08 novembre 2012

SENEGAL : Ado Sano, Directeur technique national : « Les clés de nos succès aux Afrobasket juniors… »

Directeur technique national du basket depuis octobre 2010, Ado Sano qui a occupé ce poste entre 2005 et 2006 est revenu avec, dans ses plans, un projet de développement de la petite catégorie dénommé Pajolif (Partenariat joueur-ligue-fédération). Un projet qui commence à donner des résultats avec le succès du Sénégal dans la catégorie des moins de 18 ans en garçons et en filles. Enseignant à l’Inseps de Dakar et expert Fiba, Ado Sano revient dans cet entretien sur ce qui a motivé son intérêt pour la petite catégorie   
Ado Sano, Directeur technique national : « Les clés de nos succès aux Afrobasket juniors… »
Depuis votre nomination comme Directeur technique, vous avez mis en place le projet Pajolif. En quoi consiste-t-il ?
Le projet « Pajolif » veut dire Partenariat joueur-ligue-fédération. Je l’ai mis en place suite à l’acceptation du comité directeur de la fédération d’engager les U 18 et les U 16 sans ressources financières. Je me suis dit qu’il faut les engager dans les compétitions internationales. C’est un projet qui existait avant et que nous avons bonifié avec certains partenaires nationaux. Le Pajolif est un partenariat entre le joueur, la ligue et la fédération. Quelle est la part du joueur ? S’il est convoqué dans une présélection d’une catégorie U 15, U 16, U 17 ou U 18, le joueur n’est pas transporté, il se prend en charge sur ce plan-là. Dans le cadre du déplacement de son équipe dans le département, en sélection régionale ou pour une autre sélection régionale, il peut se prendre en charge s’il a les moyens ou contribuer à son transport. Toujours dans le cadre de la part du joueur, quand un autre joueur vient le rencontrer dans le cadre d’un match interdépartemental ou interrégionale, il est chargé de l’héberger chez lui, de le nourrir. La part de la ligue, c’est d’assurer le moyen de transport de sa sélection régionale dans les rencontres interrégionales. La fédération doit assurer le transport de l’équipe zonale. Les 14 régions du Sénégal sont regroupées dans 5 zones compte tenu de certaines spécificités.
D’où vous est venue l’idée de ce projet ?
Nous sommes partis du fait que 90 % de nos enfants vont à l’école et ils y dépensent plus de 25.000 FCfa par mois. Le basket, c’est aussi un moyen d’éducation et nous nous sommes demandé pourquoi les enfants ou les parents peuvent contribuer jusqu’à 25.000 FCfa ou plus et qu’ils ne peuvent pas donner 1.000 ou 1.500 FCfa pour les entraînements. Deuxièmement, notre système de vie sociale fait que vous pouvez héberger quelqu’un chez vous sans que cela modifie votre ration alimentaire. Partant de là, l’idée de jumeau ou de jumelle est venue. Le joueur ou la joueuse qui vient jouer chez vous est un jumeau ou une jumelle. Nous avons communiqué avec les joueurs, les présidents de ligue, les parents des joueurs présélectionnés pour leur expliquer le projet. Ce projet, c’est surtout pour atténuer les difficultés liées au transport, à l’hébergement et à la restauration. La petite catégorie, quoiqu’on en dise, n’est pas une priorité alors que tout le monde sait qu’on ne peut pas faire un gratte-ciel sans fondement. Si aujourd’hui on veut avoir un bon basket au niveau sénior, il faut que le fondement soit solide et c’est la petite catégorie. Le Pajolif utilise des ressources locales. Les ressources locales veulent dire qu’au niveau de chaque localité, les responsables nommés peuvent aller voir quelqu’un pour lui demander de prendre en charge l’hébergement d’une équipe dans une période donnée. C’est dans ce sens que l’Ugb a beaucoup contribué à ce projet, en hébergeant pendant de nombreux jours des équipes nationales. Il y a aussi le Ciad à Dakar, le Centre de Bopp et une bonne volonté à Bambey.
Quelle est la connexion entre le projet Pajolif et le succès que le Sénégal a eu dans les Afrobasket U 18 masculin et féminin ?
80 % de l’effectif de l’équipe masculine des U 18 qui a participé à l’Afrobasket de Maputo ont évolué à l’intérieur du Pajolif. Un minimum de 35 séances d’entraînements pour les filles et 45 pour les garçons a été organisé à l’intérieur du Pajolif avant que l’autorité, c'est-à-dire le ministère, prenne en charge l’équipe pour une semaine de regroupement. Une bonne partie de la préparation s’est faite sans argent à l’intérieur du Pajolif. Nous avions des gens qui nous hébergeaient à Saint-Louis, à Bambey, au Centre de Bopp ou au Ciad. C’est ainsi que nous avons eu le temps de mettre en place une équipe. D’habitude, l’Etat faisait des regroupements d’une semaine ou deux avant le début d’une compétition et on faisait la préparation de façon accélérée. Cette fois, ce n’était pas le cas. Depuis fin janvier 2012, les jeunes étaient ensemble. Les garçons ont fait 45 séances d’entraînement et 27 matches amicaux et les filles 35 séances d’entraînements et 15 matches amicaux avant d’être pris en charge par l’autorité. Cela a beaucoup contribué à mettre en place une équipe et non une sélection. Nous nous en sommes rendu compte tout au long de la préparation. L’équipe des filles qui a gagné l’Afrobasket des U 18 n’était pas la meilleure ou la plus talentueuse du tournoi, mais elles ont évolué en équipe. Voilà la part du Pajolif dans le succès des garçons et des filles.
Pourquoi avoir pensé à développer la petite catégorie ?
C’est une évidence, une obligation. Même le commun des mortels sait que pour avoir une bonne équipe sénior, il faut des jeunes qui jouent régulièrement. Une équipe sénior n’existe pas comme ça, il faut un cheminement, un parcours. Au dernier Afrobasket des séniors à Madagascar, nous avions battu l’Angola en poule, avec un bon match de Mamadou Ndoye qui a marqué 21 points. Le lendemain, les angolais sont venus me dire qu’ils ont cherché le parcours de Ndoye partout et ils ne l’ont pas vu. C’est pourquoi les jeunes qui arrivent en équipe nationale doivent avoir un parcours. Il faut qu’on les identifie, de la catégorie la plus jeune à celle sénior. C’est ce qu’on appelle le développement d’un joueur. Un joueur ne peut pas venir en sénior et être bon. Il faut qu’au fil de sa croissance, que l’enfant puisse jouer progressivement dans la sélection U 16, U 17 et U 18. Donc, il faut des sélections des petites catégories pour que les jeunes puissent jouer. L’autorité n’ayant pas les moyens, nous avons créé le Pajolif pour que nous puissions identifier les joueurs et développer leur jeu avant qu’ils n’arrivent en sénior. Un joueur se forge dans la petite catégorie et non en sénior. L’entraînement, c’est bon, mais c’est la compétition qui développe le joueur à 80 %. Si on ne développe pas la catégorie junior et qu’on se lève un beau jour pour dire qu’on va gagner devant l’Angola en sénior, cela pose problème. Au Sénégal, on semble ne pas donner d’importance à la catégorie junior, mais ce n’est pas mon cas. C’est pourquoi le président de la fédération était surpris quand je lui avais annoncé que je vais aller à Maputo avec les jeunes plutôt qu’à Praia avec les séniors qui disputaient le tournoi de la Zone 2.
Maintenant quelles sont les perspectives de la Direction technique ?
Nous venons de Saint-Louis où nous nous étions réunis avec les entraîneurs nationaux des équipes impliquées pour les compétitions de 2013. Nous avons 6 équipes qui vont aller en compétition l’année prochaine : les séniors masculins et féminins pour l’Afrobasket, les U 18 garçons et filles pour le Mondial et les U 16 garçons et filles qui sont dans les compétitions régionales et l’Afrobasket. Les jeunes vont jouer le Championnat du monde. L’objectif de départ, c’était de qualifier tout le temps les U 16 et U 18 au prochain Afrobasket et du coup faire des compétitions internationales tous les deux ans. Maintenant que nous gagnons, nous avons plus de deux ans de compétitions avec le Mondial de 2013 et l’Afrobasket de 2014. Nous allons amener des joueurs à fort potentiel, pas forcément les plus grands. Nous allons sélectionner des joueurs qui à l’avenir pourront avoir un impact en équipe nationale. Si on prend un joueur de 16 ans et qu’on l’amène au Mondial, on lui donne l’occasion de s’investir dans les compétitions internationales pendant 3 ou 5 ans d’affilée. Il va jouer un Afrobasket, un Mondial et des Jeux africains avant de rejoindre l’équipe nationale sénior. Investir quelqu’un dans les compétitions internationales, c’est avoir beaucoup plus de visibilité, de temps de préparation et de cadre de développement. C’est ce qui m’intéresse en tant que Directeur technique ; c’est l’occasion que j’ai d’investir progressivement mon joueur qui a 16, 17 ou 18 ans dans les compétitions internationales, mais pas la médaille. Après 3 ou 5 ans, ces jeunes pourront avoir la chance d’être en équipe nationale sénior. On pourra ainsi identifier les parcours des joueurs qui vont intégrer. C’est à nous de les former en qualité. Le cadre et la visibilité sont là.
Propos recueillis par Oumar NDIAYE(le soleil)

1 Comments:

At 17/11/12 01:42, Anonymous Anonyme said...

super le projet

 

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