On ne naît jamais grand entraîneur, on le devient pour diverses
raisons. Mais, le reste-t-on toujours? Lecture dans le circuit des
entraîneurs tunisiens.
On ne naît jamais grand ou petit entraîneur,
c’est une règle que nul ne peut contester. C’est la compétence, mais
aussi l’entourage sportif, le club, les dirigeants, les joueurs, la
chance, les médias (eh oui, un journaliste et un média peuvent rendre un
entraîneur quelconque célèbre et grand!), qui contribuent à le carrière
d’un entraîneur et de son statut. En basket, c’est le même
raisonnement, tous ces facteurs agissent sur la carrière d’un
entraîneur. Vous lui ajoutez, cependant, le charisme et le savoir-parler
(ou savoir-magouiller dans quelques cas !), car un entraîneur de
basket, c’est aussi quelqu’un de présentable qui s’habille bien et qui
parle bien aux médias. Contrairement au volley-ball ou au handball, le
début des années 90 et l’éclosion de la «Dream Team» aux JO de Barcelone
et de la NBA ont fait que le basket-ball est associé à l’image, à
l’esthétique et au spectacle, avant la compétence technique. Notre
basket-ball, riche de ses traditions, l’est aussi en entraîneurs et en
compétences. Sauf qu’on a des niveaux hétérogènes et des cursus
complètement distincts. Les profils d’entraîneurs disponibles sont si
divers que l’on peut s’y perdre. Il y a les anciens et les moins
anciens, les ambitieux et les blasés, les actifs et les déconnectés,
ceux qui se recyclent et ceux qui stagnent au basket des années 80…
Bref, vous en avez de toutes les couleurs, côté entraîneurs tunisiens ;
le résultat est le même : ce sont presque les mêmes visages qui tournent
à chaque intersaison. Même s’il y a un potentiel très intéressant en ce
qui concerne l’école tunisienne, les dirigeants des clubs tunisiens
nous disent souvent (et ils le font discrètement et pas en public)
qu’ils préfèrent enrôler un entraîneur étranger au lieu d’un Tunisien.
Ils vous disent que l’entraîneur étranger est plus disponible et
collabore mieux avec ses dirigeants et ses joueurs. C’est ce que
certains dirigeants disent, la réalité dit autrement.
La plupart des entraîneurs qui exercent sont tunisiens. Un vrai choix ou faute de mieux?
Le rôle des anciens
Nous
avons parlé, il y a une semaine, d’«ancienne école dépassée par les
évènements», et ça a fait polémique dans les milieux du basket tunisien
(tant mieux, ça prouve qu’on nous lit encore!).
Et comme il y a et
il y aura toujours de «mauvaises langues», et des gens qui vivent de
«tensions» et de «bras de fer», les propos prennent une autre tournure.
Oui, nous avons une ancienne école en Tunisie, mais ce n’est pas
péjoratif. Cette ancienne école a servi et sert toujours le basket. Elle
comprend des monstres du basket qui ont fait et qui font les beaux
jours du basket tunisien. A commencer par Ridha Laâbidi (pour qui nous
avons une grande estime), l’homme aux titres et à la longue expérience,
sans oublier Mustapha Bouchnak, Abouda Ben Brahim, Ali Karabi, Mohamed
Toumi, Mohamed Zaouali, Kais M’rad, les frères Senoussi, Habib Cherif,
etc. Dans cette classe d’entraîneurs, il y a ceux qui ont raccroché,
d’autres qui n’ont pas préféré se mettre à l’heure au basket moderne, et
bien sûr ceux qui ont choisi la planification et la formation. Cette
catégorie d’entraîneurs a un rôle capital, dans le sens où ils ont un
énorme vécu qu’ils peuvent transmettre aux entraîneurs actuels. On leur
reproche une seule chose : ils n’aiment pas (pas tous!) qu’on leur
adresse une critique ou qu’on leur fasse la moindre remarque.
A côté
de ces entraîneurs prestigieux, il y a une génération d’entraîneurs
montée au créneau depuis la fin des années 90. Dans cette catégorie, il y
a eu diverses fortunes. Entre succès et échecs, entre chance et
malchance, l’histoire retient bien que Adel Tlatli a accompli le
meilleur parcours après un temps assez conséquent où il a progressé pour
devenir ce qu’il est aujourd’hui. Dans ce palier d’entraîneurs, il y a
Monem Oune qui s’installe confortablement après le doublé gagné avec le
CA. Abdessattar Elloumi, Sami Husseïni, Mounir Nefzi, Walid El Gharbi,
Ryadh Ben Abdallah, Nidhal Abdelkarim, Outaîl Ouij, Samir Bouden, Khalil
Ben Ameur, Kacem Ouerchefani, Zouheïr Ayari, Sami Chaouch... sont aussi
des gens compétents ayant chacun des qualités. Qu’est-ce qu’on leur
reproche?
Un manque d’ambitions parfois, ou une obsession de jouer
pour les titres quitte à plonger dans le jeu des coulisses, mais faut-il
reconnaître aussi que ce sont des personnes qui n’ont aucune garantie
ou instance qui les protègent. Que de fois, ils sont remerciés par de
pseudo-dirigeants. Combien d’années, ils étaient obligés d’excercer dans
le noir à cause d’un ridicule décret heureusement annulé par Tarak
Dhiab. Faute d’appui fédéral en matière de recyclage et de suivi, ces
entraîneurs doivent compter sur leurs propres moyens pour se recycler.
Ils peuvent compter ainsi sur un autre entraîneur tunisien que nous
n’avons pas cité avant, mais qui donne beaucoup au basket tunisien.
C’est
Mounir Ben Sélimène, DTN aux Emirats Arabes Unis, qui, ne l’oublions
pas, a formé l’équipe U19 en 1999, celle qui regroupait Kechrid,
Sélimène, Maoua et les autres futurs champions que vous connaissez. Vous
avez vu, nos entraîneurs ont du mérite, malgré tous leurs défauts.
Mettons-les en confiance !