique, je ne m’attendais pas à ça. C’est un peu dommage.”
Fiche technique
Au gymnase Nelson Mandela. Saint-Pierre BB (R1, +7) - BC Souffelweyersheim (N2) : 63-77 (20-21, 21-19, 13-18, 9-19). Spectateurs : 1 000 environ. Arbitres : MM. F. Bezanger et F. Lauret. Fautes : 21 pour Saint-Pierre ; 17 pour Souffelweyersheim. Rebonds : 20 pour Saint-Pierre ; 3 pour Souffelweyersheim.
- Saint-Pierre BB : L. Tissier 14 pts (dont quatre 3 pts), A. Dubard 4, L. Parata 8, J. Minatchy 4, I. Panchbaya (cap.) 8 (dont deux 3 pts) puis J. Séry 9 (dont un 3 pts), D. Landry 9, O. Chane-Ky 0, L. Aragot 0, J. Clain 0. Entr. : Fred Robert.
- BC Souffelweyersheim : L. Kayser 1 pt, R. Appel 14 (dont deux 3 pts), M. Bénard 10 (dont deux 3 pts), T. Traineau 7, S. Kancel (cap.) 20 puis J. Invernizzi 9, A. Gacko 10, J. Velten 3 (dont un 3 pts), G. Obernesser 2, V. Laforce (n’a pas joué). Entr. : Stéphane Eberlin.
François-Xavier Rougeot
- Fred Robert (entraîneur du Saint-Pierre BB) : “La leçon de ce soir, c’est qu’on a manqué d’expérience sur la gestion du ballon dans le money-time. Mais je suis hyper fier de mes gars. La plus belle des victoires, c’est celle qu’on remporte sur soi-même. Ce soir, les gars se sont faits violence. Peut-être avons-nous été trop rugueux. Si nous les avons blessés, je m’en excuse, ça n’était pas notre volonté. Nous avons essayé de compenser de notre manque de mobilité défensive comme nous avons pu. Désolé si on a été parfois un peu “limites”.
- Stéphane Eberlin (entraîneur du BC Souffelweyersheim) : “On paye trop chère cette victoire (blessure d’Appel), j’aurais préféré perdre. Ils peuvent être rugueux, ce n’est pas le souci, mais qu’ils soient propres ! Le 7 (Dubard) et le 9 (Minatchy) ne sont pas des joueurs propres. On savait qu’ils allaient fermer la raquette. Ils ont fait “zone”, on a eu du mal à trouver nos intérieurs en première mi-temps, on a limité la casse. On les a trouvés en deuxième mi-temps et le match était fini. Nous sommes passés au-dessus physiquement.”
- Marc Bénard (ailier de Souffelweyersheim) : “Notre premier ennemi, c’était la chaleur. On savait que les locaux seraient habitués. Il fallait juste qu’on développe notre jeu et qu’on l’impose ensuite, ce qui s’est passé. On est parvenus à rester constants, c’est ce qui fait notre force, même en championnat. On voit qu’en face, certains ont du vécu. S’ils avaient eu plus de taille, avec la même intensité, on aurait peut-être dû “bûcher” un peu plus.”
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