30 août 2007

REUNION : Picardo, l’appel des sommets

Moins de deux semaines après le sacre de la sélection à Tana, Ruddy Picardo a retrouvé les parquets de métropole. Avec des souvenirs plein la tête et une motivation décuplée.

“Pas le temps de se reposer !”. Après le titre empoché avec ses potes de la sélection à Mada, Rudy Picardo n’a eu que très peu de temps pour souffler et profiter de son île. Une semaine, à peine, à consacrer à sa famille, chez lui, à Sainte-Clotilde. Comme l’ensemble des kréopolitains sacrés sur la Grande Île, Rudy Picardo a déjà retrouvé les parquets de la métropole. Le meneur titulaire de la sélection a repris le chemin de l’entraînement lundi dernier avec son club de Recy-Saint-Martin, fraîchement promu en N2. Avec encore un peu, il l’admet, la tête aux Jeux, à la cérémonie d’ouverture “assez grandiose”, à la démonstration en finale face à Mada dans un Palais des Sports de Mahamasina bondé et acquis à la cause malgache. “On s’est pris des bouteilles, des insultes. Tout le public était contre nous, hostile.” De quoi accroître la saveur de sa médaille d’or, sa deuxième avec la Réunion après celle glanée à Maurice, en 2003. “Ça aura été une fierté de représenter la Réunion. Maintenant je suis obligé de tourner la page. Mais en gardant du recul, quand même, je suis fier de ce que nous avons fait.”

“Ne pas tomber aux oubliettes”

Le championnat qui l’attend désormais (coup d’envoi le 15 septembre) n’aura bien sûr rien de comparable avec les Jeux. En terme d’ambiance, bien sûr, mais aussi en terme de niveau. Sur son chemin, Rudy va retrouver des meneurs de jeu coutumiers des joutes de haut vol. Rien à voir avec certains de ses vis-à-vis aux Jeux, “qui ne savaient pas dribbler main gauche” et que ce chipeur de ballons a pris un malin plaisir à martyriser. “Les Jeux, c’est rugueux, c’est physique, ça court, ça saute mais c’est moins technique que la métropole”, assure Picardo. De fait, l’ex-meneur du BCD va aussi devoir se familiariser avec la N2, après une saison passée à survoler la N3 (une seule défaite) et à compiler des statistiques flatteuses (17 points, 7 passes, 5 interceptions de moyenne). “Ce sera plus dur, il y aura plein de meneurs passés par la N1, la Pro B, voire la Pro A. Ce sera intéressant pour la suite.” Car justement, Picardo a de la suite dans les idées. Son objectif ? “Monter, monter, monter.” Comprenez retrouver le monde pro, qu’il a quitté lorsque Châlons-en-Champagne (Pro B), club qui l’a formé durant quatre saisons, a décidé de ne pas le conserver, voilà deux ans. Un mal pour un bien, finalement. Car à Recy, club partenaire de l’”Espé”, Picardo s’est épanoui dans un rôle de leader, aux côtés du pivot US Anthony Thomas, l’autre joueur majeur de l’équipe. “Dans le monde pro, on m’a catalogué comme un bon défenseur qui donne du punch en attaque, mais pas comme joueur majeur. A Recy, j’ai appris à gérer une équipe. Ça demande beaucoup de patience et ça m’a permis de découvrir d’autres aspects du jeu.” Picardo n’hésite pas non plus à s’abreuver des conseils de Florent Eleleara, leader de la sélection à Mada et nouveau meneur n°1 de Boulazac (Pro B). Ceux d’un grand frère, en quelque sorte. “Flo a quand même dix ans de carrière derrière lui. On discute souvent. Il me dit de continuer à jouer comme je joue.” Conscient de ses lacunes - “mon tir n’est pas encore assez fiable”, glisse-t-il notamment -, cet étudiant en fac d’anglais se donne “2-3 ans” pour atteindre la Pro B. “Il ne faut pas trop tarder, pour ne pas tomber aux oubliettes.” “Rudy a toutes les qualités pour arriver plus haut, je pense qu’il va faire une bonne saison”, pressent Miguel Ramirez, le sélectionneur réunionnais, qui a dénoté chez son meneur une bonne dose de “maturité, malgré la pression qu’il y avait dans le gymnase” à Tana. “Rudy a été un des meilleurs joueurs du tournoi”, poursuit Ramirez. “Il nous a apporté beaucoup, surtout en défense. A lui tout seul, il créé un peu de panique chez l’adversaire. Et il nous a beaucoup aidé en finale avec ses pénétrations.” Picardo a désormais deux semaines pour affiner sa préparation avec Recy, le maillot... bleu-blanc-rouge de la Réunion estampillé “France” (qui n’aura d’ailleurs pas servi aux Jeux) sur les épaules. “Ils m’ont un peu chambré ici quand je suis arrivé avec à l’entraînement. Ça va durer une semaine. Après, ils auront oublié.” Pas lui.

F-X. R.