14 août 2006

SENEGAL : Magatte Diop l'éntrainer

Ce matin, l’entraîneur des Lionnes de basket procédera à la publication de la liste des seize filles qui continueront, en France, la préparation de la Coupe du monde prévue du 12 au 23 septembre au Brésil. En attendant, Magatte Diop ausculte le travail effectué jusque-là et évoque sa ferme ambition de pousser le Sénégal dans le gotha du basket-ball mondial.

Après deux semaines de regroupement, quel bilan tirez-vous de la seconde phase de préparation ?

On avait tout juste quinze jours de préparation, et là, on est dans la dernière semaine parce que nous avons le dernier entraînement lundi. Durant la première semaine, on a plus insisté sur les structures d’attaque, les sorties de balle et les touches. Et lors de cette dernière semaine, nous avons mis l’accent sur le collectif, l’adresse et l’aspect défensif. En effet, j’ai voulu terminer par ce volet parce que cela demande beaucoup d’enthousiasme, de la rigueur et de la condition physique. Car, il fallait que certaines filles, qui avaient arrêté de jouer depuis un certain temps, reviennent à leur niveau pour terminer par ce volet axé sur la défense.

Comment percevez-vous le groupe ?

Dans l’ensemble, je suis satisfait. J’ai trouvé un groupe enthousiaste, discipliné et qui a la volonté de travailler et, pour un entraîneur, c’est très appréciable. L’autre aspect, maintenant, est de stabiliser les acquis c’est-à-dire intégrer les dispositifs défensif et offensif. Et ce sera le but de la troisième phase, où l’on doit stabiliser tous nos acquis et terminer par des matches. Car c’est lors des matches qu’on peut évaluer si le travail effectué a été bien intégré par les filles. Et c’est à cette étape qu’on peut les évaluer. Mais pour l’instant, il y a certaines qui ont un bon répondant, en attendant l’arrivée des autres (Astou Ndiaye, Aya Traoré et Astou Traoré) pour la dernière phase. Je demeure convaincu que nous aurons une équipe compétitive. Déjà lundi (aujourd’hui), on aura la liste des 16 joueuses qui vont participer à la dernière phase. Actuellement, on est avec 18 joueuses, mais le groupe sera complété par Astou Ndiaye (Houston) et Aya Traoré (Washington) qui jouent dans le Wnba, ainsi que les «Françaises» Astou Traoré (Châteauroux) et Mame Marie Sy (Reims). Donc sur les 22 filles, il restera 16 filles qui feront la troisième phase, au terme de laquelle on va arrêter les 12 qui iront au Mondial.

Disposez-vous de suffisamment de temps pour composer une équipe avec une sélection aussi hétéroclite ?

Peut-être que les unes ont séjourné en France et d’autres aux Etats-Unis, mais pour moi, ce sont des filles qui sont de la même génération. Elles ont appris ensemble à jouer au basket. Elles ont joué en championnat-espoir presque ensemble, donc ce sont des filles qui se connaissent et qui se sont fréquentée. C’est cela une équipe. Certes, il y a différentes écoles par rapport à leurs entraîneurs et par rapport à la psychologie de leur entraîneur, mais c’est à nous de voir comment composer avec.

Ne sentez-vous pas une différence dans le jeu entre les filles due aux influences de leur championnat d’origine ?

C’est vrai et il faut le reconnaître. Quand une fille est professionnelle, vous le sentez. Elle est ponctuelle et c’est différent d’une fille qui a travaillé sur le plan local. Les professionnelles sont beaucoup plus libérées sur ce plan. Les «Américaines», elles, ont été cultivées, avec une hargne de travailler dans la vitesse et le dynamisme. Sur le plan esprit aussi, il y a une différence. Mis à part ce côté technique, on ne trouve pas une grande différence dans la vie de groupe. Cependant, les «locales» ont un bon niveau et elles n’ont rien à envier aux autres sur le plan technique. Elles travaillent au même niveau que les autres.

Avec ce beau tableau, pourrait-on s’attendre à une prestation sénégalaise qui ira au-delà des «faibles» résultats d’antan ?

Actuellement, on est à la recherche d’un groupe de performance qui a comme objectif de gagner à Dakar en 2007. Notre objectif est de préparer une équipe compétitive pour gagner la prochaine coupe d’Afrique, il ne faut pas qu’on se leurre. Maintenant, on est en préparation pour la Coupe du monde où il y aura le meilleur niveau sur le plan mondial. Nous y allons pour représenter l’Afrique, pour faire une participation honorable. J’ai la chance d’avoir un groupe qui a la même classe d’âge à quelques éléments près et c’est cela qui va faire notre force. Ce groupe est enthousiaste et va se libérer. Cependant, Il faut également analyser l’autre versant, la plupart des filles en sont à leur première expérience sur le plan mondial et cela peut-être un handicap.

L’entraîneur et son équipe en seront à leur première participation à un Mondial, le Sénégal doit-il encore se contenter de participer ?

Non, jamais ! Je crois que le Sénégal a déjà fait de bonnes participations à la Coupe du monde, on n’a jamais été 16e et déjà en Allemagne, on a été 13e, notre meilleur rang. Maintenant, il faut essayer de se qualifier au deuxième tour. Peut-être, c’est ce résultat qu’on attend de nous pour dire que la participation a été honorable. Et c’est possible avec cette équipe. On est dans ce schéma-là et l’on est en train de travailler pour réussir notre meilleure participation. Et je pense que le Sénégal devrait dépasser ce stade de participer pour participer, vu notre statut en Afrique et nos différentes participations au niveau mondial. J’ôte de ma tête l’idée de participer pour participer. Non, je participe pour être parmi les meilleurs. Je ne dirais pas que je vais au Mondial pour gagner le titre, mais je dirais que j’y vais avec l’ambition d’être parmi les meilleurs. Il faut livrer de très bons matches avec nos adversaires et essayer de tout faire pour être au deuxième tour. Depuis un certain temps, on est parmi les 16 équipes mondiales. Maintenant, il faut être parmi les dix premiers.

Boly BAH