17 décembre 2007

SENEGAL : Trois équipes de Louga dans l’élite : Les raisons d’une percée

Avec trois équipes au niveau de l’élite, le basket lougatois s’impose sur le plan national. Une montée fulgurante des clubs de Louga qui viennent bousculer l’ordre établi à savoir l’hégémonie des clubs dakarois sur le basket national. Un travail de fourmi à la base qui mérite d’être consolidé pour permettre à Louga de rester le plus longtemps dans l’élite. Mais, le grand défi reste la fédération des efforts autour d’un seul club fort et uni, capable de représenter dignement la ville au niveau de l’élite qui doit désormais compter avec le basket lougatois.

-Le Ndiambour en garçons et filles et l’Union Sportive lougatoise (USL) ont ainsi gagné leur place au sein de l’élite. Pour le directeur technique régional du basket, c’est l’objectif recherché depuis des années, dans le cadre de la pratique de cette discipline sportive. Pour Madiène Fall, c’est le couronnement de quatre longues années d’efforts, de mobilisation et de sacrifice, des techniciens, joueurs, entraîneurs, dirigeants et supporters qui ont longtemps entamé la marche pour l’atteinte de cet objectif. « Depuis quatre ans, les gens ont travaillé au niveau des cinq centres que compte Louga et qui constituent la pépinière afin de mettre le basket-ball lougatois sur de bons rails », souligne-t-il. Comme pour dire que seul le travail à la base est garant de résultats positifs. Un travail très bien mené du point de vue de l’encadrement, du suivi de la base jusqu’au sommet. « Ce qu’il faudra reconnaître, c’est que les techniciens ont travaillé d’arrache pied en conformité avec le programme quadriennal de développement du basket initié et qui a porté ses fruits sur le plan de l’organisation, de l’encadrement, du suivi, pour donner ces résultats » poursuit Mr Fall.Dossier

La longue marche vers la consécration

Le Ndiambour, en garçon, a retrouvé l’élite après deux ans de purgatoire. Suite à la déconvenue de l’année passée, le staff technique, les joueurs eux-mêmes, les dirigeants et supporters auraient pu baissé les bras à juste titre. Mais, à la grande surprise de tous les férus du ballon orange, le club s’est réveillé brutalement à partir d’une prise de conscience des dirigeants et de certaines personnalités de la ville, en l’occurrence le maire Maniang Faye, qui ont fait le pari de faire revenir le club au sein de l’élite. Les présidents de la Ligue, Abou Sy, de l’Asac Ndiambour, Boubacar Gaye et de la section basket, Mouhamet Sy, se sont eux aussi donnés corps et âmes pour la réalisation de cet objectif heureusement atteint lors du tournoi de montée en D1 organisé à Louga et qui a vu la consécration de l’équipe fanion de Louga.

Il en est de même pour l’USL formée par un groupe d’amis (Serge et William Bampoki, Ndiouga Diagne etc.). L’USL n’était pas venue pour bousculer la hiérarchie, explique son entraîneur Malick Bassirou Diop. « Ces jeunes avaient quitté le Ndiambour parce qu’ils n’avaient pas beaucoup de chance de jouer, du fait de l’effectif très fourni au Ndiambour. La création de ce club répondait plus à ce souci pour ses animateurs de compétir, qu’une quelconque fragilisation du club lougatois à l’époque » souligne-t-il. Alors, née des entrailles du Ndiambour, l’USL loin d’avoir comme ambition de rivaliser avec celui ci, a été renforcée par des dirigeants frustrés. Chemin faisant, sans grands moyens, mais avec un engagement avéré, ces jeunes ont réussi à se battre d’abord en D 3, puis en D2 avant de franchir les portes de la D 1, à la suite d’une longue compétition dont ils ont perdu la finale sans démériter, à seulement 6 points d’écart de l’adversaire, Gorée.

Enfin, vient l’équipe des filles du Ndiambour, qui a elle aussi accédé D1, cette année, pour la première fois. Une équipe qui avait d’ailleurs l’année dernière la chance de réussir ce pari parce qu’ayant joué la finale de la D 2 qu’elle avait perdue face au Rail, ensuite, suite à un autre match de barrage que l’équipe avait également perdu face au Stade de Mbour. « C’est donc pour elles, trois ans consécutives au cours des quelles, elles ont été soit en finale soit en demi finale. Mais il a fallu travailler davantage pour que cette année soit la consécration, l’année où l’équipe est sortie victorieuse de la finale de la D 2 face au Saltigué de Rufisque battu en finale 45 contre 38 » précise l’entraîneur-adjoint, Ibrahima Clédor Cissé. Une qualification qui surprend tous les lougatois qui croyaient certes à cette équipe féminine mais dont les joueueuses n’avaient pas encore acquis une expérience réelle.

Solidarité et manque de moyens

Selon le directeur technique régional, ce qui fait la véritable force du basket-ball lougatois, c’est d’abord la solidarité agissante au niveau des techniciens. Un état de fait que les supporters, dirigeants et joueurs ont confirmé. « Il n’y a pas de dichotomie dans l’entraînement, dans l’encadrement et d’ailleurs, les entraîneurs sont des formateurs directs au niveau des centres de basket et participent tous, à la préparation des équipes » reconnaît le président de la Ligue de basket, Abou Sy. « Même si par le passé, les remous qui ont secoué le Ndiambour ont amené la création de l’USL, cela n’a pas déteint sur les performances obtenues par les trois équipes » confirme, le capitaine du Ndiambour. L’autre force, selon le staff technique, c’est le travail accompli durant les préparations et les compétitions proprement dites. « Il n’y a pas eu de répits dans les entraînements basés sur des programmes de travail bien concoctés. La montée fulgurante du basket-ball est soutenue par une absence de disparités dans le fonctionnement de la discipline et les dirigeants sont également mobilisés autour des équipes », soutient le DT régional

Concernant les faiblesses du secteur, les dirigeants relèvent en premier lieu, le manque de moyens. Les équipes de basket de Louga ont ceci de particulier, aucune d’entre elle n’a les moyens de ses ambitions. Elles vivent de la seule subvention de la mairie et de la contribution des bonnes volontés. La mairie octroie une subvention globale de 10 millions à l’Asac Ndiambour qui fait la répartition aux différentes disciplines. L’USL, elle bénéficie d’une petite subvention municipale de 500 000 francs, doublée par Maniang Faye par ses moyens propres. Enfin l’autre faiblesse, c’est ce que les uns appellent aujourd’hui « la dispersion des forces » avec l’éclatement des équipes qui pouvaient se retrouver en une seule équipe forte et soudée. « Si on pouvait avoir autour d’une même entité, l’ensemble des acteurs du basket-ball lougatois, on pourrait vraiment jouer les premiers rôles au niveau de l’élite » conclut le DT régional.

Des populations très enthousiastes

Nombreux ont été les lougatois qui ont été heureux de voir le basket-ball local se propulser au niveau de l’élite. La plupart des personnes interrogées soutiennent que le Ndiambour a plus de chance maintenant avec le basket qu’avec le football qui traverse encore une crise.

C’est pourquoi, elles se disent prêtes à accompagner les équipes de basket lougatoises pour qu’elles redonnent à Louga sa place d’antan dans le cercle des grands clubs sportifs sénégalais et africains. En outre, elles adhèrent entièrement à la réflexion proposée par le maire Maniang Faye très attaché au club lougatois, d’aller vers une fusion des équipes du Ndiambour et de l’USL pour créer une équipe de ville forte, unie et solidaire autour de laquelle Louga pourra bâtir un basket performant.

Réactions des entraîneurs - Malick Bassirou Diop (USL) : « Rester dans l’élite le plus longtemps possible »

« L’USL est entrée dans le monde du basket très difficilement. Les moyens font défaut et l’effectif n’est pas trop au point parce que nous manquons de joueurs surtout au niveau des grands. On n’arrive pas à trouver 14 joueurs fonctionnels pour être compétitif dans un championnat qui se joue entre 20 et 22 joueurs du fait des blessures qui peuvent survenir à tout moment. Nous avons un noyau dur très engagé en quête de performance, renforcés par des jeunes des écoles de basket. Le championnat démarre le 1er janvier et il nous reste beaucoup à faire. Il nous faut disposer d’une équipe compétitive pour nous battre encore afin de rester le plus longtemps possible dans l’élite ».

Ameth Gaye ( Ndiambour garçons) : « Revenir au niveau de l’élite était notre challenge »

« On était descendu en D2, il y a deux ans, du fait de l’hémorragie causée par le départ de certains joueurs. Tout de même nous avons longtemps gardé l’ossature et travaillé durement à renforcer l’équipe avec les jeunes, pour atteindre aujourd’hui notre objectif qui consistait à retrouver notre place au niveau de l’élite. Dieu merci, nous l’avons réussi grâce à l’engagement de tous. A la différence de L’USL qui est une équipe confirmée expérimentée, le Ndiambour est une équipe d’avenir qui peut s’imposer au niveau national avec le talent de ses jeunes joueurs ».

Ibrahima Clédor Cissé (Ndiambour filles) : « Les régions doivent faire partie de l’élite »

« Nous avons une équipe sympathique et très jeune, qui n’espérait pas aboutir à ce stade de la compétition, c’est-à-dire en D1. L’année dernière, on était en finale, c’est vrai, mais cette année, l’équipe s’était tellement rajeunie qu’on songeait beaucoup à ce que le manque d’expériences pouvait nous coûter. IL faut que les régions fassent partie de l’élite. Louga aujourd’hui confirme une certaine maturité des clubs régionaux qui commencent à s’imposer et réclamer leur place dignement au niveau de l’élite. Notre objectif comme pour toute équipe qui accède pour la première fois dans l’histoire en D1, c’est de se battre pour y rester, mais aussi à décrocher des titres ».

Maniang Faye maire de Louga : « Pour la fusion des équipes »

« Je me félicite de la performance de nos équipes de basket, en commençant par l’USL qui a accédé en première division après seulement deux années d’existence au cours desquelles elle a joué la finale de la coupe du Sénégal. Mais aussi et surtout les filles qui accèdent pour la première fois dans l’histoire en D1 à côté des garçons qui ont réussi à revenir dans l’élite. Le basket lougatois est en train d’émerger et de confirmer les talents au niveau local. Seulement, nous pensons qu’il est temps, après avoir atteint cet objectif, de travailler à maintenir le plus longtemps, les équipes à ce stade. Nous invitons les lougatois à explorer quelques pistes de réflexions, à savoir aller vers la construction d’une équipe de ville de basket en filles et garçons forte et unie. La fusion de l’USL et du Ndiambour est une exigence, car l’ASAC Ndiambour en tant club pluridisciplinaire, est trop lourd et gagnerait alors à trouver une formule pour séparer le basket de la gestion du Ndiambour. Cela permettra de regrouper les forces et par souci d’efficacité, de bénéficier d’une subvention consistante de la municipalité qui a porté la subvention du Ndiambour de 4 à 10 millions et puis à 20 millions dans le cadre de la réforme. Les populations seraient prêtes à accompagner cela. Je réitère ma disponibilité totale à soutenir nos clubs et signale aux populations qui souhaitent mon retour à la tête de l’Asac que cela est pour le moment impossible. Car, par souci de bonne gouvernance, je ne peux pas être maire et président de club ».

Réalisé par Ousmane Mbengue