04 décembre 2007

SENEGAL : L'ARBITRE : Un élément incontournable de la performance sportive.

C'est peut être la raison pour laquelle l'on ne saurait parler de performance sans s'attarder sur ceux là qui sont chargés de juger les actions des joueurs ou des athlètes engagés dans la compétition sportive. Ils sont partie prenante et veillent à une application judicieuse des règles.
En sport individuel, un athlète au sommet de sa forme peut être disqualifié par le juge pour un empiétement, un passage du témoin hors zone, pour dopage, pour violation à une règle, etc.
Dans les sports collectifs, lorsque l'arbitre oublie une violation tout peut s'écrouler au niveau de la défense adverse. Et alors, tout le monde crie au scandale.

C’est donc que « l’homme en tenue » est un élément incontournable dans la réalisation de la performance sportive. Par ses erreurs, il peut influer sur le résultat d’une rencontre et pourtant il est par principe impartial et doit être marqué du sceau de l’infaillibilité. Il est le juge, un censeur nécessaire dans le monde du sport, du monde tout court, qui tente de freiner les nombreux débordements des actes engagés par les joueurs en quête de performance. Cependant, plusieurs facteurs peuvent influencer ses décisions.

Plus que dans tout autre sport, le basketball a besoin d’arbitre pour interpréter et sanctionner les faits et comportements non autorisés par le règlement du jeu. La rapidité des actions de jeu, leur concentration sur un espace limité (210 m² sur 420 disponible) que se disputent dix (10) joueurs avec des contraintes temporelles font que le législateur a retenu deux (2) ou trois (3) arbitres pour diriger une rencontre de basket-ball, ayants les mêmes droits et prérogatives mais évoluant de manière à ne laisser passer aucune action de jeu illégale ou comportement non conforme à l’esprit du jeu.

Pourquoi donc les arbitres sont-ils très souvent mis au pilori ?

A notre avis, plusieurs raisons peuvent être évoquées :
1. Les unes sont liées à l’entraîneur et aux comportements des joueurs.
2. Les autres sont inhérentes aux insuffisances du juge des actions de jeu ;

Pour l’entraîneur, seuls les schémas tactiques simulés au tableau doivent guider les actions techniques et comportements tactiques de ses joueurs sur le terrain. Il oublie souvent que ses belles théories ainsi que l’exécution de ses schémas et combinaisons tactiques sur le terrain de jeu peuvent être annihilées par un geste inapproprié du joueur, par une action défensive de l’adversaire ou par tout autre élément que lui entraîneur ne peut prévoir au moment de l’élaboration de ses schémas et combinaisons tactiques, une possibilité d’erreur d’arbitrage, par exemple !


Dans ce cas de figure, l’entraîneur oublie les insuffisances de ces joueurs, l’inefficacité de ses choix tactiques et tire à boulets rouges sur l’arbitre, aidé en cela par les joueurs et les supporters de son équipe.
Il y a donc trop souvent un décalage entre les belles théories illustrées sur tableau et l’expression sur le terrain de ces théories, surtout lorsque les règles qui régissent le jeu de basketball ne sont pas bien maîtrisées par les acteurs.

Or la maîtrise du code de jeu est indispensable pour l’arbitre, l’entraîneur comme pour le joueur, d’autant qu’il existe une interaction entre l’expression sur le terrain des faits et gestes du basketteur et les dispositions arrêtées par le législateur au regard de ces faits et gestes. C’est ce qui explique les modifications régulières – tous les quatre (4) ans – du Règlement officiel de Basketball.

En apportant des modifications fréquentes dans les dispositions du Règlement officiel de Basketball, relativement aux gestes techniques et comportements tactiques adoptés par les joueurs dans l’espace et dans le temps, le souci du législateur est d’assurer un équilibre entre l’avantage et le désavantage dont pourraient bénéficier les acteurs en présence dans la conquête du ballon pour marquer un panier dans le respect des principes fondamentaux qui régissent la pratique du basketball .

Face à ce souci du législateur, l’entraîneur avisé est toujours habité par deux attitudes :
• l’une qui lui impose la nécessaire information de ses joueurs sur les tenants et aboutissants des nouvelles règles
• l’autre qui l’amène à réfléchir sur comment bénéficier des zones non élucidées des nouvelles règles.
L’entraîneur, avec son esprit inquiet, toujours astucieux, pense aux moyens légaux qu’il pourra utiliser dans le respect de la nouvelle règle mais aussi à ceux subtils qu’il peut tirer de la règle, lesquels le législateur d’abord, l’arbitre ensuite n’ont pas prévu . C’est là qu’il faut insister sur le véritable rôle de l’entraîneur : celui de former techniquement et tactiquement ses joueurs et de les éduquer moralement dans le respect des règles en leur faisant comprendre que l’arbitre n’est pas un gendarme mais un ami qui est chargé de maintenir un équilibre entre les acteurs et d’appliquer les règles de manière judicieuse’’.

Evidemment lorsque l’entraîneur apprécie de la sorte l’arbitre, celui-ci se doit de faire en sorte que ses connaissances théoriques ne soient pas en deçà de sa prestation. Il doit avoir de grandes qualités physiques et se maintenir en bonne condition physique, maîtriser la mécanique de l’arbitrage, avoir une bonne vision et une parfaite compréhension du jeu, agir en professionnel et réagir aux actions illégales du jeu par reflexes appropriés. Il ne doit pas être dogmatique dans l’exercice des pouvoirs d’interprétation que lui accorde le Règlement officiel, dans les cas non prévus.

Un bon arbitre est celui qui généralement laisse les acteurs du jeu satisfaits à la fin de la rencontre. Malheureusement, trop souvent, supporters et joueurs imputent la défaite de leur équipe à l’arbitre qui n’est qu’un être humain donc capable d’erreurs. Le paradoxe est que jamais une équipe ne justifie sa victoire à travers l’arbitrage.

Pour éviter qu’on lui fasse porter le chapeau, l’arbitre doit éviter que des violations comme le marcher deviennent des actions normales, que les 3, 5, 8 et 24 secondes tirent en longueur, que les pressings accrocheurs, les obstructions qui remplacent les écrans, les joueurs qui, ballon en main, bombardent tout sur leur passage, etc. ne soient pas sanctionnés.

Nous constaterons donc, pour conclure, qu’un bon arbitrage contribue souvent à la libre expression des capacités et qualités des joueurs mais, à contrario, la méconnaissance des règles ainsi que certaines attitudes de contestation permanente des décisions du juge du jeu peuvent annihiler les performances d’une équipe.

Nous sommes convaincus que l’instauration d’un climat de coopération et de compréhension mutuelle entre les différents acteurs du jeu (arbitres, officiels de la table, commissaire, entraîneurs et joueurs) peut contribuer à la réalisation de la performance sportive. Et le rôle de l’arbitre est essentiel dans cette entreprise.

L’arbitre, l’entraîneur, le joueur sont des êtres humains et comme tels sont capables d’erreurs. Il suffit que chacun le comprenne dans la tolérance et le jeu de basketball ne sera que plus agréable à vivre dans la bonne humeur et le fair-play.


Par Ousmane Ndiaye,
Ancien Arbitre International