SENEGAL : VIEUX FALL, ENTRAINEUR DE L'EQUIPE DE BASKET FEMININE DU STADES DE MBOUR:«Une équipe jeune, très compétitive qui peut faire mal»
L'équipe féminine de basket du Stades de Mbour jouera cette saison parmi l'élite. Elles ont obtenu leur ticket d'entrée à l'issue d'un tournoi durant lequel, les protégées de Vieux Fall ont fait un parcours sans faute, surclassant, avec panache et brio, leurs adversaires. Dans cet entretien, le coach de l'équipe fanion de la Petite côte revient sur leur parcours et balise le chemin du futur...
M. Fall, vous êtes l'entraîneur de basket de l'équipe féminine du Stades de Mbour. Pouvez-vous revenir, pour nos lecteurs, sur votre parcours professionnel dans la discipline ?
Je suis né à Thiès et j'ai joué au Lat Dior. J'ai grandi dans un quartier de basket, Angoulême, le même quartier que Magatte Diop, Ado Sano, Pape Moussa Touré, Issakha Barry et Cheikh Amala Ndiaye. Donc, c'est un quartier de basket. J'ai fait ma carrière de basketteur là-bas. Ensuite, je suis devenu entraîneur de basket au Lat Dior en 1979. J'ai commencé avec une équipe féminine, en petite catégorie. En 1980, j'ai obtenu mon premier degré et, en 1981, mon deuxième degré. Je suis venu à Mbour en 1982. C'était difficile au début parce que le basket n'était pas très présent dans la ville. En 1991, j'ai fait monter l'équipe du Stades de Mbour en première division. Mais, malheureusement, nous avons perdu beaucoup de joueuses et l'expérience n'a pas été satisfaisante. En 1994, je suis retourné à Thiès pour prendre l'équipe masculine de l'Us Rail que j'ai qualifié aux phases finales nationales en Saint-Louis. Après la scission du Stades de Mbour, les dirigeants m'ont fait revenir. J'ai recommencé le travail à zéro parce que toutes les basketteuses étaient parties au Basket Club de Mbour. J'ai recruté une équipe et on a commencé à travailler en 1997/98 lentement mais sûrement. C'était difficile parce qu'il n y'avait pas tellement de moyens. J'ai travaillé étroitement avec les familles surtout pour que les filles aient une certaine disponibilité. Donc, il y avait même une complicité au niveau des familles. Je suivais régulièrement les résultats de mes filles à l'école. Aujourd'hui, le résultat est là, nous avons une équipe très compétitive et très jeune qui peut même faire une fierté au niveau national.
Le Stades de Mbour vient d'accéder en première division à l'issue d'un tournoi organisé en fin de saison. Avec un peu plus de recul, comment appréciez-vous cette consécration ?
Mais avec une certaine réjouissance, parce que je suis avec ces filles depuis plusieurs années. Nous avons beaucoup travaillé sur cet objectif et Dieu a exaucé nos vœux avec, je dois dire, la manière. C'est une équipe qui venait de la troisième division sans défaite. En deuxième division également, nous avons surclassé toutes les équipes. Nous avions pourtant en face de nous des équipes aguerries qui y jouaient les premiers rôles. Pour ce qui est du tournoi de montée en première division, nous avons aussi gagné tous nos matchs avec de larges écarts. En demi-finale, nous avons battu Guédiawaye aussi bien à l'aller qu'au retour avec plus de 45 points d'écart. En finale, nous avons surclassé le Basket Club de Mbour avec 49 points d'écart. Donc, c'est une belle performance et je suis vraiment fier de mes filles qui ont beaucoup travaillé pour atteindre ce niveau.
Avez-vous senti l'engouement populaire que vous attendiez derrière votre jeune équipe ?
Non, vraiment au niveau de Mbour, ça reste. On ne sent même pas l'engagement de la population derrière cette équipe. Les gens pensent plutôt au football qui ne marche pas à Mbour depuis un certain temps. Je pense que le sport en général, c'est beaucoup de disciplines et les populations doivent appuyer également les autres disciplines.
Avez-vous aujourd'hui les moyens de demeurer dans l'élite du basket quand on sait que ce n'est pas la première fois que vous accédiez en première division ?
C'est vrai que ce n'est pas la première fois, mais il y a une différence quand même. Aujourd'hui, nous avons une équipe que nous avons conçue à partir des expériences passées. Donc nous avons beaucoup réfléchi surtout sur les athlètes au niveau de la détection avec des filles qui avaient des dispositions pour jouer au basket dans la sélection préalable. J'ai dit au début qu'il me fallait des athlètes parce que le basket, c'est de l'athlétisme d'abord. Donc, il faut des filles qui ont la capacité de faire du basket, de vraies athlètes. Nous avons travaillé sur ça et, au résultat, nous avons une équipe très jeune, mais pleine de qualités sur les plans technique et physique. Maintenant, en première division, c'est autre chose. Parce que nous allons trouver des équipes qui ont l'habitude de compétir, des filles plus aguerries, mais je pense que nous pouvons faire de bons résultats en première division.
Vous allez renforcer votre potentiel ?
Si on a les possibilités, on le fera comme toutes les équipes. Parce qu'on peut même avoir des départs. Nous avons des filles intéressantes que les dirigeants des autres clubs regardent avec une attention particulière. Donc si on a la possibilité de renforcer certains secteurs, on le fera.
Pour revenir au tournoi de montée en première division, qu'est-ce qui vous a le plus marqué dans cette compétition ?
Ce qui m'a le plus marqué, c'est surtout le mental de mes filles. En finale, je savais qu'on avait une équipe plus forte, mais c'était un derby mbourois (Ndlr : Finale jouée contre Mbour Basket Club). C'est la psychologie de l'entraîneur, c'est-à-dire amener les joueuses, le jour de la compétition, à être dans une condition de motivation exceptionnelle. Donc, le jour de la finale, c'est ce que nous avons pu avoir, des filles hyper-motivées, qui sont venues sur le terrain avec la rage de gagner. J'ai donc réussi mon pari. C'était un match difficile parce que nous avions joué cette équipe dans la saison avec un écart de 13 points seulement. Je savais qu'on avait la meilleure équipe mais, psychologiquement, les filles n'étaient pas très bien préparées pour ce genre de rencontres. Donc, nous avons mis davantage l'accent sur ce point.
Il est fait état d'une absence notoire d'infrastructures sportives à Mbour. Votre équipe reçoit même ses matchs dans un collège privé. Ne pensez-vous pas que cette absence d'infrastructures soit, pour cette saison dans l'élite, votre principal handicap ?
Affirmatif. Parce qu'une grande équipe, c'est d'abord des infrastructures. Et à Mbour, c'est ce qui manque. La municipalité est en train d'ériger un terrain au Cdeps. Nous attendons. Mais le constat est que Mbour n'abrite aucune infrastructure digne du nom et c'est un sérieux handicap.
Propos recueillis par
Matar Diagne
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