11 avril 2008

REUNION : Ce n’est qu’un au revoir

DÉPART - Fred Robert ne sera plus entraîneur de Saint-Pierre la saison prochaine. Sa rupture avec le basket n’est que temporaire.

Dans un langage fleuri, on pourrait dire que Fred Robert, tel une tulipe arrivée à éclosion, souhaite désormais déployer ses pétales sous d’autres cieux. Non plus se creuser les méninges pour élaborer des systèmes de jeu, mais se consacrer pleinement à un autre système, bancaire celui-là. En résumé, Fred Robert ne sera plus le coach de Saint-Pierre la saison prochaine. Ni d’un autre club, d’ailleurs. “Je veux prendre le temps de m’asseoir professionnellement. Je suis novice dans ce métier, je veux aguerrir mon expérience”, expliquait hier midi ce conseiller bancaire en poste à Saint-Joseph, quelques heures avant d’annoncer la nouvelle à l’ensemble de son groupe.

“C’EST CE QUI M’A CONSTRUIT”

“Mais le basket, ça n’est pas fini pour moi”, ajoutait-il aussitôt. “Je ne pourrai pas stopper le basket, c’est ce qui m’a construit, c’est ce que je suis. Je prends du recul pour peut-être mieux rebondir.” Rebondir. Le terme est bien choisi pour ce fondu de la balle orange, qui a commencé le basket au Tampon en poussins : “J’étais un joueur pas très grand, grande gueule et pas forcément talentueux”, se marre-t-il- puis découvert le coaching à 16 ans, toujours au Tampon, son club “d’origine”. Et puis rebondir, Fred Robert l’a déjà fait, après son éviction de la “maison bleue”, en mars 2005. Un “break forcé”, celui-là, qu’il considère aujourd’hui comme “une bonne chose. J’ai été le fusible qui a sauté. Certes, j’avais ma part de responsabilités, mais je ne pense pas que j’étais le seul. Mais avec du recul, je peux remercier les dirigeants tamponnais, parce que j’ai dû me faire violence pour rebondir professionnellement. Puis ça m’a permis de découvrir un autre club et une autre culture.”

“Saint-Pierre joue comme j’ai envie”

Depuis décembre 2006, à Saint-Pierre, Fred Robert vit une expérience “très enrichissante. J’ai beaucoup fait évoluer ma façon de coacher. J’étais très sévère auparavant, j’ai appris à faire plus de consensus et je pense que le message passe. Au jour d’aujourd’hui, Saint-Pierre joue comme j’ai envie qu’il joue. Pour moi, c’est déjà une victoire.” Qui s’est accompagnée d’autres victoires. Comptables, celles-là. Au SPBB, Fred Robert a étoffé son palmarès, ce fameux palmarès qu’il se fait une fierté de détailler, parce que “même si on ne mesure pas forcément un travail à une victoire, le palmarès reste un véritable révélateur de ce qui a été produit, c’est le CV du coach.” Le sien, en l’occurrence, est fourni, truffé de titres (Championnat, Coupe de la Réunion, Trophée Coupe de France...), mais vierge, encore de trophées en CCCOI et en finales N3. Et pour cause, il n’y a jamais participé. En cas de victoire sur les Aiglons, en finale, peut-être dès demain à Champ-Fleuri, Fred Robert découvrira les deux compétitions dans les semaines à venir. Sûr qu’il voudra y regoûter un jour. “Surtout si je ne les remporte pas !”, rigole-t-il. La saison prochaine, entre deux codes bancaires, il gardera “un œil sur le basket”, “au travers” de son petit cousin Alexandre, cadet au Tampon. La relève est déjà assurée, prête à faire sauter la banque

François-Xavier Rougeot

Souvenirs, souvenirs...

- Une image marquante : “J’en ai trois. 1. Celle de cinq poussins avec qui j’ai été champion de la Réunion sur le terrain du Port ; 2. La victoire d’une belle équipe aux Jeux des îles en 2003, à Maurice, parce que c’était toute une histoire, un contexte ; 3. Le titre de l’année dernière avec Saint-Pierre sur le terrain du Tampon. J’ai gagné devant ma famille, sur un parquet que j’ai posé moi-même.”
- Un joueur : “David Fong-Kiwok. Monsieur “classe sup’”. Un capitaine exemplaire, un joueur vaillant. Julio Samy m’a également beaucoup impressionné.”
- Pire souvenir : “J’en ai deux. 1. Une finale de zone Océan Indien à Mayotte contre Jeux d’Afrique avec le Tampon. Laurent Parata a deux lancers-francs pour égaliser. Il n’en met qu’un, on perd d’un point. Ça a été une terrible désillusion ; 2. Mon éviction du Tampon. J’ai eu mal au cœur.”
- Un regret : “Pas de regrets. J’ai toujours donné mon cœur et mon âme au basket. J’ai toujours été authentique, je n’ai jamais fait dans la demi-mesure.”
- Un défaut à corriger : “Je suis encore parfois trop gentil et tolérant avec les leaders. Ça peut démotiver les seconds couteaux.”
- Un espoir : “(Il réfléchit longuement) J’espère que le Tampon va retrouver sa salle. Et j’espère terminer en beauté ce championnat. Je fais confiance à mes joueurs.”
- Geste préféré : “Pas un geste, une action. J’aime quand un tir est pris par un individu quand il est la résultante d’un effort collectif.”
- Ce qui lui plaît dans le basket : “La défense. Je suis de culture tamponnaise. La défense, c’est surtout une question de mental. Mes références dans ce domaine sont Marco Risacher à la Réunion, Bozidar Maljkovic (ex-Limoges) en France et Gregg Popovich (San Antonio) en NBA ”