14 mars 2013

SXENEGAL : Pied dehors…équipe masculine USO : Se faire un nom, à l’ombre des filles


Dans l’élite du basket masculin depuis seulement deux saisons, l’équipe masculine de l’Union sportive de Ouakam vient d’étrenner sa deuxième qualification consécutive aux Play-offs. Autant dire que les garçons suivent les traces de leurs sœurs. Des performances qui cachent de difficiles conditions de travail des Ouakamois.
Le terrain d’entraînement de l’Uso n’a rien de particulier, à part qu’il jouxte l’imposant Monument de le Renaissance africaine qui domine le village traditionnel lébou. Autant que ce monument qui a contribué à faire la renommée des lieux, l’Uso fait partie du patrimoine de Ouakam. L’équipe de football a fait les beaux jours du championnat sénégalais et de la coupe nationale. Aujourd’hui, c’est celle masculine de basket qui tente une renaissance. A l’ombre des filles qui jouent les grands rôles depuis des années dans le championnat, les garçons veulent aussi se faire un nom. En première division depuis l’année passée, les Ouakamois ont réussi à se qualifier deux fois de suite en Play-offs. Une vraie prouesse pour cette équipe de quartier (ou de village), qui, malgré des difficultés, espère aller loin, cette saison.
Qualifiée de justesse pour la deuxième phase du championnat, l’Uso doit ses performances, selon son coach, Babacar Ndour, à l’engagement des joueurs. « Nous ne travaillons pas dans les meilleures conditions, mais nous avons des jeunes qui en veulent et qui se défoncent chaque jour pour aller plus loin », explique le coach Ndour. Ancien de la Police, ce dernier est sur le banc de l’équipe ouakamoise depuis des années. C’est lui qui a fait monter l’équipe en première, l’année dernière. « Nous avons joué 3 finales de tournoi de montée sans avoir la chance de gagner. Ce n’est que l’année dernière que nous avons pu gagner le tournoi de montée, à Mbour, et jouer notre première saison dans l’élite », poursuit-il. Lors de la première saison, l’Uso était venue comme tout promu avec l’intention de se maintenir. Elle avait fait plus que le maintien en allant jusqu’en demi- finales des Play-offs. Malgré ses bons résultats pour un nouveau promu, l’équipe baigne dans de grosses difficultés. Ce qui fait sortir le directeur technique, Libasse Faye, de ses gonds. Ancien du Diaraf et fils de Ouakam, Libasse déplore le manque de soutien qui frappe la section de basket. « Si l’équipe réussit à aligner de bons résultats, le mérite revient amplement aux joueurs qui travaillent dans des conditions difficiles. La pratique du sport de haut niveau requiert un certain nombre de conditions qui ne sont pas totalement réunies à l’Uso », soutient t-il
« Deuxième famille »
Ces difficultés de l’équipe sont cependant atténuées par l’esprit de quartier qui habite joueurs, staff technique et supporters. Comme pour l’équipe de football, le basket ouakamois est porté par des fils du village qui jouent ensemble depuis des années. « Si l’on parle d’équipe, c’est à Ouakam qu’il faut faire référence. Chez les autres, c’est juste des sélections. On prend des joueurs par-ci et par-là et on les associe. A Ouakam, c’est une équipe qui joue ensemble depuis des années et après chaque match, les trois quarts de l’équipe rentrent au village. C’est rare de trouver cela dans les équipes actuelles du championnat », justifie le secrétaire général de la section basket, Abdourahmane Gadjigo « Presi ».
Pour le capitaine, Mamadou Souaré, cet esprit de famille leur a permis de traverser beaucoup de situations difficiles et de maintenir l’équipe au même niveau. « Même actuellement, il y a des problèmes. Mais cela ne nous empêche pas de continuer à bosser afin de relever le défi. Au départ, on ne misait pas beaucoup sur nous. Mais nous avons montré que nous sommes capables de nous en sortir. C’est pourquoi notre montée en première a été un vrai déclic. Nous voulons continuer sur cette lancée et espérons gagner une coupe, cette saison », ajoute le capitaine. Cet esprit de famille ne se sent pas seulement dans les vestiaires ou aussi en dehors du terrain. Sur les parquets, l’équipe fait montre d’une grande solidarité dans le jeu. « C’est ce qui fait que nous sommes difficiles à jouer. Sur le terrain, les joueurs se montrent solidaires. C’est là aussi une force de l’équipe », analyse le coach Ndour. Le directeur technique veut ainsi profiter de cet esprit de quartier pour créer une nouvelle dynamique autour de l’équipe. « Nous lançons un appel aux bonnes volontés du village pour aider l’équipe à bien terminer la saison ».

Ibrahima Dieng : Le revanchard
Dans le jeune effectif ouakamois, il fait partie des plus expérimentés. Le meneur Ibrahima Dieng est connu dans le National 1 du basket masculin sénégalais pour avoir porté les couleurs de nombreuses équipes : Us Gorée, Diaraf, Jeanne d’Arc. Dieng a aussi une expérience d’expatrié au Maroc où il est passé en 2010. Il a failli connaître une expérience d’international sénégalais en 2010 lors du tournoi de la Zone 2. Présélectionné par l’ancien entraîneur de l’équipe nationale, Abdourahmane Ndiaye « Adidas », Dieng a été sorti de la liste pour cause de suspension. Alors qu’il était sous les couleurs de la Jeanne d’Arc en 2010, il avait été suspendu pour être mêlé dans une bagarre lors d’un match. « J’ai trouvé cette suspension injuste parce que j’étais innocent et je n’étais pas partie prenante de la bagarre. Mais ce qui m’a fait le plus mal, c’est le fait d’être privé de sélection nationale alors que cela n’avait rien a voir avec la suspension ». Éloigné des parquets sénégalais pendant deux ans, Dieng a en profité pour aller au Maroc et évoluer au Wac de Casablanca. De retour au bercail, cette année, il avait, selon ses dires, des sollicitations de grands clubs. « J’ai préféré venir à Ouakam parce que le projet de jeu proposé par coach Libasse (directeur technique) me convenait. Depuis que je suis arrivé, j’ai apporté à l’équipe une petite touche, surtout dans le volume de jeu ». Aujourd’hui, l’ambition de Dieng est de gagner des trophées avec Ouakam, mais surtout un retour en équipe nationale. Dieng se dit toujours marqué par cet épisode de sa présélection de 2010. Il a ainsi à cœur de revenir par la grande porte chez les Lions. « J’y tiens », dit-il.
Oumar NDIAYE