07 janvier 2009

MALI : DJÉNABA SACKO SUSPENDUE À VIE


La suspension de la sociétaire du Djoliba fait suite à la plainte déposée à FIBA/Afrique par la Tunisie après le sacre de notre pays à la CAN-junior
La Fédération malienne de basket-ball (FMBB) n'a pas attendu le verdict du tribunal disciplinaire pour se prononcer sur l'affaire Djénaba Sacko.
La semaine dernière, l'instance dirigeante du basket-ball national a, en effet, décidé de suspendre à vie l'internationale junior et championne d'Afrique 2008. Un rappel des faits s'avère nécessaire pour comprendre les

raisons qui ont poussé la FMBB à prendre cette sanction extrême contre la sociétaire du Djoliba AC. Les faits remontent à la dernière CAN junior qui s'est déroulée en Tunisie. Après le sacre du Mali devant la Tunisie (57-35), une carte d'identité scolaire appartenant à Djénaba Sacko est découverte à l'internat par les Tunisiens. La date de naissance figurant sur cette carte d'identité (12 juin 1986) qui avait été faite par la joueuse elle même était différente de celle du passeport (12 juin 1990). Une copie des deux pièces est alors envoyée à la FIBA/Afrique par la Tunisie qui porte plainte contre le Mali et qui réclame une disqualification de notre pays et la perte de tous les avantages liés à la conquête du titre continental. Quelques jours plus tard (4 novembre 2008), le ministre de la Jeunesse et des Sports Hamane Niang et la secrétaire générale de la FMBB et membre de FIBA/Afrique Salamata Maïga dite Bébé se rendent au siège de FIBA/Afrique à Abidjan. Les deux "émissaires" expliquent que la carte d'identité incriminée avait été faite par Djénaba Sacko elle-même et ne pouvait par conséquent être considérée comme un document officiel délivré par les autorités maliennes.
Résultat : FIBA/Afrique confirme la victoire de la sélection nationale junior et la qualification de notre pays à la coupe du monde de la catégorie qui aura lieu en Thaïlande du 23 juillet au 3 août 2009. Mais l'instance dirigeante du basket-ball continental annoncera au ministre Niang que des sanctions seront prises à l'encontre de la joueuse.
Quelques jours plus tard, Djénaba Sacko est auditionnée au commissariat du 8è arrondissement, en présence de Salamata Maïga et de l'ancien arbitre international Alpha Bagayoko dit "Jakson". Jointe au téléphone lundi, la joueuse a reconnu l'existence de la carte d'identité scolaire, mais démenti avoir laissé sciemment le document à l'internat. L'internationale junior assure qu'elle a remis ladite pièce à mains propres au manager sénégalais de l'EN de Tunisie dans le but de la trouver un contrat. Et Djénaba Sacko de jurer la main sur le coeur que la carte n'a pas été ramassée par les Tunisiens. Larmes aux yeux, l'internationale junior ajoute : "Je reconnais mon tort et demande pardon à tout le monde".
"Nous savons la sanction qui attend Djénaba Sacko et on ne pouvait pas attendre le verdict de FIBA/Afrique pour agir", indique Salamata Maïga avant d'ajouter que le Mali a tiré toutes les leçons de l'affaire Awa Sadio Sangaré en 1998 à Dakar. "Le B.F. ne se reproche rien et en aucun cas l'intérêt partisan ne doit primer sur l'intérêt supérieur. Nous pensons que Djénaba a agi de façon irresponsable et impardonnable", renchérit de son côté le secrétaire général adjoint de la FMBB, Seydou Maïga.
Un avis que ne partage pas le président de la section basket-ball du Djoliba, Alou Sanogo qui juge la sanction trop sévère. "C'est vrai, Djénaba Sacko a commis une faute grave, mais de là à la radier à vie, il y a un pas que la fédération n'aurait pas dû franchir", plaide le premier responsable de la section basket-ball des Rouges. "Cette histoire de carte d'identité scolaire est vraiment déplorable, mais je pense qu'on doit faire en sorte pour sauver la carrière de cette jeune joueuse", poursuit Alou Sanogo avant d'indiquer que le Djoliba enverra une lettre de pardon à la fédération.
Djénaba Sacko qui a abandonné les études pour se consacrer exclusivement au basket-ball, a été élue meilleure espoir en 2008 avant de devenir championne d'Afrique quelques mois plus tard avec la sélection nationale junior. La sociétaire du Djoliba rêvait d'une carrière professionnelle et répétait sans cesse qu'elle est prête à tous les sacrifices pour atteindre cet objectif. Mais avec cette sanction de la fédération Djénaba Sacko risque de ne plus fouler le plancher, à fortiori entreprendre une carrière pro.

S. BADIAGA