09 novembre 2007

REUNION : Le Port dans le creux de la vague

Éblouissant en début de saison, le CS Portois (5e) marque le pas actuellement. Les joueurs de Jean-Hugues Banor refusent pourtant de céder à l’alarmisme. En attendant des jours meilleurs.

Il est bien loin, ce 29 septembre où la jeunesse portoise avait failli s’offrir le scalp du leader saint-pierrois sur le parquet de Cotur. Pépins physiques, baisse de motivation, manque d’expérience... Les raisons sont nombreuses pour expliquer le passage à vide (trois défaites consécutives) dans lequel est plongé le Port. Éjectées du top 4 depuis leur déconvenue (60-92) face au BCD samedi dernier, les troupes (ce qu’il en reste...) de Jean-Hugues Banor croient néanmoins toujours - et c’est légitime au vu de leur potentiel - à une qualification pour la Poule des As. Première étape : franchir l’obstacle saint-paulois, ce soir. Condition sine qua none pour espérer un éventuel retour au premier plan.

- Des absences en pagailles

“En ce moment, on est 8 à l’entraînement.” En une phrase, Jean-Hugues Banor résume le mal qui ronge les Portois depuis des semaines. Entre blessés et travailleurs du vendredi soir, le coach du CSP a bien du mal à bâtir un groupe compétitif. Hier, il énumérait : “Cyril (Gauthier) a participé hier (mercredi) à sa première séance depuis sa blessure aux quadriceps contre le Tampon, mais ce n’est pas ça. Demain (ce soir), il fera son retour, mais sur le banc. Newasse (Abasse Cheikh) a reçu un coup de coude à l’arcade sourcilière face au BCD, il ne sera pas là. Anthony (Son Houi) a le pouce tout bleu depuis le BCD, je n’ai pas de nouvelles. Chakir (Hamadi) souffre du poignet (de la paumette, aussi) et Alexandre (Van Walscappel) ne sera peut-être pas disponible demain (ce soir) à cause de son travail.” N’en jetez plus ! À l’heure actuelle, les Portois n’ont pas les armes pour lutter avec la concurrence. Même le duel de ce soir face à Saint-Paul, revigoré par son premier succès de la saison lundi dernier à Saint-André, sonne comme un match piège. “C’est la galère. Depuis le match contre le Tampon, je récupère des blessés alors que l’infirmerie était vide. Il faut passer le cap”, soupire Banor. Pour Serge Pascual, le CSP est en train de payer les efforts déployés en septembre (7 matches entre le 31 août et le 4 octobre). “Le mois de septembre a été très intense au niveau basket. On marque le pas physiquement. Mais j’ai confiance, on va se relancer”, confie l’ailier portois.

- Une arme moins fatale

Il était l’attraction du début de saison. L’arme fatale du Port, aussi. Mais l’effet de surprise est passé. Matthieu Géréone est désormais l’homme à neutraliser. Il a bien senti la pression monter sur ses (hautes) épaules ces derniers temps. “C’est clair, je me fais plus bousculer qu’en début de saison”, rigole le géant portois (2,05 m), qui ne s’étonne plus des prises à 2 à répétition. “Je ne prends pas de coups, mais ça pousse, ça se resserre autour de moi.” En l’espace de deux confrontations successives, les Saint-pierrois ont montré les premiers la voie à suivre pour contourner le problème... de taille que représente Géréone. Omniprésent sous le cercle (notamment au rebond offensif) lors du quasi-exploit des Portois le 29 septembre (défaite 73-80 a.p.), le pivot portois s’est vu stoppé net - avec 3 fautes en 15 minutes, il a été contraint de rejoindre le banc de touche - par la ruse adverse (de Minatchy, notamment) lors du second match, en demi-finale du Trophée Coupe de France le 4 octobre (défaite 50-78). Récemment, les Aiglons et le BCD ne se sont pas privés de faire disjoncter le jeune homme (18 ans), encore trop tendre, voire parfois naïf. “Il a peut-être aussi une baisse de régime. À lui de se relancer. Il faut qu’il tienne son rôle malgré son âge”, appuie Pascual. “Il faut que je m’adapte, je dois jouer plus malin”, admet l’intéressé. Il sera alors difficile de franchir la muraille portoise.

- Un effectif jeune

Avec une moyenne d’âge proche de 20 ans, le Port a les avantages et les inconvénients de sa jeunesse : fraîcheur, vivacité et insouciance d’un côté, friabilité mentale, impulsivité et déficit d’expérience de l’autre. Le premier triptyque, en lumière en début de saison, a cédé sa place au second depuis un mois. Depuis leur coup d’éclat face à Saint-Pierre - qui les a probablement grisés, d’ailleurs -, les jeunes loups se sont métamorphosés en... petit chaperon rouge, d’abord trop généreux face à Saint-Leu (victoire à l’arraché 77-72 a.p.) et aux Aiglons (défaite 94-90), puis récemment dévoré par le Tampon (97-46) et le BCD (60-92). “J’ai une des plus jeunes équipes de l’île”, constate Jean-Hugues Banor. “À l’entraînement, je vois que les gars n’ont pas trop le moral. C’est la grisaille, mais on espère que ça va aller.” “Il y a un gros relâchement dans l’équipe ces derniers temps”, renchérit Vincent Aure (20 ans). “On manque d’expérience. Le match perdu bêtement contre les Aiglons me reste en travers de la gorge”, ajoute le costaud ailier-fort du CSP, qui se veut néanmoins confiant. “Le Port n’est pas mort, on va le prouver demain (aujourd’hui).” Car le potentiel est là, c’est indéniable. Et si l’idée d’une qualification pour la Poule des As s’est éloignée au gré des contre-performances, elle n’a rien d’utopique. Banor compte notamment sur son ailier et capitaine Serge Pascual (31 ans), “doyen” de l’équipe (avec Stéphane Huet), pour montrer aux minots la marche à suivre. “Serge a du métier, c’est un meneur d’hommes.” “J’essaye de donner des conseils”, indique l’intéressé, qui reprend : “On aurait pu se mettre à l’abri en battant Saint-Pierre ou les Aiglons. Maintenant, nos jokers sont grillés. On connaît notre objectif, on n’a plus le droit à l’erreur.” Parole de capitaine.

François-Xavier Rougeot