02 novembre 2006

RD CONGO : "Notre basket-ball est en baisse terrible"

Comme souligné dans notre édition d’hier, la débâcle de Arc-En-Ciel et Hatari à la 12ème Coupe d’Afrique des Clubs Champions de basket-ball féminin à Libreville au Gabon a suscité et suscite encore des commentaires en sens divers des nombreux sportifs africains en général et congolais en particulier. Dans notre édition d’hier, nous avons esquissé quelques raisons majeures qui sont à la base de la contre-performance des deux clubs congolais.

Nous revenons ci-dessous sur les résultats techniques enregistrés par les Congolaises et nous apportons des éléments complémentaires et surtout le point de vue d’un témoin oculaire qui n’est autre que M. Mozin Mozingo, le Directeur Technique de l’ASB Hatari qui revient fraîchement de Libreville. Nous avons loupé de mettre la main sur le coach Jean-Marie Tangu d’Arc-En-Ciel.

Rappel des résultats enregistrés Deux groupes de 6 équipes chacun étaient constitués. Dans le premier, Arc-en-ciel avait comme adversaires Inter Clube d’Angola, First Bank du Nigeria, Somo du Gabon , Port Autority et ISPU du Mozambique. Arc-en-ciel-Inter Clube : 61-73, First Bank-Arc-En-Ciel : 84-55, Arc-en-ciel-Somo : 73-77, Arc-en-ciel-Port Autority : 60-72. A l’issue du 1er tour, Arc-En-Ciel a occupé la 6ème place .Dans l’autre groupe, Hatari avait comme adversaires ABC de la Côte d’Ivoire, Dolphines du Nigeria, Primeiro do Agosto d’Angola, Djoliba du Mali et Ferroviaro du Mozambique. Primeiro-Hatari : 59-57, Hatari-Dolphines : 62-56, Hatari-Djoliba : 58-77, Hatari-ABC : 50-27. A l’issue de cette étape, Hatari a occupé la 4ème place qualificative pour les quarts de finale.

Résultats de ¼ de finale

Inter Clube-Djoliba : 66-44 Primeiro-Somo : 63-45 First Bank-Hatari : 65-39 Ferroviaro-ISPU : 73-68

Résultats de ½ de finale

Primeiro-Inter Clube : 85-42 First Bank-Ferroviaro : 65-73

Résultat de la finale Primeiro-Ferroviaro : 86-74

Matches de classement Hatari a battu Inter Clube et a perdu face à Somo pour la 5ème et 6ème place. Il termine ainsi 6ème au classement général. Pour sa part, Arc-En-Ciel a battu ABC et gagné Port Autority 73-66 pour la 9ème et 10ème place.

Point de vue de Mozin Mozingo( DT Hatari) Selon Mozin Mozingo, notre basket-ball est en baisse terrible d’une manière générale tant chez les dames que chez les messieurs. Les autres ont pris une avance considérable sur nous parce que ils ont une politique sportive alors que chez nous on est encore dans l’apprentissage, on est encore à l’état de balbutiement.. Le directeur technique fait une illustration de ses propos par un exemple concret.

Quand une fille congolaise joue à l’étranger, dit-il, elle joue mieux que les ses compatriotes qui évoluent au pays parce qu’ailleurs, il y a le suivi de l’athlète même sur le plan alimentaire et organisationnel.

Quant à la prestation de son équipe Hatari à la 12ème CACC, Mozin s’explique : " A Libreville, le championnat s’est déroulé dans de bonnes conditions mais l’organisation a connu quelques problèmes, notamment celui du logement. Pour avoir un hôtel, ce fut tout un problème. Le terrain où se déroulaient les rencontres étaient dignes de ce nom. Hatari est une équipe assez jeune. Libreville est notre 1ère participation à une compétition de cette envergure. Les trois quarts de nos filles n’ont jamais joué en équipe nationale. On était limité sur le plan technique individuel. Néanmoins, Hatari a été la grande révélation. La prestation changeait au fil de match. L’écart entre Hatari et les équipes qui ont joué la finale n’était pas grand. N’eût été le mauvais arbitrage dont nous étions victimes, nous allions jouer la demi-finale Cependant, le banc n’était pas solide. On avait des problèmes au niveau des pivots et des ailières. On n’avait pas beaucoup de joueuses. Celles qui jouaient étaient fatiguées. Bref, le comportement des athlètes était impeccable. La volonté de vaincre y était mais la technique n’y était pas. Suite à ce comportement, la coupe de Révélation de la compétition et Fair play a été attribuée à Hatari qui était à deux doigts de jouer la demi-finale ".

Comparativement aux autres équipes, le directeur technique, Mozin révèle que First Bank avait deux Américaines, trois joueuses venaient des collèges aux Usa et une joueuse qui venait d’Europe. Primeiro revenait du Portugal, les équipes mozambicaines ISPU et Ferroviaro sont bien soudées et bien structurées. Primeiro d’Angola compte deux Congolaises, Inter Clube compte Mangono et Ida Rosada tandis que Somo du Gabon compte trois Congolaises, à savoir Paulin Akonga, Kanasi et Dula.

Recommandations pour le futur du basket en RDC

Au regard de ce tout qu’on a souligné hier et dans la présente édition, il y a lieu de beaucoup travailler sur le plan technique et tactique. Et de consacrer beaucoup de temps de préparation. Si on veut aller vite en besogne, il faudrait que les athlètes bénéficient de beaucoup de stages à l’étranger comme à l’époque des vaillantes Léopards de célèbre mémoire. Rajeunir nos équipes et chercher des filles de grande taille car nos équipes souffrent d’une carence de ce côté-là. Revoir la formule de la Coupe du Congo où l’on remarque une disparité énorme.

D’un côté, on a des équipes trop fortes et de l’autre, des équipes trop faibles.

Pour ce faire, on doit créer des pools de développement. Faire en sorte que les équipes aguerries puissent aller jouer là-bas de temps en temps. De même qu’il faudra affecter des entraîneurs et arbitres qualifiés dans ces pools de développement. Tout le monde était content de voir une équipe de l’Equateur à la dernière Coupe du Congo. L’on a vite remarqué qu’il manquait un petit quelque chose. L’insuffisance de préparation et de connaissances limitées sur le plan technique. La raison évoquée par les athlètes de Mbandaka est révélatrice. Ils n’ont pas d’entraîneurs et arbitres qualifiés, des terrains et ils sont en marge de l’évolution de la discipline.

Enfin, le gage d’avenir pour la discipline, c’est de développer le basket d’âge. Toutes ces précautions réunies, l’on pourra revoir la Rd-Congo dominer le basket-ball africain comme lors de la décennie 80.

Antoine Bolia