CAMEROUN : Les paniers vides du basket-ball camerounais
Par Simon Pierre ETOUNDI
Le rideau est tombé sur la saison de basket 2006 le week-end dernier à Yaoundé. La boucle de la saison a été bouclée avec les finales de la coupe du Cameroun dans les catégories dames, messieurs et jeunes.
Ces finales se sont déroulées quelques semaines seulement après les finales du championnat national dans les trois catégories organisées à Douala (seniors-messieurs et jeunes) et à Yaoundé dames. Au bout du compte, les différents lauriers mis en compétition ont donc été attribués. Avec ce dénouement, on peut de prime abord penser que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible. Mais pour les observateurs sportifs camerounais, il n'en est rien. Au cours de la dernière saison, les compétitions nationales se sont en effet jouées dans la plus grande discrétion, orpheline de l'engouement populaire et de la ferveur dont pouvait se prévaloir le basket-ball camerounais, il y a encore quelques années.Aujourd'hui, le spectacle offert par le basket-ball est de piètre qualité. Et ici, ce n'est pas le potentiel et la qualité des joueurs qui sont remis en cause. Il est plutôt question de stigmatiser les conditions dans lesquelles les amoureux de la balle orange évoluent. En tout cas, pour ne s'en tenir qu'à la saison qui s'achève, on a relevé que pour diverses raisons, les compétitions ont été très irrégulières et lorsqu'elles ont pu se dérouler, c'était dans l'indifférence totale du public. Quand on y ajoute, le piètre état des infrastructures existantes pour la pratique de ce sport, la coupe est pleine. Paradoxalement, dans le même temps, dans les quartiers, les cours de recréation des écoles et autres jardins privés, le basket fait courir les foules. Une enquête menée auprès des adeptes du basket de rue-les fameux playgrounds nés Outre Atlantique- révèle que c'est l'absence ou l'insuffisance des compétitions organisées par la Fécabasket qui entraîne ce manque d'intérêt. Pour palier ce déficit, des compétitions informelles sont même organisées.Pour sa part, la Fédération camerounaise de basket-ball déclare avoir laissé l'animation des compétitions aux ligues provinciales, afin de rapprocher la discipline des masses et de ses adeptes. Du reste, depuis de longues années, de nombreuses formules d'organisation des compétitions sont expérimentées pour permettre au basket-ball national de décoller. Mais il tarde encore à le faire.
Toujours est-il que la discipline ne manque pas d'arguments. Hors du pays, une centaine de joueurs camerounais s'expriment dans les meilleurs championnats. Il y a quelque temps encore Ruben Boumtje Boumtje évoluait dans la prestigieuse NBA, le championnat professionnel américain. Lors de la dernière finale de la NCAA, le championnat universitaire des Etats-Unis, deux jeunes Camerounais, Luc Richard Mbah à Mouté et Alfred Aboya étaient alignés dans les rangs de l'université de Californie Los Angeles (UCLA) face à Joakim Noah,autre grés du Cameroun. Pourtant, la discipline et plus particulièrement, l'équipe nationale n'ont jamais réellement profité du talent de ces Camerounais de la diaspora.
Du reste, les dernières apparitions du Cameroun dans une compétition internationale commencent à dater dans le cas de l'équipe nationale senior. Il y a quelques années, les femmes et les jeunes après de longues années d'un profond sommeil ont renoué avec les compétitions internationales. Mais tout cela a fait long feu et le Cameroun a recommencé à se faire discret sur la scène internationale. Par ailleurs, les clubs nationaux brillent également par leur absence lors des rendez-vous continentaux. L'urgence est donc à l'action. Pour cela, la fédération doit faire preuve d'ingéniosité pour mieux organiser les compétitions et les rendre attrayantes. C'est la condition pour intéresser éventuellement des sponsors, qui, il faut le relever, sont rares. Quant aux pouvoirs publics, ils ont également leur rôle d'accompagnement à jouer.
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