21 août 2007

REUNION : Si près de l’exploit

Héroïques, les basketteuses réunionnaises ont failli réaliser l’impossible exploit de battre Madagascar, hier, lors d’une finale fabuleuse.

Lui non plus ne peut retenir ses larmes. Comme ses joueuses qui s’effondrent autour de lui, Victor Carlot est inconsolable. Le sélectionneur réunionnais vient de passer à deux doigts d’un exploit qui semblait, encore hier matin, totalement impossible. Personne, en effet, ne pouvait imaginer que ses joueuses parviendraient à bousculer les Malgaches devant leur incroyable public. Personne ne pouvait penser que ces jeunes filles, un peu trop tendres depuis le début de la compétition, parviendraient à hisser leur niveau de jeu aussi haut. Et pourtant, elles l’ont fait. Et de quelle manière... Dès les premières secondes, dans une ambiance indescriptible, les Françaises prennent leurs adversaires à la gorge avec une agressivité jusqu’alors insoupçonnée. Discrète lors des matchs précédents, Vanessa Turpin se montre exceptionnelle au rebond. À ses côtés Evelyne Fari est, elle aussi, intraitable. La bataille de l’intérieur, qui semblait perdue d’avance, est en passe d’être gagnée ! Alignée au poste de meneuse, Leïla Sellier déboussole, quant à elle, la défense malgache. Victor Carlot a fait les bons choix. Tout se passe comme dans un rêve. À la surprise générale, à la fin du premier quart, c’est la Réunion qui mène au score (16-7) !

La rencontre bascule

La reprise est plus difficile. Déchaînées, les Malgaches recollent au score grâce surtout à Ange Rasoambolanoro, leur géniale petite meneuse. C’est de la folie dans le Palais des Sports. Mais les Réunionnaises laissent passer l’orage. À trois points, Lise Sinacouty stoppe d’abord l’hémorragie. Puis, du haut de leurs 14 ans, Mélodie Gamarus et Florine Basque permettent à la sélection de reprendre sa marche en avant. À la mi-temps, les Réunionnaises sont toujours devant (34-32). On se prend à rêver. Nullement rassasiées, les Françaises reviennent des vestiaires encore plus affamées. L’ambiance est électrique. Les spectateurs s’en prennent à l’arbitre. Les projectiles volent sur le parquet. Mais encore une fois, cette diablesse d’Ange Rasoambolanoro évite l’implosion dans les rangs malgaches et relance les siennes. Les deux équipes prennent, l’une après l’autre, l’avantage au score. À chaque possession, le public retient son souffle dans le dernier quart-temps. Le chaos est proche. Il reste moins de cinq minutes à jouer. Sur un nouveau coup de génie, Isabelle Mounoussamy redonne deux points d’avance à la Réunion. Quelques instants plus tard, Florence Castaingts, pourtant seule dans la raquette, manque l’immanquable. Sur le contre, Madagascar revient à égalité. Les 10.000 spectateurs sont debout ! En deux minutes, la furia malgache va s’abattre. Épuisée, Leïla Sellier manque plusieurs lancer-francs précieux. La rencontre a définitivement basculé. Balayées de quarante points, il y a quatre ans à Maurice, les filles de Victor Carlot peuvent être fières d’elles. Contre toute attente, elles ont réussi l’impensable exploit de faire douter tout un peuple.

Florent Turpin

Ils ont dit

- Victor Carlot (sélectionneur) : “Je suis très fier de mes joueuses, du chemin qu’elles ont accompli. Il ne nous a manqué que trois minutes pour réaliser un exploit historique. On a manqué de lucidité en fin de match. Je savais que l’on était capables de faire un truc pareil...”

- Daphné Marie-Louise : “On n’avait rien à perdre et on a tout donné. Bien sûr, je sais que nous sommes passées près, mais il ne faut pas oublier qu’il y a quatre ans, à Maurice, on avait pris quarante points. Je suis très fière de mes coéquipières.”