REUNION : Le tenant ou l’aboutissement

Laurent Parata, Yannick Doro et Ibrahim Panchbaya vont tenter de décrocher le titre dans les bras de Sébastien Biscou et du BCD. (Photo d’archives/JCF)

Comme l’an passé, le BCD et Saint-Pierre se retrouvent en finale du championnat. Avec pour les premiers l’ambition de conserver leur sceptre et les seconds de compléter une quête de deux ans.

basket-ball : finales aujourd’hui à champ fleuri

Une année est passée. Des joueurs sont partis, d’autres sont arrivés, sans bousculer l’équilibre des forces. Même demi-finales Saint-Paul-BCD et Tamponnaise-Saint-Pierre. Mêmes résultats. Même finale BCD-Saint-Pierre. Comme l’an passé. Comme cette saison en Trophée coupe de France. Comme tout le monde l’attendait plus ou moins, même si en début de saison des mouvements d’effectifs notamment au Tampon et à Saint-Paul avaient pu faire croire que "le championnat était renouvellé", rappelle Georges Assassa, l’entraîneur du BCD.
Mais au final et en finale, les prétendants et prétendus favoris sont au rendez-vous. En saison régulière, Saint-Pierre est resté le plus fort, le BCD son dauphin. Avec deux dynamiques forcément différentes entre un challenger trop longtemps sevré de trophée, à la recherche de son premier sacre depuis 2008, et un tenant du titre en route vers le triplé à la défense de sa suprématie. "À la conquête d’un titre de champion", corrige Georges Assassa comme pour évacuer une posture de favori après laquelle personne ne court le moment crucial arrivé.
Un discours emprunt de "l’humilité" qu’il souhaite afficher face à un adversaire qui "nous a battu lors de nos deux dernières confrontations." Et pas qu’un peu avec deux gifles 86-69 et 95-62 en poule des As. C’était avec dans les rangs sudistes le Nigérian Solomon Alao qui a depuis dû refaire ses valises faute de l’obtention de papiers. Et sans véritable enjeu, contrairement à la finale du Trophée coupe de France décroché par le BCD en novembre, après une première période de rêve des Saint-Pierrois, rattrapés ensuite par ce "syndrome finale", que décrit leur entraîneur Daniel Doro.
"syndrome finale"
à saint-pierre
Une peste qui colle aux basques et embrume l’esprit, née de deux finales de championnat perdues sans gagner le moindre match ces deux dernières années. Du passé. Et de l’expérience estime Julien Minatchy, l’intérieur saint-pierrois qui y a puisé l’occasion de "s’appuyer là-dessus pour être plus concentré dans les moments-clés." Admettre et comprendre que lorsque lui et ses partenaires sont "trop en confiance, on peut baisser les bras et se désorganiser." De cette nécessité de "rester concentré pour gagner ce titre que l’on attend depuis deux ans, expose Daniel Doro. On en a marre de passer à côté. On veut jouer à fond sans avoir peur de nous, notre pire ennemi."
stabilité au bcd
Un démon difficile à combattre, contre qui il a les armes sur le parquet. Même sans Alao qui leur avait fait beaucoup de bien et surtout donné beaucoup de confiance. Avec l’avénement de Anli Souffou, l’intérieur mahorais qui a explosé cette saison mais aussi les retours de Yannick Doro et Laurent Parata, qui ont apporté leur vécu et leurs points. Un effectif solide, surtout à l’intérieur, même si moins homogène et équilibré que celui du BCD, quasi inchangé avec juste l’apport - non négligeable - de Mathieu Babet. La force de cette équipe selon Georges Assasa. Cette "stabilité qui fait la différence. Les changements ne sont pas forcément payants", souffle-t-il. Avec des individualités qu’il a parfois fallu canaliser parce que "on ne peut pas briller sans collectif." Un groupe formé par des individualités fortes qui peuvent créer un quotidien mouvementé qu’il a parfois fallu ressouder, mais qui a toujours répondu présent dans l’adversité. "On est très solidaire, estime Alexandre Fontaine. On a su se dire les choses en face et on sait que si tout le monde est dedans c’est compliqué de venir nous chercher", complète le shooteur de poche, qui à 23 ans disputera sa première et peut-être sa dernière finale. Éprouvé par de nombreuses blessures, il a décidé de ranger les baskets. Aujourd’hui et si besoin pour les deux prochains matches, il montera sur le parquet "avec l’envie". Celle de doubler la mise pour les Verts. Avec en face des Saint-Pierrois prêts à "aller à la guerre", selon Julien Minatchy. Sans cette fois déposer les armes et décrocher le sceptre.
Hervé Brelay