24 août 2011

SENEGAL : Afrobasket-2011 : Les secrets du bon départ des «Lions»

Si les ‘Lions’ ont pu traverser le premier tour de l’Afrobasket avec trois succès en autant de sorties, c’est grâce à leur coach.En chef d’orchestre de son équipe, Alain Weisz a signé un chef-d’œuvre de coaching.Eclairage du Directeur technique de Bopp.

Les ’Lions’ abordent ce mercredi une nouvelle étape de leur aventure à Madagascar. Ce sont les huitièmes de finale de l’Afrobasket-2011, débutées hier avec quatre matches qui se sont soldés par la qualification en quarts des favoris (voir par ailleurs). Les choses sérieuses commencent donc pour les protégés d’Alain Weisz, avec la phase éliminatoire directe. Pays organisateur de la compétition, Madagascar est aujourd’hui au menu des ‘Lions’. Après le sans-faute de la phase de poules (trois victoires en autant de sorties), le Sénégal, conduit par son sélectionneur, sont les favoris de ce match.
Pour nombre d’observateurs, les ‘Lions’ doivent leur excellent début de tournoi, avec notamment une victoire devant l’Angola, champion en titre, à leur coach. Alain Weisz, grâce à sa lecture du jeu, a permis à son équipe de négocier le virage du premier tour, parfois en s’extirpant de situations à l’issue incertaine. Directeur technique (Dt) de Bopp, Ousmane Diallo acquiesce : ‘Au vu des résultats réalisés par le Sénégal en matches de poule, Alain Weisz nous a montré qu’il est un grand coach.’ Le technicien, qui suit l’Afrobasket grâce à Internet et la chaîne qatarie Al Jazeera Sport 1, est admiratif de la marche des ‘Lions’ durant le premier tour (*). ‘Au vu des matches de préparation et par rapport au début du championnat, on note une progression ainsi qu’une bonne gestion de l’équipe. Après le match contre le Maroc, on a vu la progression de l’équipe. De 79 points marqués au premier match contre le Maroc, l’équipe est montée à 85 points devant l’Angola. Puis, contre le Tchad, lors de la dernière journée, l’équipe est passée à 92 points.’

Coaching payant de Weisz pour combler un retard à l’allumage

Pour Ousmane Diallo, le succès du Sénégal porte la signature du sélectionneur national. Il explique : ‘Alain Weisz est fort tactiquement en défense. Il est très fort sur les défenses de zone calquées. Il a perturbé tous nos adversaires de poule avec ce système.’ Les Angolais ne diront pas le contraire, estime le Dt de Bopp. Flash-back : ‘Les Angolais menaient de 12 points d’écart, rappelle Diallo. Il y a eu ensuite des changements en défense. Cela a beaucoup perturbé l’Angola et permis au Sénégal de gagner par sept points d’écart. C’est le coaching qui a payé. On a fait perdre beaucoup de balles aux Angolais. Et au basket, quand tu perds des ballons, l’adversaire revient sur toi. Les Angolais ont été bloqués parce qu’en face, il y avait une défense qui les a beaucoup perturbé. L’Angola jouait beaucoup sur des tirs ouverts. Ils ont toujours joué 90 % au plan offensif sur les tirs ouverts. C’est l’adresse. Ils n’ont pas eu ce jour-là trop de réussites parce qu’on ne les a pas laissé tirer. On ne leur a pas donné beaucoup de tirs ouverts. Ils ont eu beaucoup de difficultés à ce moment-là.’

Pourtant, le démarrage a été poussif. Avant l’Angola, le Sénégal a bavé avant de venir à bout du Maroc. Ce qui rend encore plus surprenante la performance devant les ‘Palancas Negras’. Menés (43-29) à la mi-temps par le Maroc, les ‘Lions’ n’ont relevé la tête qu’au troisième quart-temps. Ousmane Diallo relativise ce retard à l’allumage et en décortique les raisons : ‘Ce qui est important pour un premier match, c’est de gagner. Surtout qu’on ne connaissait pas l’adversaire. L’équipe du Sénégal composée d’un nouveau groupe avait besoin du temps pour que tout le monde se retrouve. C’est pourquoi, il y a eu tantôt des séquences positives tantôt des séquences négatives. C’était le premier match officiel des ‘Lions’, version Weisz, l’équipe cherchait encore ses repères.’

Les joueurs méritent aussi des honneurs

Mais s’ils doivent beaucoup à leur entraîneur, les joueurs sénégalais ont de bonnes raisons de bomber le torse. Non seulement, ils ont pu rendre visible la vision tactique de leur coach, en appliquant scrupuleusement et avec succès ses consignes, mais ils ont affiché une grosse envie de réussir, forts de leurs qualités physiques. Ousmane Diallo : ‘Ces joueurs ont envie de prouver, surtout de vendre leurs talents. En plus, ils veulent décrocher de grands contrats. Ils veulent aussi gagner quelque chose pour leur pays. Depuis 1997, le Sénégal n’a pu gagner l’Afrobasket, ils veulent relever ce défi. Ils sont à l’écoute et sont prêts à bosser très dur. Quand on a d’un côté des jeunes qui veulent prouver et de l’autre un bon entraîneur, cela ne peut que marcher. L’équipe est jeune. Les joueurs sont forts physiquement. L’équipe a un entraîneur qui a des arguments sur les plans tactique et organisationnel. Les joueurs savent qu’en Afrique, si on veut gagner, il faut la rigueur, l’agressivité. Surtout qu’on avait perdu contre la Côte d’ivoire à l’Afrobasket-2009 parce qu’il n’y avait pas la rigueur, l’agressivité et le jeu de contact.’

Considérant ces paramètres, le Dt de Bopp se dit pas surpris des résultats des ‘Lions’. D’autant qu’Alain Weisz et ses hommes ont pu bénéficier d’un mois de préparation. Un laps de temps, selon Diallo, largement suffisant ‘à un bon entraîneur pour monter une équipe compétitive’. Le technicien sénégalais ne tarit pas d’éloges à l’endroit de son collègue français : ‘Après seulement un mois de contact avec ses joueurs, on sent nettement que Weisz est en train d’imprimer sa marque. On a un très bon coach capable de faire beaucoup de choses avec des joueurs moyens. Je l’ai vu avec l’équipe du Mans en France où il fait de bonnes choses. C’est vrai que c’est sa première compétition en Afrique, mais il a de l’expérience et connaît beaucoup de joueurs africains qui jouent dans le haut niveau en France. Il a d’ailleurs façonné des joueurs de haut niveau dont les Africains qui jouent en équipe de France. En plus, il a sorti de grands joueurs comme Makan Dioumassi et Moustapha Sonko (basketteurs français. Le second est d’origine sénégalaise, Ndlr).’

Reste à savoir si la bonne étoile d’Alain Weisz veillera au-dessus des ‘Lions’ jusqu’au 28 août, jour de la finale de l’Afrobasket-2011. Certes, si le Sénégal échouait sur le chemin de la finale, il n’y aurait pas de quoi s’arracher les cheveux. Les couacs qui ont jalonné la préparation des ‘Lions’ sont là pour rappeler qu’Alain Weisz et ses hommes viennent de très loin. Mais l’appétit venant en mangeant, le peuple sénégalais croit plus que jamais aux chances de son équipe de monter sur la plus haute marche du podium. Surtout après que celle-ci a battu le détenteur du titre depuis six éditions. Ce qu’aucune autre équipe n’avait réussi à l’Afrobasket depuis 14 ans et un succès de l’Algérie.

Donald NDEBEKA

(*) Ousmane Diallo a précisé avoir regardé l’intégralité des deux premiers matches du Sénégal, contre le Maroc (79-65) et contre l’Angola (85-78) et seulement quelques séquences de la dernière sortie du Sénégal contre le Tchad (92-54).