SENEGAL : Moustapha Gaye (Entraîneur des 'Lionnes' du basket) : «Nos chances de passer le premier tour de la Coupe du Monde»
En stage de préparation en vue de la coupe du monde de basket-ball qui se tiendra en septembre prochain en République Tchèque, Moustapha Gaye a accepté de nous faire le point sur l'évolution de la situation des ‘Lionnes’. Rencontré avant-hier, à la fin d'une séance d'entraînement au stadium Marius Ndiaye, le sélectionneur national est revenu sur la promesse faite par le chef de l'Etat à la suite de leur sacre à Madagascar. Dans l’entretien qu'il nous a accordé, le champion d'Afrique évoque aussi les chances du Sénégal lors du prochain Mondial, la date de la publication de la liste des joueuses qui y prendront part et les matches amicaux prévus avant le grand départ en terre tchèque. Entretien.
Wal Fadjri : Vous êtes en stage de préparation de la coupe du monde qui se tiendra en septembre prochain en République Tchèque. Comment se passe cette préparation ?
Moustapha Gaye : Nous sommes à notre troisième semaine de stage, dans un cycle de formation continue qui va nous prendre pas mal de temps. Mais nous tenons vraiment à bâtir, à asseoir une base locale et essayer d'améliorer la qualité des joueuses que nous avons dans le championnat sénégalais. Ce sont ces deux raisons qui nous ont poussé à commencer le stage très tôt. Et tout se passe bien, les filles sont très enthousiastes et ont répondu présentes à l'appel. A part Maïmouna Diarra qui est excusée pour des raisons liées à ses études, Ndèye Sène qui s'est blessée le week-end dernier, tout le monde est là. Même Khady Mbaye qui n'était pas venue les deux dernières semaines, a rejoint le groupe. Et aujourd'hui, vous avez la chance d'y trouver une expatriée, en l'occurrence Mame Ndagou qui évolue présentement en Espagne. Elle était au Jaraaf avant de partir en Espagne. C'est une fille qui a déjà fait l'équipe nationale. Elle joue au poste 2 ou 3 et c'est une très bonne joueuse. Elle est à Dakar pour des raisons administratives et elle peut beaucoup nous apporter.
Wal Fadjri : Quels ont été les critères de sélection des vingt joueuses locales que vous avez convoquées ?
Moustapha Gaye : C'est la compétence ! Il y a aussi les qualités techniques, tactiques et physiques de chaque joueuse. A cela s'ajoute l'état d'esprit. Mais nous avons une équipe composée de joueuses locales parce qu'actuellement, les clubs européens ne peuvent pas libérer leurs joueuses qui jouent en championnat.
Wal Fadjri : Vous venez de boucler une séance d'entraînement (l'entretien a eu lieu lundi dernier Ndlr). Sur quoi avez-vous travaillé ?
Moustapha Gaye : Depuis le début des entraînements, nous misons sur le travail technico-tactique et sur l’adresse. C'est ce que nous avons fait aujourd'hui avec un peu de remise en compétition pour certaines filles qui viennent d'arriver.
‘La Coupe d'Afrique est différente de la Coupe du monde. Celle-ci est une grande compétition où toutes les joueuses seront libres pour défendre les couleurs de leur pays. Et s'il plaît au bon Dieu, on aura notre meilleure équipe’
Wal Fadjri : Combien de temps va durer le stage ?
Moustapha Gaye : Normalement, c'est pour trois mois parce que nous avons en ligne de mire un ou deux tournois en Afrique. Ce sont des compétitions qui nous permettront de mieux nous jauger et de mieux évaluer les filles qui jouent en championnat local.
Nous sommes en train de travailler avec la Tunisie et la Côte d'Ivoire pour jouer des matches amicaux. C'est difficile, mais nous y sommes avec Moussa Touré et d'autres personnes qui sont en Côte d'Ivoire. Normalement, on devait jouer le match contre la Tunisie, mais cela été décalé. Mais, nous sommes en train de travailler là-dessus. On travaille pour avoir un tournoi triangulaire dans un pays. Et ce sont les joueuses locales qui disputeront ce tournoi parce que d'ici juillet, on ne peut pas avoir les expatriées. Elles seront convoquées à partir du 1er juillet et d'ici à la fin du mois d'avril, la liste des expatriées sera communiquée.
Wal Fadjri : Lors de la dernière coupe d'Afrique à Madagascar, le Sénégal avait eu du mal à réunir son potentiel, parce que beaucoup de clubs européens avaient refusé de libérer leurs joueuses....
Moustapha Gaye : Mais on n'aura pas la même situation. Parce que la période était mauvaise non pas pour le Sénégal, mais pour beaucoup de pays qui ont pris part à la coupe d'Afrique. Nous n'étions pas les seuls dans cette situation. Même la Fiba Afrique avait reconnu que c'était difficile pour tous les pays. Seulement, la Coupe d'Afrique est différente de la Coupe du monde. Celle-ci est une grande compétition où toutes les joueuses seront libres pour défendre les couleurs de leur pays. Et s'il plaît au bon Dieu, on aura notre meilleure équipe.
Wal Fadjri : Lors de la dernière Coupe d'Afrique, deux joueuses locales avaient intégré la sélection nationale. Peut-on s'attendre à une telle situation au prochain Mondial ?
Moustapha Gaye : Pour l'instant, je ne sais pas. Tout dépendra de la forme des joueuses. C'est pourquoi nous avons démarré très tôt pour améliorer la qualité de nos joueuses locales. C'est pour leur donner une nouvelle chance d'intégrer l'équipe nationale. En tout cas, on prendra uniquement les meilleurs. Elles sont toutes des Sénégalaises, peu importe qu'elles soient à l'étranger ou au Sénégal. On prendra les douze meilleures sénégalaises.
Wal Fadjri : Les stages nationaux suffisent-ils vraiment pour préparer une compétition mondiale ?
Moustapha Gaye : Nous envisageons de faire des stages en Europe. Et pour cela, un programme bien défini a été déposé auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports. On attend son aval pour communiquer là-dessus. Il y a des choses qui sont prévues, mais on attend le feu vert du ministre avant d'en parler à la presse (il insiste Ndlr).
Wal Fadjri : Le Sénégal sera dans la même poule que la France, les Etats-Unis et la Grèce. Face à des adversaires aussi coriaces, les ‘Lionnes’ ont-elles des chances de franchir le premier tour ?
Moustapha Gaye : En valeur intrinsèque, ces pays sont supérieurs au Sénégal. On n’a pas les mêmes moyens, les mêmes configurations et le même ‘background’. Mais c'est une compétition que nous préparons sérieusement pour jouer nos chances à fond. Tout en sachant que ça va être très difficile pour nous.
Wal Fadjri : Les ‘Lionnes’ sont championnes d'Afrique. Cela ne veut-il pas dire qu'elles ont le niveau mondial ?
Moustapha Gaye : Ce n'est pas parce qu'on est qualifié que nous devons avoir le niveau du second tour. Etre champion d'Afrique ne veut pas dire avoir le niveau du Mondial. On a le niveau du premier tour. Maintenant, reste à prouver qu'on a le niveau du second tour et ça, on ne le saura que sur le terrain. Mais je sais qu'en valeur intrinsèque, nos adversaires nous sont supérieurs. Ce sera donc au Sénégal de relever son niveau de jeu pour essayer de les surprendre. Ce sera difficile, d'autant plus qu'on ne connaît pas les joueuses adverses. Je connais quelques joueuses françaises, pas plus.
‘La Grèce est l'équipe la moins forte parmi nos adversaires au Mondial. Parce que les Etats-Unis sont champions du monde et la France championne d'Europe’
Wal Fadjri : Parmi nos adversaires, qui, selon vous, semble le plus facile à dominer ?
Moustapha Gaye : C'est la Grèce. Mais cela ne veut pas dire qu’elle est facile à dominer. Elle est l'équipe la moins forte parmi nos adversaires. Parce que les Etats-Unis sont champions du monde et la France championne d'Europe. Donc la Grèce est moins compliquée pour nous que la France et les Etats-Unis.
Wal Fadjri : Vous avez eu la chance d'avoir conduit l'équipe nationale masculine au Mondial. Que peut bien vous valoir cette expérience ?
Moustapha Gaye : Une expérience est toujours positive. On la capitalise. C'est un acquis que je vais essayer de mettre en valeur au profit de l'équipe nationale. Parce que le Mondial, c'est le haut niveau. Il faudra travailler dur, parce qu'il n’y a que la réalité du terrain qui fera la différence.
Par ailleurs, le chef de l'Etat, Me Abdoulaye Wade, nous avait promis de nous mettre dans de bonnes conditions. Je le crois sur parole et j'ose espérer que nous n'aurons pas les mêmes difficultés que nous avons eu à rencontrer dans le passé. Jusqu'à présent, ça se passe bien, les gens nous accompagnent.
Wal Fadjri : Le Mondial sera-t-il un baromètre pour la Coupe d'Afrique 2011 ?
Moustapha Gaye : Exactement ! A part l'objectif d'aller au second tour, notre mission sera de préparer l'équipe nationale en vue de la prochaine Coupe d’Afrique. Il sera question de la bonifier et de l'améliorer sur tous les plans pour conserver notre titre en 2011 à Bamako. Parce que cette tâche ne sera pas du tout facile pour les ‘Lionnes’. Nous serons au Mali et ils feront tout pour récupérer le trophée.
Wal Fadjri : Vos filles, composées en majorité d'expatriées, vont faire face à leurs collègues des Usa et de l'Europe, ce qui n’est pas le cas pour le staff technique de l'équipe nationale. Par conséquent, envisagez-vous de faire un stage de renforcement de capacité...
Moustapha Gaye : Mais c'est envisagé dans le programme. Je dois y aller… (il coupe). On doit déplacer trois personnes en Europe dans les semaines à venir. Cette délégation sera chargée de rencontrer certaines filles. On veut les revoir dans un contexte... Il s'agit de Ndèye Diola Ndiaye qui est à Aras et Bintou Diémé à Toulouse, plus trois autres que nous avons envie d'aller voir dans leur contexte.
Wal Fadjri : A part ce voyage, comment faisiez-vous pour évaluer les joueuses si l'on sait qu'il y a des éléments abstraits qui ne sortent pas dans les statistiques ?
Moustapha Gaye : C'est vrai, mais nous les suivons sur Internet. Et des fois, elles m'envoient des cassettes vidéo que je regarde attentivement. Chaque deux à trois semaines, on s'appelle et on se parle. On discute par rapport à leurs évolutions...
Propos recueillis par Papa Bakary KAMARA http://www.walf.sn
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