19 avril 2007

MALI : Incompréhension autour de l'article 11

Le torchon brûle entre d'une part certains clubs d'élite de notre basket (le Djoliba, le Stade et la Commune III) et l'USFAS et d'autre part entre ces clubs et le bureau fédéral de l'instance dirigeante de notre balle au panier. Et pour cause l'incorporation, des éléments de ces clubs dans l'armée et les forces de sécurité sans aucune compensation financière. Toute chose qui provoque la rage surtout du côté des pensionnaires du stade Ouezzin, site d'entraînement du Djoliba dames.
L'affaire qui a été d'abord portée au niveau de la Ligue du District a donné gain de cause aux clubs, mais le bureau fédéral lui, a tranché en faveur de l'USFAS et de la police. Le point de divergence serait l'interprétation de l'article 11des règlemnets et l'établissement des licences A pour ces joueurs. Pour le président actif de la section basket du Stade, Seydou Tall, "c'est l'imbroglio au sein du bureau fédéral". Le Stade a perdu une joueuse en faveur de l'USFAS et 3 joueurs en faveur de la police ne comprend pas pourquoi le bureau fédéral a décidé de délivrer la licence A à tous les joueurs qui ont rejoint les rangs des forces armées et de sécurité. Selon les propos du premier responsable du Stade, il ne peut être délivré à ces joueurs la licence A qui est une licence primaire pour la simple raison que ces éléments ont quitté un club avant de rejoindre l'équipe de l'armée ou de la police. Le bureau fédéral a plutôt inséré les cas de mutations dans un chapitre qui ne parlent que de type de licence. L'article 11 dans son chapitre 4 traite uniquement des licences et l'alinéa E ne parle que de type de licence. La licence A est délivré aux joueurs primaires c'est à dire tous ceux qui signent pour la première fois une licence et qui n'a jamais évolué dans un club, la licence E est celui des joueurs étrangers et la licence M appartient aux joueurs mutés. Le chapitre 4 de l'article 11, selon Seydou Tall, justifie clairement la position des joueurs partis à l'USFAS et à la Police. En sus, le chapitre 5 renforce le cas de mutation. Parlant des mutations elles sont définies par les articles 35, 36 et 37. Mieux, l'article 35 détermine les conditions de ces mutations fixées du 1er au 16 septembre. Seydou Tall a constaté une violation de ces articles. Qu'écrira le bureau fédéral au verso des licences A et surtout dans la colonne "dernier club quitté"? s'interroge Seydou Tall.
Le dirigeant stadiste maintient mordicus qu'il y a eu violation des textes et à ce rythme les autres clubs du pays et surtout ceux de Bamako deviendront des machines à former et à produire au bénéfice de l'USFAS. "Si rien n'est réglé conformément aux textes nous ne manquerons pas de faire appel ou de porter une réserve contre l'USFAS et la Police chaque fois que le Stade les affrontera" a indiqué Seydou Tall qui réclame des compensations financières et exige la relecture de tous les textes qui régissent le basket Malien. Et pour cause en matière de sport il n'y a pas un statut particulier des militaires. Tous les clubs de football, basket, handball et volley doivent tous se conformer aux règles du jeu. "Nous sommes prêts à discuter avec la police ou l'USFAS si elles venaient à nous. Mais nous n'irons jamais vers ces clubs et nous exigeons et réclamons nos droits".
Même son de cloche côté Djoliba où le président de la section basket du Djoliba Alou Sanogo se dit surpris de l'attitude du bureau fédéral de qualifier les joueurs qui ont migré à l'USFAS et à la Police. "Si l'USFAS et la Police sont heureuses, la décision du bureau fédéral a fait des victimes que sont le Djoliba, le Stade et la Commune III. C'est dire que dans le basket malien il y a deux poids, deux mesures" dit Alou Sanogo avant de s'interroger si le bureau fédéral n'a pas peur de clubs militaires. "Aucun club ne peut accepter qu'après avoir formé un joueur pendant une décennie ou plus, en l'entretenant et en payant même sa scolarité à coût de millions et qu'un jour on vous le prennne sans compensation financière ou matérielle. L'article 11 n'émane pas du Djoliba, il est le fruit même du bureau fédéral et ce bureau se doit de le respecter" dixit Alou Sanogo. Comment expliquer que dans le cas de Aminata Sininta ou Djénébou Damba figure le mot NÉANT au vers dans la colonne "dernier club quitté". Ces joueuses n'ont-elles pas été formées au Djoliba? N'ont-elles pas été championnes d'Afrique des clubs avec le Djoliba? N'ont-elles pas été en coupe du monde des clubs avec le Djoliba? Le Djoliba n'est-il pas un club?" s'insurge Alou Sanogo qui poursuit que son club ne peut pas former gratuitement des joueurs pour l'USFAS. Alou prend ainsi le cas de Adama Koné et de Drissa Traoré tous deux partis à la police. Adama Koné a été recruté par le Stade en provenance de l'AS BOPP de Dakar à coût de millions. Et aujourd'hui il est recruté par la police sans que la Stade ait une compensation financière. "Où est l'éthique sportive" dit-il simplement.
Comme Seydou Tall, Alou Sanogo qui remercie au passage la Ligue de Bamako pour son courage de ne pas faire qualifier les joueurs en cause, réclame lui aussi une compensation financière.
Du côté de l'USFAS, tout laisse croire à une cavale contre leur formation estime le colonel Hissa Diallo, et cela depuis l'incorporation de certains sportifs au sein des forces armées et de sécurité. Pour l'armée, l'article 11 du règlement est formel dans son aliéna E : "La licence A est délivré aux joueurs recrutés dans les corps suivant : l'armée, la gendarmerie, la police, la garde nationale, la douane, les eaux et forêt et la protection civile. Et cette licence confère à ceux un statut de joueurs primaires"
Aujourd'hui tout le problème de l'Usfas réside dans la difficulté des équipes : Djoliba, Stade et Commune III, à accepter d'appliquer cet article à leurs anciens joueurs incorporés dans l'armée.
La commission fédérale des statuts et règlements et qualification, statuant au cours de sa réunion du 29 janvier 2007, a reconnu que l'appel du secrétariat général de l'Usfas, en date du 25 janvier, est recevable dans la forme. Et après analyse de la lettre de notification de la ligue concernant l'appel, estime les articles citées par l'instance du district, traitent les cas de mutation dans toutes ses formes réglementaires, alors que les cas précis des joueurs de l'Usfas doivent être traités conformément à l'article 11 alinéa "e" qui stipule qu'ils doivent bénéficier de la licence A. La commission a donc décidé au regard des certificats de présence au corps joints à toutes les demandes de licences concernées, de la qualification de tous les intéressés au profit de l'Usfas conformément à l'article précité. Il s'agit entre autres de Maïmouna Coulibaly, Mamou Simpara, (ex Commune I), Machata Soumaoro, Goundo Traoré, Racky Sy (AS Commune III), Hawa Coulibaly (Stade), Mariam Coulibaly (AS Police) et les trois ex joueuses du Djoliba qui sont Fatoumata Sanfo, Aminata Sininta, Djenebou Damba.
Les responsables sportifs de l'armée pensent qu'on est en train de faire une fausse querelle à leur équipe, dans la mesure ou le recrutement d'un jeune malien est volontaire au sein des forces armées et de sécurité. Les intéressés selon le service de sport de l'armée, ont formulé une demande d'engagement volontaire au sein des différents corps et ont ensuite été déclarés aptes par les structures compétentes en matière de recrutement. Une fois incorporés, il est loisible à l'armée, la gendarmerie ou la garde nationale de les employer suivant les besoins. L''Usfas n'est-il pas en train d'interpréter en sa façon les textes? C'est du moins l'avis des membres de la Ligue de Bamako.

Affaire à suivre....
S. BADIAGA