18 mars 2012

REUNION : Le BCD perd ses nerfs


Le BCD perd ses nerfs

 
Diallo va au panier sour les yeux de Seigneur. Deux partenaires qui se sont désunis, hier, malgré la victoire du BCD. (Photo FLY)
 
BASKET-BALL. Les Dionysiens ont battu la Tamponnaise, hier, en demi-finale aller du championnat (77-66). Mais a peut-être perdu les dernières apparences de ce qui pouvait en faire une équipe.

"BCD, ensemble. Ouh". Ce cri de ralliement, les joueurs dionysiens l’effectuent à chaque reprise de jeu. Un classique du basket avant de partir au front. Ensemble. Machinalement, par habitude et par convenance, cette marotte berce une saison de toute équipe de basket. Elle vient rarement du cœur. Mais peut prendre aux tripes. Ce cri de ralliement, n’a jamais eu cette dénomination que de façade au BCD cette saison. On ne l’a pas vraiment entendu une fois convainquant. Et on ne l’a plus entendu du tout hier, à compter du 3e quart-temps. Matérialisant ce que l’on savait depuis un petit moment. Le BCD n’est plus une équipe, si elle l’a jamais été cette saison. Que même la victoire face à un favori du championnat ne réunit plus. C’est une somme d’individualités, au premier rang desquelles se trouve leur joueur majeur, Souleymane Diallo.
« Ben vas-y brille »
Star d’un assemblage d’ego, nommée capitaine après la mise à l’écart de Jerry Boyer. Esquissant un BC Diallo qui agace certains. Et au centre du vol en éclats, hier, de son équipe à 46-39 en faveur du BCD. Lorsqu’au début du 3e quart-temps, se fracassaient les derniers traits de vernis qui les peignait en collectif. A la suite d’une action défensive anodine, Ludovic Seigneur s’en prenait à Souleymane Diallo lui lançant : "Tu veux briller. Ben vas-y, brille". Avant de sortir du terrain et de disparaître vers les vestiaires. Laissant coi ses partenaires. Et de marbre son coéquipier. Et de revenir se poser sur le banc, ramené par des trésors de diplomatie appliquée par Bernard Hospital, son coach assistant, et le discours pacificateur de ses partenaires. Pas suffisant pour ramener à la raison un collectif et ses individualités. Comme sur le temps-mort qui suivait, où Seigneur et Diallo continuaient l’explication, séparés par leurs partenaires. Et qu’au milieu, Georges Assassa, entraîneur désemparé, continuait sa causerie dans le vide.
« Pas de relations »
Image saisissante d’une équipe en train de s’imposer qui implose alors que sur le banc d’à-côté son adversaire, la Tamponnaise, coule gentiment mais dans le calme. Sans réaction. Et sans révolte. Incapable "de mettre de l’intensité sur la durée", soulignait son entraîneur Philippe Lécuyer, et dominée dans tous les compartiments du jeu. Car avant de se rasseoir sur le banc, et de jeter à la face de tout le monde la fin d’une équipe Diallo venait de claquer un trois points limpide, donnant 12 points d’avance à son équipe (53-41, 27’). Et confirmait l’ascendant indiscutable des Dionysiens sur de faibles adversaires. Le coup de sang donnait même un coup de pied violents aux égos dionysiens, qui finissaient le travail, piqués au vif pour décrocher la victoire, au terme de ce qui n’était "pas un grand match", relève Philippe Lécuyer. Mais un match charnière, où Ludovic Seigneur tentait d’expliquer "qu’il n’y a pas de soucis" au terme du match, alors que Souleymane Diallo renvoyait à ses coéquipiers pour avoir l’explication de l’accrochage. "Il faut accepter que tout le monde fasse des erreurs", ajoutait Seigneur, relevant les aléas qu’ils faut accepter d’une équipe "avec de forts caractères". Que n’arrive plus à maîtriser un Georges Assassa hagard après le match, notant avec justesse et tristesse "que l’on a pas des relations entre joueurs qui nous permettent de travailler sereinement. Je suis face à un dilemme. Si je me passe de certains joueurs, je mise sur un fort esprit mais je m’affaiblis". La blessure semble profonde. Georges Assassa a fait le choix de panser la plaie saignante, rappelant, usé et touché, "qu’il ne reste que trois ou quatre matches à gagner. On aura une médaille au bout et alors...". Et alors tout ne s’oubliera pas. Mais rien ne dit qu’il ait tort, tant les individualités dionysiennes peuvent suffir à faire la différence. Si elles rangent seulement une partie de leurs ego pour décrocher le titre. Cet objectif, sans doute une des seules choses qu’ils leur reste en commun.
Hervé Brelay
BCD - TBB - 77-66
A Champ-Fleuri. 200 spectateurs. Arbitres MM. M’Potin et Lauret. Mi-temps : 40-30. Quarts-temps : 23-19, 17-11, 21-17, 16-19. Sorti pour 5 fautes : Bitor 38’.BCD : Tsaboto (2 pts), Biscou (9), Seigneur (16), Bitor (12), Diallo (19) puis Coindevel (4), Bounin, Botterman (12), Clain (3). Entraîneur : Georges Assassa assisté de Bernar Hospital. TBB : C. Hoareau (7 pts), Rivière (4), Tami-Tabeth (20), Chane-Kee (19), T. Hoareau (9) puis Mansouri (2), Tissier, T. Lécuyer, Payet, Séry (5). Entraîneur : Philippe Lécuyer.