REUNION : Face à leur Everest
Saint-Pierre a l’occasion d’écrire une des plus belles pages de l’histoire du basket réunionnais ce soir à Mandela, en 32e de finale du Trophée Coupe de France. Mais l’obstacle, Souffelweyersheim, leader de la poule D de N2, est de taille...
C’est David contre Goliath. D’un côté, Saint-Pierre, champion en titre de Régionale 1, représentant d’une ville de 70.000 habitants. De l’autre, le leader de la poule D de N2, club phare d’une petite bourgade de 6.000 âmes, nichée au cœur de l’Alsace. Cherchez l’erreur. Sur le taraflex de Mandela, l’ogre sera “Souffel”. Taille (4 joueurs à 2m ou plus), adresse (les ailiers Appel et Bénard), expérience, culture de la gagne depuis deux saisons, le club alsacien a les cartes en main pour réduire en miette “fissa” l’écart initial (+7) offert à Saint-Pierre. Mais voilà, Coupe rime souvent avec suspense. Et surprises, parfois. Pour les Saint-Pierrois, qui recevront là une équipe métropolitaine pour la première fois de leur histoire, les chances de victoires sont minimes. “1 sur 4 ou 1 sur 5”, selon leur entraîneur Fred Robert. “On ne va pas se poser de questions”, assure Ibrahim Panchbaya. “Apparemment, c’est très costaud en face. On va faire avec ! Il faut jouer le coup à fond, on ne veut pas se mettre de pression.” Habitué à imposer sa puissance en R1, Saint-Pierre devra résister au défi physique de “Souffel”. Ça s’annonce difficile : là où les Alsaciens ont repris studieusement (4 victoires) les joutes de N2 en 2008, les Sudistes n’ont eu qu’un court mois et trois matches amicaux - victoires logiques contre Saint-Leu (79-43) et le Tampon 2 (76-69), défaite plus inquiétante face au BCD (-21, 84-63) - pour préparer l’échéance.
“Pas de suffisance chez nous”
Et ce n’est pas le léger manque d’entraînement des visiteurs, qui n’ont pas obtenu le créneau escompté hier - “ça m’ennuie un peu, j’avais demandé (aux dirigeants Saint-Pierrois) jeudi, vendredi et samedi. On s’adapte”, indique Stéphane Eberlin -, qui va changer significativement la donne. Ce matin, le coach alsacien a d’ailleurs pu diriger sa deuxième séance en trois jours à Mandela. Il ne faut pas non plus aller chercher du côté de l’excès de confiance. “Souffel”, qui luttait encore en N3 il y a 4 ans, a façonné son ascension sportive sur les valeurs de travail et de sérieux. “Il n’y a pas de suffisance ni d’a priori chez nous”, assure Eberlin. “Les gars prennent tous les matches sérieusement. Et notre marge n’est pas énorme non plus. On ne peut pas se permettre de venir et de faire les fanfarons.” Demandez à Illfurth, modeste club alsacien de Promotion excellence, balayé (61-90) au tour précédent, malgré son bonus de +20. Où chercher, alors ? Du côté du vécu, sûrement. Pour la plupart d’entre eux, les Saint-Pierrois ont déjà connu ce type de rencontre, que ce soit lors du stage à Nantes avec la sélection (Parata, Minatchy, Panchbaya...) où ils ont retrouvé leur pote Julio Samy, ou encore l’an dernier à Caen, lourde défaite à l’arrivée. “On les avait tenus une mi-temps. Après, ils avaient déboulé”, se souvient Panchbaya. Le Tampon, battu d’un point par l’Étoile d’Or d’Angers (N2) il y a deux ans à l’Espace basket, a prouvé que l’exploit était réalisable. Saint-Pierre pourra compter sur le soutien de son public, qui devrait blinder les tribunes de Mandela, mais aussi et surtout sur sa capacité à faire face à l’adversité. Les Saint-Pierrois l’ont déjà prouvé par le passé, c’est dos au mur qu’ils sont les meilleurs. En l’occurrence, avec “Souffel”, c’est d’une muraille qu’il s’agit.
François-Xavier Rougeot
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