20 avril 2007

CAMEROUN : Cinq conditions pour rebondir

Le fait est tellement rare qu’il ne laisse personne indifférent. L’équipe nationale de basket-ball va prendre part dans quelques mois à deux compétitions continentales majeures : les Jeux africains en Algérie (11 -23 juillet) et les championnats d’Afrique des nations en Angola (16-25 août). Cela faisait plus d’une décennie que les basketteurs camerounais n’avaient pas été à pareille fête. En effet, si l’on exclut la participation des moins de 20 ans au championnat d’Afrique de la catégorie au Sénégal en 2005 et quelques apparitions des sélections nationales camerounaises à des compétitions sous-régionales, le basketball camerounais vit en autarcie -forcée- depuis belle lurette. Et voilà qu’au détour du dernier tournoi qualificatif de la Zone IV de la FIBA-Afrique, le Cameroun s’est rappelé au bon souvenir de l’élite continentale. Plutôt deux fois qu’une même ! L’équipe nationale féminine —sur tapis vert, faute d’adversaire- a elle aussi gagné le droit d’être à Alger en juillet prochain. Il s’agit tout simplement d’un événement sans précédent dans l’histoire du basket-ball national.

Mais passée l’euphorie de cette double qualification, on est en droit de se demander si le basket-ball camerounais est devenu subitement une super-puissance continentale. Que non ! Il semble évident que nos basketteurs et basketteuses ont bénéficié d’un heureux concours de circonstance. Ainsi les hommes, classés deuxièmes lors du tournoi de Kinshasa, qui devant préalablement qualifier uniquement la première équipe, ont été repêchés par la FIBA-Afrique en qualité de meilleur deuxième dans les poules. Si le mérite des Camerounais n’est pas à remettre en cause — ils ont bien dominé tous leurs adversaires à l’exception de la RDC, le pays hôte-, force est de constater qu’ils ont été bien aidés quand même. Les filles n’ont même pas eu à se déplacer pour décrocher leur ticket. La seule confirmation de leur engagement au tournoi de Kinshasa et les forfaits en cascade enregistrés de la part des autres pays de la sous- région leur vaut d’être présentes en Algérie.

En tout état de cause, il est important de relever que beaucoup de chemin reste encore à parcourir pour le basket-ball camerounais pour franchir un palier et s’installer durablement au sein de l’élite continentale. A l’échelle nationale, la discipline reste encore assez mal organisée, avec des compétitions quasi inexistantes, des infrastructures approximatives, une " démission " totale des élites de la discipline et une indigence chronique. En outre, l’équipe actuelle à la tête de la fédération ne brille pas par son ingéniosité et son engagement pour faire bouger les choses. Ce sombre tableau ne prédispose donc pas à un enthousiasme débordant pour le futur. D’où l’urgence d’un éveil des consciences.

Au demeurant, le basket-ball camerounais vit même un curieux paradoxe. Empêtré dans des problèmes existentiels au quotidien à l’échelle nationale, il est, par ailleurs, un grand pourvoyeur de joueurs pour différents championnats à l’étranger. On compte ainsi plusieurs dizaines de joueurs camerounais disséminés à travers le monde. Lors du dernier championnat universitaire américain (NCAAB), le contingent camerounais était même l’un des plus importants. Et lorsqu’on se souvient que l’essentiel de ces joueurs est issue des compétitions locales, on peut penser que les talents ne manquent pas. Seule une organisation adéquate fait encore défaut. Du reste, la discipline passe dans quelques mois au révélateur en renouant avec les joutes internationales. Et les résultats enregistrés au cours de ces compétitions pourraient être déterminants pour un nouvel élan. A défaut, le basket-ball camerounais va demeurer en apnée et courir le risque de couler irrémédiablement.