Mohamed Tangara (à terre) et les Aigles sont complètement passés à côté du sujet
La sélection nationale a subi la plus lourde défaite de son histoire à ce niveau de compétition, s’inclinant 35-89 face au Cameroun, vendredi dernier au Palais des sports de Treichville
«Ecoutez si des joueurs professionnels et adultes jouent de cette manière je suis vraiment désolé et déçu. Si eux ils ne sont pas venus pour jouer et gagner, moi j’ai bien un objectif à atteindre et je suis confiant de le faire mais pour cela il va falloir que les jeunes retrouvent leur orgueil, la dignité et surtout le sens de la patrie». Ces propos de l’entraîneur national José Ruiz traduisent parfaitement la déception des supporters et des responsables maliens après la piètre prestation de la sélection nationale face au Cameroun lors de la deuxième journée du groupe D. Personne dans la délégation malienne n’a compris l’humiliation subie par le capitaine Modibo Niakaté et ses coéquipiers étrillés 89-35 par le Cameroun, soit 54 points de différence. Jamais les Aigles n’avaient subi une telle humiliation à ce niveau de compétition et la question qui se pose aujourd’hui est de savoir si cette sélection méritait d’aller à l’Afrobasket. S’il est vrai que l’équipe fait face à un problème interne depuis le coup d’envoi du tournoi, on ne peut dire que c’est cette affaire qui est à l’origine du naufrage. Ce qui s’est passé vendredi au Palais des sports de Treichville a tout l’air d’un sabotage car à aucun moment de la rencontre, les Aigles n’ont montré une quelconque envie de faire quelque chose ensemble. On a même eu l’impression, à certains moments, que le capitaine Modibo Niakaté et ses partenaires se moquaient des supporters. En tout cas pour qui connaît le potentiel technique de cette sélection et les qualités individuelles de certains éléments, c’était difficile voire impossible d’expliquer la déroute de l’équipe. «Où est l’équipe nationale du Mali. Ce n’est pas la même équipe qu’on connaît et qu’on a vue contre le Nigeria. Mais si les joueurs ne veulent pas jouer, qu’ils signent forfait au lieu de saboter la compétition», a lancé un journaliste ivoirien très déçu du comportement des Aigles. «Moi je connais Modibo Niakaté depuis plus de 6 ans, ce n’est pas comme ça au basket. Je suis vraiment déçu et indigné de voir le Mali se faire humilier comme ça», dira pour sa part un responsable de Fiba-Afrique. Du côté de la Fédération malienne de basket-ball (FMBB), on ne mâche pas non plus ses mots et certains responsables accusent même les joueurs d’avoir levé le pied. «Personnellement, quand je ne peux pas honorer les couleurs de mon pays je préfère ne pas venir en sélection. Mais une fois que j’accepte de venir je jouerais jusqu’au bout de mes capacités. Même une sélection composée uniquement de joueurs locaux aurait fait mieux que ces soit disant professionnels», a ainsi martelé un responsable de la FMBB. Les critiques ont donc fusé de partout après le non match des Aigles contre le Cameroun. Pendant les 6 premières minutes de la partie, les protégés de José Ruiz n’ont réussi que deux paniers (4 points). A l’issue du premier quart temps déjà, il n y avait plus de suspense puisque les Camerounais menaient 29-6.
On connaît la suite : 49-12 à la mi-temps puis 89-35 au coup de sifflet final, soit 54 points de différence. Face aux Camerounais, c’est toute l’équipe des Aigles qui est passée à côté du sujet, y compris le meilleur joueur de la sélection, Namory Boundy, qui n’a pu marquer que 8 points, contre 21 lors de la sortie initiale des Aigles face au Nigeria. Interrogé sur l’existence d’un problème de primes, un responsable de la délégation a catégoriquement démenti ces rumeurs, assurant que tous les joueurs ont reçu leur argent avant de quitter Bamako. Ce n’est pas une question de mauvaise volonté ou un quelconque refus de jouer. Il faut que les gens comprennent que c’est pas facile de jouer en basket avec seulement 10 joueurs contre 12 pour son adversaire, tente d’expliquer le capitaine des Aigles, Modibo Niakaté. En plus nous-mêmes on reconnaît que nous n’avons pas été à la hauteur contre le Cameroun. Nous avons été absents partout et pendant toute la rencontre. Sincèrement je présente mes excuses au peuple malien», ajoutera l’international malien. Les Aigles ont livré hier leur dernier match de poule contre le Congo. L’enjeu de cette rencontre était la 3è place du groupe synonyme de qualification pour les huitièmes de finale. Mais selon nos informations, aucune sélection ne sera éliminée à la fin de ce premier tour et les 16 pays présents à Abidjan devraient se retrouver au deuxième tour pour des matches à élimination directe. Toutefois, le classement de la phase de poule revêt une grande importance pour les équipes qui veulent éviter les 1er et 2è des différents groupes. Pour éviter par exemple l’Angola qui domine le groupe C, le Mali doit terminer au moins 3è de la poule D.
Envoyés spéciaux
D. COULIBALY
A. SISSOKO
********
LES ECHOS DE L’AFROBASKET
Deux joueurs de la NBA à Abidjan
L’Afrobasket 2013 est l’un des cinq tournois qualificatifs pour la Coupe du monde FIBA 2014 en Espagne.
Cette année deux joueurs de la NBA, le championnat américain, représentent leurs pays à cette compétition : Al Farouq Aminu pour le Nigeria et Luc Richard Mbah Moute pour le Cameroun. L’Afrobasket est la compétition la plus prestigieuse du continent africain. « Les équipes de la NBA parcourent le monde entier à la recherche de talent. L’Afrobasket étant la plus grande vitrine sur le continent africain, il est naturel que les équipes de la NBA manifestent un intérêt à envoyer des scouts pour assister et regarder cette compétition», a confié le premier responsable de la NBA Africa, Amadou Fall Gallo. Pour le moment, on peut dire que Al Farouq Aminu et Luc Richard Mbah Moute font honneur à leur statut puisque les deux «Américains» tournent avec une moyenne de 25 points par rencontre.
Où sont passés les supporters maliens ?
S’il y a une équipe qui est orpheline de ses supporters, c’est bien le Mali. Contrairement aux autres pays dont les matches se disputent toujours en présence de leurs supporters, on ne voit qu’une poignée d’inconditionnels dans les tribunes lors des rencontres de la sélection nationale. La faute, à l’Union des associations des supporters des Aigles du Mali (UNASAM) qui n’a envoyé qu’un seul supporter à Abidjan. «Je ne comprend pas que pour un tournoi de ce genre, l’UNASAM se contente d’envoyer un seul supporter», commentera un journaliste malien très surpris de l’absence des supporters maliens en Côte d’Ivoire. En comparaison, le Sénégal a envoyé plus de 200 supporters à Abidjan, contre une centaine pour le Burkina Faso et le Nigeria et une cinquantaine pour le Cameroun.
Déception
La lourde défaite des Aigles face au Cameroun a fait couler beaucoup d’encre au sein de la communauté malienne d’Abidjan. Moussa Camara, qui se trouve actuellement en vacances dans la capitale ivoirienne a avoué s’être caché à ses camarades guinéens et béninois au lendemain de la déroute de la sélection nationale. «Je me suis caché après le match. Le lendemain, j’ai dû renoncer à venir au grin parce que je savais ce qui m’attendait là-bas», a confié notre compatriote. «Ce n’est pas tant la défaite qui m’a choqué, mais la manière dont les joueurs se sont comportés. Même quelqu’un qui ne connaît pas le basket-ball sait que les joueurs n’ont pas mouillé le maillot contre le Cameroun», ajoutera Moussa Camara.
ABIDJAN : C’est la petite finale des grands déçus. Mais l’équipe qui aura plus de ressort mental l’emportera et se qualifiera pour le Mondial de l’année prochaine en Espagne. La Côte d’Ivoire, qui espérait aller en finale et gagner l’Afrobasket qu’elle organise, devra se contenter d’une place de troisième, si elle réussit à battre le Sénégal. Les deux équipes qui partageaient la poule A s’étaient rencontrées. La Côte d’Ivoire avait dominé le Sénégal avec un écart de 28 points. Les « Lions », submergés lors de cette rencontre, auront envie, sans doute, de montrer qu’ils étaient simplement dans un mauvais jour. Même si cette petite finale manquera forcément de saveur, il faudra la remporter. Et pas que pour le prestige.
