03 janvier 2011

TUNISIE : Amine Rezig (capitaine de la sélection) - «Pour des structures saines»

«Les excellents résultats de la sélection et l’exploit de jouer le premier mondial dans son histoire ne reflètent point le niveau du championnat. Le niveau des clubs est loin de celui de la sélection, on ne peut le nier. Et ça se comprend. On a très bien travaillé en sélection avec un groupe de joueurs qui jouent ensemble depuis 4 ans au moins, et avec des conditions confortables lors des stages effectués à l’étranger. Il est clair que les progrès de la sélection ne sont pas venus par un pur hasard.
Nous avons réussi, surtout, à donner une nouvelle image de marque du basket tunisien. Mais quand vous revenez au championnat, vous avez l’impression que tout change. On retrouve un championnat faible et pas du tout plaisant avec le train fou de l’ESS et du SN. Il y a certainement quelques bons signes comme la belle prestation des jeunes de l’ES Radès ou du C.Africain, mais dans l’ensemble, on est loin du requis. On s’attendait à mieux sincèrement de la part des autres clubs. Le problème est complexe, personne n’assume la responsabilité à lui seul.
Je pense que l’on doit investir des dirigeants dévoués et passionnés. Si les dirigeants sont là pour désigner l’entraîneur qu’il faut, et pour patienter sur l’équipe, tout va pour le mieux. C’est une question de bons dirigeants qui travaillent sur la durée. Pour cela, il faut que les clubs aient une structure.
C’est, à mon avis, le problème de plus urgent dont souffre le basket tunisien. Je prends l’exemple de l’ESS, mon actuel club, pour dire que c’est une équipe bien structurée avec des rôles bien définis et des conditions matérielles qui incitent les joueurs à se donner à fond. Quand il y a structure claire et des salaires payés à temps aux joueurs, ces derniers ne peuvent que suivre et donner l’exemple.
Vous ne pouvez pas sévir quand il s’agit de joueurs qui ne perçoivent pas leurs dus. Essayons de réorganiser les clubs avant de parler de formation, de niveau de joueurs et du championnat.
Je crois également que nos clubs doivent s’habituer à jouer dans des tournois à l’étranger.
Pourquoi ne participe-t-on pas à des tournois maghrébins, africains amicaux ou officiels? C’est ainsi que l’on pourra avancer. Je termine avec une autre proposition.
Il faut que l’on apprenne à recruter de bons joueurs étrangers. Un joueur valable payé à sa juste valeur ne fera qu’améliorer le niveau du championnat.
Je ne comprends pas le motif de recruter deux étrangers de niveau très moyen, au lieu d’un qui soit valable. Un basketteur étranger payé à 2.000 dollars, ça ne peut jamais vous donner le plus. Au contraire, ça va bloquer la porte devant les enfants du club».