13 août 2012

TUNISIE : JO — La participation tunisienne de A à Z

Atouts nouveaux, palier de plus…
Atouts nouveaux, palier de plus…
Les chiffres que nous vous proposons plaident pour deux éléments : le jeu intérieur est devenu un atout, les solutions sont désormais plus variées. C’est le pic de la forme, et après ?
Si on avait gagné le match du Nigeria, la participation tunisienne aurait été très honorable. On ne cherche pas à culpabiliser cette courageuse sélection, mais il faut parler franc : on ne pouvait pas perdre contre une sélection africaine alors que nous sommes champions d’Afrique en titre. En plus, l’équipe de Adel Tlatli est nettement plus forte que ces Nigerians fantaisistes, mais peu collectifs. Trac, perte de repères, bref, l’équipe de Tunisie a raté ses débuts sur les JO. Et ça reste le seul regret et le seul mauvais souvenir de Londres 2012. Pour le reste, et si on prend les choses sagement, on ne peut qu’être très content des réalisations de nos basketteurs. Ne regardez surtout pas les résultats, ne faites pas comme ces profanes qui demandent à la sélection de battre l’Argentine, la Lituanie ou les USA. C’est naïf comme approche. En regardant de près les 160’ jouées après le Nigeria, on ne peut qu’être très satisfait et même fier. Quand on se souvient d’où est partie l’équipe de Tunisie et à quel point elle est arrivée, on pourra bien mesurer la teneur de sa réalisation. Il y a à peine 4 ans, personne ne vantait le cinq tunisien. Au contraire, ce fut une sélection qui devait traîner une longue et pénible parenthèse d’échecs et de déceptions. N’oubliez pas que le basket-ball était pour les uns, le parent pauvre des sports collectifs et même sa risée. Aujourd’hui que nous tenons bon contre des mastodantes comme les USA ou la France, aujourd’hui, que nos joueurs font parler d’eux auprès des plus grands championnats du monde, les progrès sont bel et bien évidents. On passe du rang de petite et discrète sélection en Afrique, au rang d’équipe qui impose le respect. A notre avis, c’est le pic d’un cycle déclenché en 2008 et qui a vu beaucoup de bonnes nouvelles et de titres. Fin d’une génération ? Pas tellement que cela, mais c’est le terminus pour quelques cadres, c’est le début pour d’autres jeunes talents, et c’est le moment de réfléchir aux moyens de rester à ce niveau.

Ben Romdhane et Mejri sur une autre planète


Cinq matches, cinq défaites, prestation honorable face aux grands, rendement inconstant pour maintes pièces maîtresses et de l’inconsistance dans le jeu, telles sont les impressions à chaud de la participation en ces JO. Or, nous vous proposons une analyse un peu plus objective où les «stats» sont le paramètre principal. Les chiffres sont si exhaustifs qu’ils permettent de tirer plein d’enseignements.
L’équipe de Tunisie à un taux d’adresse général de 40% (125 tentatives réussies sur 310) et réparti comme suit : 43% sur les tirs à 2 points, 34 sur les tirs à 3 points et 53% sur les lancer-francs.
Pour que ce soit plus significatif, on se compare aux «stats» des Américains qui tournent autour d’un taux de 52% (60% sur les tirs à 3 points, 44% sur les tirs à 2 points et 66% sur les lancer-francs. C’est très honnête même si nous n’étions pas tranchants pour obtenir plus de lancer-francs.
Toujours avec la prestation d’ensemble, l’équipe de Tunisie a réussi 169 rebonds (109 défensifs et 60 offensifs), 64 passes décisives et 320 points. Elle aussi à son passif 93 pertes de balle contre 29 interceptions et 21 block-shots». On remarque alors une nette amélioration dans le secteur intérieur contre une petite chute dans le jeu extérieur.
Les atouts tunisiens ont changé par rapport au passé. On se fait respecter sous le panneau.
Makram Ben Romdhane a été le meilleur sur ces Jeux olympiques et montre qu’il est le nouveau patron du cinq tunisien. Avec 75 points (meilleur pointeur), 47% de réussite générale et 43 rebonds, l’Etoile a attiré les regards des agents de joueurs. Franchement, avec tous les progrès qu’il a accomplis, ce joueur ne peut plus perdre son temps sur le championnat tunisien. Ben Romdhane devance Salah Mejri retrouvé à partir du 3e match. La tour de Babel de la sélection a raté une grande partie de la préparation et ça explique le temps qu’il a pris pour bien carburer. Ses «stats» sont aussi formidables : 38% de réussite, 50 rebonds, 52 points et 17 «block shots». Ce duo était sur une autre planète. Mais on ne peut oublier également la belle prestation de Kechrid (deux matches seulement joués), H’didane (révélation des trois derniers matches), Rezig (débuts forts et grande maîtrise) et El Mabrouk, sûrement devenu un cadre de la sélection.
L’équipe de Tunisie a souvent sué dans ses débuts de match. Rappelez-vous le scénario du Nigeria et de la France où nous avions mieux terminé. Contre les USA, l’Argentine et la Lituanie, le scénario était opposé : incroyable premier quart-temps avant de fléchir vers la fin.
Et l’avenir de cette sélection? Deux éléments à dire. C’est une sélection arrivée au top de la forme et qui a besoin d’un sang neuf pour rester sur ce palier de performance. Puis une bonne nouvelle : nous avons maintenant des solutions tactiques variées et aussi valables. Nous ne dépendrons plus des ailiers et des tirs à trois points, nous avons des intérieurs costauds, une bonne application défensive (on joue bien la défense de zone). Si pour certains joueurs, il est temps de quitter (Rezig, Slimène a priori), pour d’autres, c’est le moment de s’aguerrir.
D’autres joueurs, pas retenus, peuvent nous prêter main-forte comme Toumi, Chouaya, Abada, Ben Ammar, Souabni.
Petite note, on doit faire attention au poste 1, celui d’organisateur. Il y a Marouane Kechrid et les autres. On peut même invoquer une pénurie sur le championnat. Où sont passés ces organisateurs ingénieux ?
On nous parle de découvertes de talents. C’est sûrement bien, mais qu’ils aient la temps de jeu qu’il faut. Et Adel Tlatli? On en a parlé avant: l’homme a réussi à greffer son nom dans l’histoire du basket. Au bout de 8 ans de travail et de progrès, le sélectionneur national a montré ses compétences et sa capacité à comprendre et à diriger le basketteur tunisien.
Rafik
Auteur : EL HERGUEM