REUNION : Ils font revivre les Bulls

Leaders de R2, les Chaudronnais défient le BCD ce soir à Champ-Fleuri, en demi-finale du Trophée Coupe de France. Un derby inédit qui ravive les souvenirs des Bulls du Chaudron, qui ont tenu le haut de l’affiche dans les années 90.

Les Bulls du Chaudron. Une équipe d’un autre siècle. Du 20e, exactement. Aujourd’hui, elle revit sous les sneakers des basketteurs du Chaudron, leader de R2. Le fameux taureau rouge peint sur le rond central du terrain du Mail n’existe plus - l’usure du temps, dit-on -, mais une âme émane encore de ce club, créé en 1993 par le père de Jean-Philippe Tailleman et devenu mythe local depuis sa disparition prématurée (problèmes d’encadrement, manque de soutien financier...) à la fin des années 90. “Franchement, tout un quartier est content que le Chaudron revive au niveau basket”, explique, presque soulagé, Cyrille Tiber, le président du CBC. “Personnellement, je suis issu du BCD, je n’ai pas connu les Bulls. Mais je sens que dans leur cœur, les gars veulent faire parler du Chaudron”, ajoute l’un de ceux qui a relancé, en 2006, le 3e club dionysien de la hiérarchie derrière le BCD et les Aiglons d’Orient. Ils sont plusieurs (“Jésus” Saïbo, “Le Français” Payet...), dans ce groupe taillé pour la R1, à avoir porté le jersey des Bulls. Que ce soit en seniors, aux côtés du meneur Pascal Mada (ex-Pro B) et du géant américain Lex Fagen, pivot blanc de 2m “recruté” pour muscler la raquette, ou au sein de la fameuse équipe de cadets, où figuraient notamment Jean-Philippe Tailleman (Aix-Maurienne, Pro B) et l’ailier tamponnais Gilles Chane Kee.

Bulls-Rigaudeau, mariage d’un jour

Durant “2-3 ans”, Fabrice Planté a connu les Bulls. “J’ai fait toute ma carrière au Port. J’étais venu faire un break chez les Bulls. On avait une équipe pour gagner, mais il y avait un problème d’ambiance entre l’entraîneur (Pascal Rivière) et certains joueurs”, raconte l’ailier chaudronnais, qui à 36 ans, n’a rien perdu de sa terrible adresse au shoot. Laurent Dreyfuss, entraîneur-joueur à Saint-Leu, a croisé les Bulls version 2007-2008 en quarts de finale à Champ Fleuri. Bilan : une lourde défaite (comme Saint-Paul en 8e) 110-71 au terme d’un match engagé. De l’engagement, il y en avait déjà du temps où l’ex-intérieur tamponnais venait se frotter aux Bulls version old school sur le bitume du Mail. “C’était une équipe qui émergeait dans un quartier difficile. Ça a provoqué une émulation. Il y avait toutes sortes de joueurs, un groupe assez hétéroclite. Autour, le public était extrêmement chaud. Parfois, le contexte était hostile.” Dreyfuss évoque aussi ce match amical Bulls-Tampon, avec en vedette, non pas Michael Jordan mais Antoine Rigaudeau, Bull d’un jour. “C’était en 1994 ou 1995. Rigaudeau était en voyage de noces à la Réunion.” Mené par “le Roi”, déjà cadre de l’équipe de France, le Chaudron l’avait emporté. “On avait pour consigne de ne pas le blesser”, se souvient Dreyfuss. De fait, les souvenirs affluent lorsqu’on évoque les Bulls. “J’ai joué en cadets contre eux”, se souvient Kay Botterman. “C’était quand même du beau basket. Il y a eu un très bon cru en jeunes.” L’ailier du BCD trépigne d’impatience à l’idée d’en découdre ce soir avec un adversaire qu’il connaît sur le bout des doigts. “Il y a deux générations qui jouent ensemble et qui se connaissent très bien. C’est une équipe à ne pas sous-estimer. Ils en veulent.” Car le derby de la soirée s’annonce chaud. Botterman parle de “retrouvailles”, Planté promet “un match très défensif. On se connaît tous. Le premier qui va craquer va perdre.” “C’est vrai que ça va être musclé”, reconnaît Tiber, qui balaye l’idée d’une quelconque rivalité entre le BCD et le CBC. “On respecte le BCD par rapport à la hiérarchie. Ce sera notre premier vrai test et même notre plus gros match de la saison.” Au Chaudron, on est déjà fier du chemin parcouru en une saison et demi : une accession en R2, un sans-faute en championnat cette saison et ce joli parcours en Coupe. “Je crois que jamais un club de R2 n’a accédé aux demi-finales de Coupe de France”, avance Cyrille Tiber. Mais l’équipe de Gilbert Pouzet ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. L’avenir proche devrait permettre aux Dionysiens de décrocher leur billet pour la R1. Avant cela même, peut-être, une place pour la finale de Coupe de France. L’avenir lointain, lui, dira si le Chaudron pourra cette fois perdurer dans le paysage du ballon orange. “C’est une très bonne idée et pour le Chaudron et pour le basket d’avoir recréé cette équipe”, appuie Botterman. “J’espère qu’on va les aider parce qu’ils n’ont pas trop d’infrastructures. Ça en vaut la peine.”

François-Xavier Rougeot

LES DEMI-FINALES • Ce soir à 20h30 Chaudron BC (R2, +7) - BC Dionysien : Champ-Fleuri

• Demain à 20h30 CS Portois - Saint-Pierre BB : Gymnase Cotur

Bagarre Clain-Rivière : le verdict demain La commission de discipline se réunit demain soir dès 18h30 dans les bureaux de la Ligue pour statuer sur la rixe qui a opposé Bertrand Rivière à Alexandre Clain lors du derby entre les Aiglons d’Orient et le BCD, le 15 septembre dernier. Depuis ce jour, les deux antagonistes étaient suspendus à titre provisoire.

Condoléances La mère de Jean-Raymond Oinda, joueur du Chaudron, est décédée samedi à l’âge de 51 ans. La rédaction sportive du JIR ainsi que tous les membres du Chaudron BC tiennent à adresser leurs condoléances à Jean-Raymond ainsi qu’à sa famille.

ASSASSA : "UN ENJEU DE SUPRÉMATIE LOCALE" Le derby dionysien de ce soir représente un deuxième choc consécutif pour le BCD de Georges Assassa, qui a raté son test-match samedi soir au Tampon (86-61). “On est resté à dix longueurs pendant trois quart-temps. À un moment, on est même revenu à cinq points. Mais dans le quatrième quart, les six joueurs que j’ai beaucoup utilisés jusque-là étaient fatigués. Eux avaient encore des ressources pour aller de l’avant”, témoigne l’entraîneur bécédien. L’adjoint de... Miguel Ramirez en sélection en profite pour remettre les pendules à l’heure. “C’était un test pour nous, on n’est pas encore prêts. Il n’y a pas trop à crier que le BCD peut aller gagner le titre, il y a encore de la route à faire. Il faut rester humbles.” Il sera aussi question d’humilité face au cador de la R2, ce soir. D’autant que Clain (suspendu), Sinama (adducteurs) et Fontaine (poignet cassé) ne participeront pas aux retrouvailles. “Qui dit retrouvailles dit aussi, sachant que le Chaudron veut jouer en R1 la saison prochaine, vouloir prendre l’ascendant sur nous et le leadership de Saint-Denis. Les Aiglons ayant un passage à vide, s’ils gagnent contre nous, ça deviendra l’équipe d’avenir de Saint-Denis. Il y a un petit enjeu de suprématie locale”, estime Assassa. Le bonus de sept points accordé aux Chaudronnais sera un sacré avantage dans un match si équilibré. “C’est une petite cagnotte pour eux”, admet Assassa. 7-0, balle au centre.

F-X. R.