REUNION : Les joueurs de Saint-André s’alarment

Rien ne va plus au BC Saint-André. Champion en 2001 mais... dernier de R1 cette saison, le club de l’Est semble ne plus tenir qu’à un fil. Ses joueurs ont décidé de parler. Principale personne visée : Aldo Bourly, le président et entraîneur du BCSA.

Tout est parti d’un coup de fil, lundi soir, sur les coups de 21h30. Un coup de fil de désespoir des joueurs du BC Saint-André, qui ont décidé, par la voix de leur meneur de jeu Cédric Saint-Firmin, d’exprimer ce qu’ils avaient sur le cœur. “J’appelle au nom de tous les joueurs”, précise au préalable Saint-Firmin. La raison de leur ras-le-bol ? La décision - prise seul - de leur entraîneur (et président) Aldo Bourly de déclarer forfait pour le match face au Tampon, initialement programmé samedi soir au gymnase Debré mais reporté pour cause de Dipavali. “Lundi soir, le coach est arrivé et il nous a dit qu’il allait annuler le match. Ses motifs ? Il nous a dit qu’il n’avait pas envie de gaspiller de l’argent pour les arbitres, qu’il connaissait déjà le résultat et que des gars de l’équipe n’avaient pas de voiture. Mais certains d’entre nous en ont une ! Il est en train de dégoûter les joueurs. On était 17 en début de saison, on arrive à être 10 aux matchs mais on est que 5 aux entraînements. Il s’en fout de nous ! Il y a déjà des joueurs qui sont partis, comme Fred Payet ou Alain Sinama (au BCD). Je ne suis pas le genre à appeler la presse comme ça, mais là je suis choqué, c’est la première fois que ça m’arrive depuis que je suis gamin. Nous, on veut jouer !” Joint lundi soir pour réagir à ces propos, Aldo Bourly n’a pas pu réprimer un certain agacement. “Ils veulent jouer quoi ? Quand je suis arrivé à l’entraînement, il y avait 5 mecs ! C’est un débat de sourds. Je ne vois pas l’intérêt de faire descendre le Tampon pour un match reporté où il n’y a pas d’enjeu. On ne va pas perdre 200 euros pour les arbitres !” Le motif de l’appel des joueurs saint-andréens est en réalité l’arbre qui cache la forêt. Car rien ne va plus au BC Saint-André. Il est bien loin le temps où le BCSA jouait les terreurs dans le championnat local, y compris chez les filles, coachées à l’époque par... Aldo Bourly. Le temps où Georges Assassa et son équipe de choc (Cédric Amo, Fabrice Éthève, Fred Payet, Thierry Faqui, Samy Julio...) décrochaient le titre de champion en 2001.

“Qu’il passe la main”

Bon dernier de R1 (sept défaites consécutives), le BCSA version 2007-2008 traîne sa misère depuis l’entame de saison, sur et en dehors du terrain. Beaucoup pointent du doigt un club au fonctionnement assez opaque, au sein duquel Aldo Bourly, se serait retrouvé - volontairement ? - esseulé au fil des ans. Il se dit même que le président-entraîneur souhaiterait mettre un terme à son mandat en fin de saison. “C’est du gâchis total ici. Je joue à Saint-André depuis que je suis gamin, ça me dégoûte. Il n’y a aucune structure. Il y a Aldo Bourly, les joueurs de l’équipe 1 et c’est tout. Il n’y a plus rien, et c’est en grande partie à cause d’une personne. C’est désolant pour une ville comme la nôtre”, se lamente Saint-Firmin. Pour le meneur de jeu, il n’est pas question de casser du petit bois gratuitement sur le dos de son entraîneur, malheureusement injoignable (et sa messagerie pleine) hier. “Aujourd’hui, je parle comme ça, mais devant lui je dirai la même chose”, indique-t-il. “Je le connais depuis que je suis gamin, il m’a entraîné en poussins et en cadets. Aldo a fait énormément de trucs bien pour le club. Pour les jeunes, notamment. Mais maintenant, avec son boulot, ce n’est plus pareil. Que son travail soit prioritaire sur le basket, c’est normal, mais on a également un travail. Il faut respecter les autres, aussi. Qu’il veuille se consacrer à son travail, ça ne dérange personne, mais qu’il ne laisse pas l’équipe dans l’inquiétude. Ou alors, qu’il passe la main.” C’est là tout le problème, semble-t-il. “Aldo est spécial, il n’aime pas partager”, lâche Saint-Firmin qui fait preuve d’un discours mature pour un joueur de 19 ans. Ce dernier cite en exemple le refus d’Aldo Bourly en 2005 de donner les rênes de l’équipe senior à Georges Assassa, saint-andréen de cœur parti depuis faire le bonheur du BCD, alors que celui-ci proposait ses services sur trois ans. D’autres évoquent le cas de Yannick Coignard, aujourd’hui entraîneur des Tamponnaises, évincé de son poste d’entraîneur garçons en 2005. Du côté de la Ligue, le cas saint-andréen embarrasse. De l’aide a bien été proposée au club (à Aldo Bourly, en fait), comme cela fut précédemment le cas avec le Chaudron ou Saint-Louis. En vain. “De voir péricliter Saint-André ne me fait pas plaisir, c’est sûr. Mais à un moment, quand on propose de l’aide, il faut qu’il y ait une vraie volonté de la part des participants”, admet la présidente Yolaine Costes, impuissante devant le problème. “Le club coule. L’année prochaine, n’espérez pas voir Saint-André en R1 !”, s’emporte Saint-Firmin, avant de reprendre, plus calmement : “si personne ne reprend le club à temps, il n’y aura plus de BCSA l’an prochain. C’est déjà dans les têtes.” Vu le vivier jeunes qui existe à Saint-André, ce serait un sacré coup porté au basket local. À suivre.

François-Xavier Rougeot