09 février 2013

REUNION : "Les gens sont usés"


 
Entre les époux Vitry, qui habitent derrière le parking, et la TBB, utilisatrice du gymnase situé en face, rien ne va plus. (photo Jean-Claude François)
 
basket - Pas épargnée par la crise qui a touché l’an dernier le monde sportif tamponnais, la Tamponnaise Basket Ball doit par ailleurs faire face à un problème de voisinage qui lui gâche la vie depuis des années.
BASKET-BALL - Pas épargnée par la crise qui a touché l’an dernier le monde sportif tamponnais, la Tamponnaise Basket Ball doit par ailleurs faire face à un problème de voisinage qui lui gâche la vie depuis des années.Si Dieu existe, il doit avoir une dent contre la Tamponnaise Basket Ball. L’an passé, à l’instar de toutes les associations de la ville, le club, utilisateur du Complexe sportif du 10e km, a dû faire face à une baisse de ses subventions qui l’a obligé à redoubler d’effort pour boucler son budget. En ce début d’année, alors que la crise économique est loin d’avoir disparu, il doit composer avec un autre problème : un conflit de voisinage qui l’oppose aux époux Vitry.
Le contentieux entre les deux parties ne date pourtant pas d’hier. Les premières difficultés, sur fond de nuisances sonores, ont ainsi commencé en 2006. Mais un nouveau rebondissement dans cette affaire qui n’en finit plus est venu plomber un peu plus le moral des basketteurs. Condamnée par la justice à payer 10 000 euros d’indemnités et de frais de procédure, la TBB a vu son compte bancaire faire l’objet d’une saisie par voie d’huissier, alors qu’elle s’acquittait "depuis septembre d’un règlement mensuel de 300 euros".
“Je pense sérieusement que nous pouvons gagner en cassation ?
“Une volonté manifeste des époux Vitry de voir disparaître purement et simplement notre club de près de 400 licenciés ?, s’emporte le président Didier Marie-Louise. Un choix de recouvrer les sommes dues “dans un délai maximal d’un an et demi, laps de temps que nous estimons plus que raisonnable ?, répond dans un communiqué le couple, sachant que le jugement de la cour d’appel date d’avril 2012. Dans leur bon droit, les Vitry n’ont pas apprécié le pourvoi en cassation formé par l’association.
Aujourd’hui, les deux parties sont toujours dans l’attente de l’arrêt de la Cour de Cassation. Pour l’heure, les comptes de l’association sont au plus bas. Les 5700 euros perçus en fin d’année dernière au titre de la dernière tranche de subvention de la mairie ont été immobilisés. Un énième coup dur pour des dirigeants dont le moral commence sérieusement à flancher.
“Les gens sont usés, déclare Didier Marie-Louise. Tout ceci est décourageant. ? Un sentiment confirmé par le trésorier du club. “C’est une situation pesante et usante en tant que bénévole. On voulait organiser un dîner dansant pour renflouer un peu nos caisses mais n’ayant pas de sous pour avancer les frais, nous avons été contraints d’abandonner l’idée. ?
Dès lors, pourquoi ne pas régler les sommes dues et laisser une bonne fois pour toute cette histoire derrière eux ? Parce “je pense sérieusement que nous pouvons gagner en cassation ?, estime le président. Le contraire ferait jurisprudence" Dans cette histoire, la TBB ne veut pas seulement “récupérer ? les 10000 euros qu’elle doit aux Vitry. Elle souhaite aussi pouvoir disposer de son gymnase comme bon lui semble. Car aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Outre l’amende, elle a en effet interdiction d’organiser des rencontres au-delà de 21 heures, sauf pour six dates dans l’année. “Il nous en reste quatre d’ici la fin de la saison ?, précise le dirigeant, qui souligne par ailleurs que les entraînements s’arrêtent à cette même-heure.
“On ne peut pas demander à 400 ou 500 personnes de s’autodiscipliner ?
A l’instar de tous ses collègues, il ne comprend pas cet “acharnement à l’encontre uniquement de la TBB, alors que d’autres associations utilisent également le site. ? Sylvie et Patrick Vitry expliquent pour leur part que ces dernières n’engendrent pas de nuisances nocturnes. “Il y a bien une association qui fonctionne très discrètement le vendredi en soirée (jeux de l’esprit, tarot, bridge, échecs, scrabble...), détaillent-ils. Mais cette dernière est composée de gens d’âge mûr, d’adultes responsables qui n’éprouvent pas le besoin de crier, klaxonner, s’agglutiner aux abords du complexe afin de commenter la rencontre, de faire hurler les pneus ainsi que les moteurs. ?
Après des années de procédure, les deux parties semblent irréconciliables. Les basketteurs estiment avoir fait assez d’efforts, tout en précisant que la mairie ne leur offre pour l’heure aucune solution de repli. Les époux Vitry souhaitent quant à eux, “comme tout un chacun, pouvoir simplement dormir en paix. Nous n’avons rien contre le sport, bien au contraire, sauf quand il s’invite dans notre chambre à coucher. ?
Et de poursuivre. “Le basket est un très beau sport collectif qui attire un public nombreux, mis on ne peut demander à 400 ou 500 personnes - et beaucoup plus les soirs de matches importants ( ??!!) - de s’autodiscipliner. ? Ils font par ailleurs valoir leur ancienneté sur le site. “Nous sommes plaignants dans ce dossier et habitons au 10e km au Tampon depuis 1988, c’est-à-dire 15 ans avant l’arrivée de la TBB. ?
En attendant que la justice tranche à nouveau, la Tamponnaise poursuit tant bien que mal son petit bonhomme de chemin. Jusqu’à quand ? “Que restera-t-il une fois que tout le monde aura jeté l’éponge ??, se demande Didier Marie-Louise. “Que se passera-t-il quand il n’y aura plus de bénévoles pour animer et faire vivre l’association ? Que deviendront ces centaines de jeunes livrés à eux-mêmes, sans structure d’accueil, sans possibilité d’assouvir leur saine passion ?? Autant de questions qui ne demandent pour l’heure aucune réponse. Mais après l’arrêt rendu par la Cour de Cassation, il n’en sera peut-être pas de même...
Morgan Chari