SENEGAL : ALIOUNE BADARA DIAGNE - PRESIDENT DE LA FEDERATION : 'Je ne démissionne pas'
L'échec du Sénégal au dernier championnat d'Afrique de basket, il en fait son tas. Le président de la fédération sénégalaise se veut un homme qui s'assume pleinement. Quelle que soit la gravité du moment. Ainsi, face à la presse, hier, tirant le bilan de la participation des "Lions" au rendez-vous angolais, Alioune Badara Diagne a reconnu que le Sénégal a subi "un camouflet" et que l'instance qu'il dirige en assume l'entière responsabilité. Cependant, avec un clin d'oeil au prochain championnat féminin (Sénégal, du 21 au 29 septembre), le président de la fédé estime qu'une démission de son Èquipe serait "un acte de lâcheté", qu'il écarte de facto.
ALEXIS DACOSTA Walf Sports
"L'équipe n'était pas performante"
"Nous reconnaissons que le résultat n'est pas bon. Il était même catastrophique. C'est l'un des pires résultats que le basket sénégalais a enregistrés. Maintenant, si on se situe dans le cadre purement sportif, il faut voir que les meilleurs tombent parfois dans des situations que personne ne peut prévoir. La Can d'Angola a été celle de tous les paradoxes. Avec le Sénégal qui ne se qualifie pas au second tour, le Nigeria éliminé dès les quarts. Toutes les équipes attendues ne sont pas arrivées au bout du rouleau. Il n'y a que l'Angola qui a réalisé une bonne Can par rapport aux favoris. Toutefois, ce n'est pas une excuse. Il faut éviter ce qu'on appelle des épiphénomènes pour expliquer une défaite. Nous avons été battus régulièrement par nos adversaires. Nous n'avons aucun prétexte à avancer de quoi que ce soit. Le Sénégal a été logé à la même enseigne que toutes les équipes. Les péripéties connues en Angola l'ont été pour toutes les autres équipes. Il n'y a jamais eu d'erreurs d'arbitrage. Nous ne nous réfugions derrière aucun alibi. Nous avons été battus parce que nous n'étions pas performants, nous n'avons pas été bons. L'équipe a fait de mauvais matches. Elle était méconnaissable collectivement et individuellement. Ainsi nous n'avons eu que le résultat que nous méritions".
"La fédération assume"
"Nous réitérons nos excuses au public sportif sénégalais. Nous pensons qu'il s'agit là d'une contre-performance. Du coup, la fédération assume toutes ses responsabilités de cet échec. Et nous tirerons les conclusions de cette campagne. Nous avons voulu vider le dossier et tirer les premiers enseignements. Il reste entendu que nous ferons une évaluation technique quand nous aurons reçu tous les rapports. Et, ultérieurement, après la Can des filles, nous nous prononcerons globalement sur les mesures à prendre pour redresser tout ça. D'ores et déjà, nous avons des pistes de réflexion".
"Pourquoi dois-je démissionner ?"
"Ce n'est pas parce qu'on a subi un camouflet dans un championnat d'Afrique que le bureau de la fédération doit démissionner. Aujourd'hui, le faire serait pour moi un acte de lâcheté. Car choisir de partir, à 20 jours de la tenue de la Can féminine dans notre pays, alors qu'on a été éliminé logiquement, serait une fuite en avant. C'est à nous d'apprécier le moment venu. Ce ne sont pas des injonctions de journalistes qui nous ferons craquer. Je ne démissionne pas. Cela n'est pas à l'ordre du jour. Et je ne vois pas pourquoi je devrais le faire. Nous avions des objectifs depuis 2005. La plupart sont atteints et d'autres non. 100% de rÈussite n'existe nulle part".
"La préparation était moyenne"
"Il est vrai que la préparation n'a pas été celle que nous souhaitions. Elle devait se faire en trois phases : une première à Dallas (Etats-Unis) sur recommandation de l'entraîneur Sam Vincent et du manager général Amadou Gallo Fall. Mais cette partie n'a pas été la meilleure possible parce qu'on n'a pas pu regrouper tous les internationaux pressentis. Nous étions obligés de nous rabattre sur des universitaires. Ce problème s'explique par le fait qu'on était à Dallas à une période où il y avait la Summer-league et certains joueurs étaient plus préoccupés par leur carrière personnelle. On a eu aussi des joueurs qui étaient avec nous avant de nous quitter sans donner d'explications. Après, nous sommes revenus au Sénégal pour aller à Tunis. Nous avons raté le tournoi de Tunisie, mais on s'est rattrapé avec un match. Et l'on a fini avec le camp d'Italie où la situation était plus stable. Par ailleurs, je mets de côté les difficultés rencontrées pour l'obtention des visas car, nous n'avons aucune emprise sur les ambassades. Nous ne pouvons rien faire à ce niveau. D'autant qu'on ne peut pas anticiper sur cela. On ne peut demander un visa tant que le technicien n'a pas publié sa liste, tant que nous n'avons pas les billets. L'administratif qui suit ce dossier est obligé de considérer ces paramètres. Donc, de manière générale, nous jugeons que la préparation était moyenne. Mais c'est le moins important car, des équipes ont gagné sans s'être préparées. Le Cap-Vert n'est jamais sorti du pays pour se préparer. C'est pareil pour le Cameroun. Il faut aussi dire que les préparations aux Etats-Unis nous causent énormément de problèmes.ª
"L'expérience Sam Vincent a été un échec"
"Le recrutement d'un coach étranger était une demande formulée par la famille du basket lors des assises de 2004. Et quand je suis arrivé en 2005, c'est la première des choses que j'ai appliquée. La premiére opération a été faite avec Abdourahmane Ndiaye "Adidas" (qui sera limogé, ndlr) puis avec Sam Vincent. Ainsi, l'expérience Sam Vincent a été un échec. Il faut rappeler que nous étions amenés à le prendre sur la base de son palmarès. Il est reconnu que c'est un entraîneur de très haut niveau. Cela, personne ne peut le contester. Entre temps, il a été promu head coach de Charlotte Bobcats et il n'a pas eu le temps de faire le travail pour lequel il a été engagé. Et la responsabilité fédérale, dans ce cas, est de n'avoir pas anticipé sur son indisponibilité. Nous avons toujours pensé que cela ne pouvait pas poser de problème. Maintenant, dès l'instant qu'il n'était pas à la phase ultime en Angola, pour moi, il n'a pas rempli ses obligations. Même Gallo Fall était surpris de la non-présence de Sam, qui n'a donné ses raisons ni à Gallo ni à nous. Donc, on ne peut pas justifier son absence. On ne fait que constater"
"Sam a rompu son contrat de lui-même"
"Il était dit que Sam Vincent devait, après la Can masculine, collaborer avec le staff technique des "Lionnes". Mais du moment quíil n'a pas respecté le premier engagement, il ne sera pas à Dakar pour apporter son aide à Magatte Diop. Dans la mesure où il n'est plus le coach du Sénégal. Et aujourd'hui, la fédération, dès l'instant où Sam Vincent ne s'est pas présenté en Angola pour coacher l'équipe, il a rompu de lui-même le contrat qui nous liait. Parce que nous étions dans le cadre d'un contrat de type synallagmatique. C'est-à-dire, le non-respect des termes d'accord de l'une des parties entraîne immédiatement la rupture du contrat. Donc, il n'y a même pas une nécessité, au plan juridique, de résilier le contrat. Cela s'est fait automatiquement."
"Ni Sam ni le ministère n'ont respecté leurs engagements"
"Il faut rappeler que le contrat a été signé fin mai avec l'accord du ministre. Et ce dernier était chargé de veiller à l'exécution du contrat dans sa partie financière. J'ai adressé une correspondance au ministre, le 13 juillet, dans laquelle je lui transmettais officiellement le contrat de Sam Vincent. Et en lui demandant que les incidences financières soient mises en application. Je signale qu'il était prévu qu'on lui verse 15 000 dollars (7,5 millions Cfa) à la signature, 30 000 dollars à mi-parcours de la préparation et le reste, 5000 dollars (2,5 millions Cfa), une fois en Angola. Nous avions l'accord du ministère. Sam Vincent devait venir avec un coach assistant, un prÈparateur physique et un spécialiste de vidéo projection. C'est tout ce monde qui valait 50 000 dollars (25 millions francs Cfa). Selon les informations qui me sont parvenues, le ministère des Sports n'aurait pas versé de l'argent à Sam Vincent. Mais, aujourd'hui, après recul, il est heureux qu'il en soit ainsi. Parce que, si on lui avait versé de l'argent, on serait dans une situation délicate. C'est vrai qu'aucune des parties n'a respecté ses engagements. Néanmoins, rien n'empêchait Sam Vincent de venir. D'autant qu'il y avait une caution morale entre lui et Gallo Fall."
"Rien ne nous liait aux collaborateurs de Sam Vincent"
"La question (des collaborateurs de Sam Vincent) nous a beaucoup préoccupés. Car les collaborateurs de Sam Vincent ont travaillé avec l'équipe du Sénégal pendant la préparation et la Can. Mais nous n'avions aucun contrat avec ces gens. Ce que nous savons, c'est que Coleman Crawford (coach principal des "Lions" toute la Can, ndlr) avait conclu un accord avec Sam Vincent, non avec nous. Les autres membres du groupe n'étaient liÈs ni à Sam ni à la fédé. Ils étaient là dans le cadre d'un deal avec le club de Dallas Mavericks."
"Certains joueurs ne seront plus convoqués en sélection"
"Nous allons prendre nos responsabilités sur le cas des joueurs non disponibles pour l'équipe nationale. En tout cas, il y a des joueurs sur lesquels, selon moi, il faut faire une croix. Car on ne peut plus compter sur eux. Je ne vais pas citer des noms. Nous nous connaissons très bien. On sait avec qui nous avons parlé. Ceux qui avaient donné leur accord. Et líon connaît les contraintes des uns et des autres. Ainsi, nous dirons à la direction technique de prendre des mesures pour que certains joueurs ne soient plus convoqués. Nous avons identifié ses joueurs. Comme à l'époque, nous avions fiché des joueurs qui, pour indiscipline, ne seront plus appelés. La fédération est libre de prendre cette décision. S'il y a des joueurs qui, pour des raisons diverses, ne peuvent pas venir, qu'ils aient l'honnêteté de le dire. Car on ne peut pas comprendre qu'un joueur participe à un camp de préparation et qu'au dernier moment, il lâche le groupe sans donner d'explication. C'est ça qui est révoltant."
"Gallo Fall n'était pas obligé d'être sur place"
"Amadou Gallo Fall n'était pas obligé d'être à Lubango. Il n'est ni un joueur ni un entraîneur encore moins le président de la fédération. Il est manager général, donc il n'était pas tenu d'être présent à l'ensemble des matches du Sénégal. Aucune disposition de sa feuille de route ne prévoit sa présence au sein de l'équipe nationale. Maintenant, c'est une vue de l'esprit que de penser qu'il devait jouer le rôle de Dtn. C'est loin d'être le cas. Sa position aux Etats-Unis et ses relations en Europe lui permettaient de détecter des joueurs et de donner un avis à la direction technique nationale. Gallo n'est pas Dtn bis ni super Dtn. Comme il n'y a pas eu d'ambiguïté par rapport à l'absence du directeur technique national titulaire qui se trouve être Magatte Diop. Sa non-présence n'avait rien à voir dans l'imbroglio qu'il y avait dans le banc du Sénégal."
"Des failles dans le coaching"
"Nous savons que le programme a été conçu avec les techniciens sénégalais, en l'occurrence Tapha Gaye et Cheikhou Diouf. Et c'est ce programme qui a été appliqué lors de la préparation. Au niveau du coaching durant la compétition, il est Èvident qu'il y avait des failles. Maintenant, l'évaluation technique nous permettra de situer les responsabilitÈs. Car force est de constater qu'on ne semblait pas parler le même langage et qu'il n'y avait pas d'osmose sur le banc du Sénégal. A ce propos, j'avais réuni les techniciens pour leur demander de faire bloc autour de l'essentiel. Cependant, quant à dire qui a coaché et qui devait coacher, nous attendons les rapports."
Propos rassemblés par
Alexis DACOSTA
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