09 novembre 2006

TUNISIE : Mounir Ben Slimane (DTN de la Federation Emiratie)-«Je suis redevable au basket tunisien»


Ayant entamé une carrière d’entraîneur en 1986, Mounir Ben Slimane a exercé dans plusieurs clubs avant d’aborder un nouveau cycle avec la sélection des moins des 20 ans et son joli palmarès, ensuite les Seniors pour relever Zoran. Maintenant, il exerce aux Emirats en tant que DTN mais en dépit d’une excellente situation, son nom continue à être sollicité par plusieurs clubs surtout qu’il compte rentrer au pays. Avant son retour aux EAU pour régler sa situation, il nous livre ses pensées sur plusieurs sujets.

T.H : Tes dernières nouvelles ?
M.B.S : Je suis à ma sixième année aux Emirats, c’est une expérience très enrichissante et fructueuse surtout qu’on avançait qu’au Golfe, c’est la stagnation et la régression mais au contraire il y a eu beaucoup de travail et une grande satisfaction professionnelle. J’ai appris beaucoup de choses et j’estime que j’ai participé au renouveau du basket aux E.A.U. La direction technique n’est pas un travail administratif mais purement technique pour élaborer le programme de l’équipe nationale avec un pouvoir exécutif mais redevable d’explications vis-à-vis du BF.
T.H : Mais pourquoi on annonçait ton départ ?
M.B.S. Ce n’est pas un départ mais plutôt un retour dicté par des raisons familiales de plus en plus persistantes. Vis-à-vis de mes employeurs, ce n’est pas facile à digérer et ils n’ont pas accepté. Mais il y a des moments où il faut prendre des décisions douloureuses mais capitales à l’échelle familiale. D’ailleurs, j’ai préféré aller jusqu’au bout pour ne pas fuir mes responsabilités.
T.H : Qu’est ce qu’on retient de cette expérience ?
M.B.S : Il y a un enrichissement humain et professionnel dans un laps de temps très court. Mon vécu m’a aidé à affronter la réalité du sport au Golfe où les dirigeants ne sont pas patients avec les gens qui ne réussissent pas. Le premier écueil, c’était être accepté et apprécié par la famille du basket, ensuite faire les bons choix et être prêt à se justifier vis-à-vis de l’évolution rapide du BB mondial tout en sauvegardant les acquis humains. Le choix s’est porté sur un staff évoluant pour la première fois au Golfe et les résultats n’ont pas tardé avec le titre du Golfe, le second après des années de disette mais cette performance n’est pas le seul acquis. Aux Emirats, il y avait six clubs et 100 joueurs seniors pour monter une équipe compétitive avec un vivier en juniors qui étaient deuxièmes au Golfe et cinquièmes, arabes. En plus, on a exporté deux joueurs pour le stage de BB sans frontière. Ce sont des repères qui ne trompent pas en dépit des contraintes vu la non disponibilité des joueurs et l’absence de traditions de BB aux EAU.
T.H : Au mois de mars, on t’a pressenti à la tête de la direction technique nationale, qu’en est-il de cette offre ?
M.B.S : Chaque entraîneur fixe des paliers à franchir ; en 2006 je suis à ma 20ème année d’entraîneur avec des ambitions légitimes surtout que les acquis de mon expérience aux EAU peuvent être utiles pour le basket tunisien. Le timing était avancé par rapport à mes engagements et l’envie de retourner en Tunisie avec la bénédiction de mes employeurs. Accepter la DTN dans l’état actuel n’est pas rentable avec une élimination du côté technique au détriment du côté administratif. La réponse était oui pour la DTN au sens propre du mot avec droit de regard sur l’équipe nationale et l’identité technique du BB alors que les démarches administratives ne m’inspirent pas. Soit une responsabilité efficiente et efficace ou bien la fédération opte pour une double tutelle.
T.H : A l’intersaison, on t’a aussi pressenti au CA mais pourquoi les pourparlers ont-ils échoué ?
M.B.S : J’ai été approché par Lotfi Zehi au mois de juillet, mais j’ai renoncé à la concrétisation après que certains se soient immiscés. Avec le CA, on a négocié un projet et non un contrat pour diverses raisons : je suis un pur clubiste, j’étais joueur puis entraîneur donc c’est un retour aux sources.
- Le CA est un grand club.
- L’équipe de basket est une grande équipe qui dispose de l’un des meilleurs effectifs.
- Le club a les moyens de ses ambitions.
- Tous ces ingrédients existent même sans Mounir Ben Slimane.
T.H : En quoi consiste ce projet ?
M.B.S : Hisser l’équipe de basket à un niveau hors frontière, c’est un challenge important. Faire bénéficier le CA de mes connaissances au Golfe ainsi que mon expérience. J’estime que je suis redevable à ce club. Ce projet sollicite tout le monde (joueurs / entraîneur/ dirigeants …) faire exporter le basket national à travers le CA. Mais le projet a connu son effervescence en juillet vu mon indisponibilité à cause des échéances au Qatar avec les EAU. Toutefois l’avènement de Adel Fendri à la tête de la section basket a déclenché un conflit d’intérêt et l’avortement du projet, le président du club a tranché mais je lui ai dit non. Ils ont contacté d’autres coachs en avançant plusieurs arguments dont les finances alors que ma demande était logique.
T.H : Quels sont les problèmes du basket national ?
M.B.S : Le basket national a perdu son identité maghrébine, arabe et africaine. Durant les années 70/80, on n’avait pas la taille compensée par la vitesse, la rapidité et l’adresse. Puis il y a l’arrivée des étrangers pour chercher les remèdes mais le constat fut négatif. On a perdu la capacité de rivaliser et les repères sont devenus occasionnels. Au lieu de remédier par le travail, on a abusé des changements fréquents des entraîneurs, une approche fausse alors que les autres sports collectifs ont assuré une constance. Le mal réside dans le cycle de formation des joueurs. Depuis 1999, les sélections de jeunes ont failli à leur mission. Au niveau des seniors ou jeunes , le principal souci est la formule de championnat et le calendrier du championnat. Le niveau du basket féminin laisse à désirer, la formation n’existe plus. On a toujours cherché à augmenter le nombre des licenciés sans pour autant chercher à consolider les acquis.
T.H : Quelles sont les solutions pour remédier ?
M.B.S : On doit effectuer une analyse objective de la situation et exercer un travail de longue haleine. L’Espagne a remporté le mondial BB après 10 ans de travail, c’est la même équipe championne du monde junior en 1999 et médaillée en or aux JM 2001. Donc la priorité doit être réservée à l’équipe nationale qui doit travailler indépendamment du calendrier. Ils faut faire les bons choix et savoir prendre du recul tout en donnant confiance aux techniciens tunisiens.
T.H : Le mot de la fin ?
M.B.S : Le basket est l’affaire de tout le monde. Les parties prenantes doivent être impliquées pour travailler collégialement loin de toute langue de bois pour préserver les acquis. Personnellement, le basket m’a beaucoup donné et j’estime que j’en suis redevable.