17 septembre 2009

SENEGAL : Baye Moussa Samba, médecin de la sélection nationale féminine - ‘Aucune des ‘Lionnes’ en stage n’avait manifesté le désir de jeûner’

Le jeûne, troisième pilier de l'islam, est très redouté par de nombreux entraîneurs de clubs sportifs de haut niveau. Ces derniers, partagés entre la nécessité de veiller à la forme physique de leurs éléments et le devoir de respecter leur liberté de culte, sont souvent amenés à faire des concessions de toutes sortes. Le plus courant des compromis, c'est de jeûner tous les jours, si on le souhaite, sauf les jours de compétition. Le staff de la sélection nationale féminine, en route pour les Jeux de la Francophonie (Beyrouth, du 27 septembre au 6 octobre), n'a pas eu à faire face à une telle situation. Aucune ‘Lionne’ n'ayant décidé d'observer le jeûne. Leur médecin, Baye Moussa Samba, révèle comment la question a été traitée.

Wal Fadjri : Après un peu plus de deux semaines de stage, en vue des Jeux de la Francophonie et de l'Afrobasket, pouvez-vous nous faire le bilan médical des ‘Lionnes’ ?

Baye Moussa Samba : Dans l'ensemble, le bilan est satisfaisant. Depuis le début du stage, on n’a pas relevé de problème majeur. Le seul souci qu'on avait concernait Maïmouna Diarra du Saint-Louis basket club qu'on avait préféré mettre au repos. Elle souffrait d'une anémie. Nous l'avons mis sous traitement et actuellement elle se porte bien. Son état s'est nettement amélioré. A dehors de ce cas, nous rencontrons les autres petits problèmes habituels des sportifs que sont les entorses et les autres petites blessures. En cas de problème de ce type, nous parvenons chaque fois à remettre tout le monde en état en vingt-quatre heures ou quarante-huit heures.

Wal Fadjri : Le stage se déroule durant le mois de ramadan qui reste une équation complexe pour de nombreux entraîneurs. Ces derniers sont souvent partagés entre la nécessité de veiller à l'état physique de leurs joueurs et celle de ne pas violer leur liberté de culte. Etes-vous confronté à des difficultés de cet ordre actuellement ?

Baye Moussa Samba : Non. Aucune des ‘Lionnes’ en stage ne jeûne. Jeûner, ce n'est pas compatible avec la pratique du sport de haut niveau. Je conseille aux compétiteurs de ne pas jeûner durant le mois du ramadan. Surtout dans les phases préparatoires d'une compétition et lors d'une compétition.

Wal Fadjri : Les ‘Lionnes’ avaient-elles le choix de jeûner ou de ne pas le faire ?

Baye Moussa Samba : Aucune d'entre elles n’avait manifesté le désir de jeûner. Mais, il faut reconnaître que nous leur avons fait comprendre, avant le début du stage, que les entraînements seront durs. Nous avons discuté avec elles et nous sommes arrivés à les convaincre de ne pas jeûner pour rester performantes.

Wal Fadjri : Quel est le danger de pratiquer le sport de haut niveau en observant le jeûne ?

‘Comme on le dit souvent, le petit-déjeuner est la ration la plus importante d'un sportif. Le petit-déjeuner est un facteur de performance. Un sportif qui rate son petit-déjeuner va voir ses performances baisser.’

Baye Moussa Samba : Comme on le dit souvent, le petit-déjeuner est la ration la plus importante d'un sportif. Le petit-déjeuner est un facteur de performance. Un sportif qui rate son petit-déjeuner va voir ses performances baisser. Les efforts fournis lors des entraînements nécessitent de l'énergie. Donc, si on ne s'alimente pas, on n'aura pas le nombre de calories suffisant pour satisfaire les besoins énergétiques du sportif. Il faudra donc retenir que ce n'est pas bon ni conseillé de faire du sport de haut niveau en jeûnant.

Wal Fadjri : Comment gérez-vous l'alimentation des ‘Lionnes’, qui reste à vous écouter un élément important de leur performance ?

Baye Moussa Samba : L'alimentation des ‘Lionnes’ avec beaucoup de minutie. Nous la supervisons tous les jours pour permettre aux joueuses de satisfaire normalement leurs besoins énergétiques afin d'être performantes sur le terrain. Si les besoins énergétiques ne sont pas satisfaits, il y a problème. Parce que ça se répercute sur le terrain.

Wal Fadjri : Quelles sont les composantes d'une bonne alimentation pour un sportif ?

Baye Moussa Samba : L'alimentation d'un sportif se compose d'un petit-déjeuner, d'un déjeuner et d'un dîner. Au petit-déjeuner, les ‘Lionnes’ prennent du pain, des œufs, du miel, du chocolat et différents jus. Pour le déjeuner et le dîner, elles mangent des pattes, de la viande blanche, du poisson et de la viande rouge. C'est ce qui leur permet de satisfaire leurs besoins énergétiques.

Wal Fadjri : L'alimentation est importante pour l'équilibre du sportif, mais le suivi médical l'est tout autant. Comment se passe celui-ci concrètement dans la ‘Tanière’ ?

Baye Moussa Samba : Ça se passe normalement. On fait des évaluations journalières. C'est pourquoi nous sommes chaque jour avec les joueuses à l'entraînement. On les suit sur le terrain, individuellement. Et de retour au lieu de regroupement, on les évalue, on passe dans les chambres pour voir comment chacune d'entre elles se porte. Chaque semaine, on leur demande de nous parler de leur état de santé. Présentement, tout va bien. Personne ne nous a encore signalé de problème médical grave.

Wal Fadjri : La compétition des Jeux de la Francophonie (27 septembre au 6 octobre à Beyrouth, au Liban) débute dans une dizaine de jours. Les ‘Lionnes’ ont-elles des déficiences physiques à combler d'ici-là ?

Baye Moussa Samba : Pour l'instant, on n'en voit pas. En général quand quelqu'un a une défaillance physique, on le soumet à un travail personnalisé avec l'accompagnement du staff médical. Actuellement, on n'a pas encore connu ce genre de tableau. Toutes les filles se sentent bien. Comme je vous l'ai dit tantôt, elles ont parfois quelques petits problèmes, des entorses par exemple, mais tout va bien globalement. On ne se plaint pas. Les filles se portent bien.

Propos recueillis par Papa Bakary KAMARA