15 octobre 2010

SENEGAL : BABA TANDIAN SUR L’ECHEC AU MONDIAL FEMININ : « Je désapprouve tout ce qui s’était passé à Ostrava »

Après les techniciens et les fédéraux, c’est au tour de Baba Tandian, le patron du basket sénégalais, de monter au créneau pour parler de la participation de l’équipe féminine aux championnats du Monde en République tchèque. De la préparation aux compétitions proprement dites, le président de la fédération soutient que c’est la plus mauvaise participation que le basket sénégalais ait connue jusque-là. D’où la délégation sénégalaise se trouve divisée.

C’est un président de la fédération tout fraîchement sorti de son lit d’hôpital, à Paris, qui s’était exprimé, très embarrassé, sur la participation des Lionnes au Mondial de basket féminin en République tchèque. En voyant sa mine face aux journalistes, on devine qu’il n’est pas heureux du film raconté par les siens. « Je désapprouve tout ce qui s’était passé aux championnats du Monde », précise Baba Tandian. Sur trois rapports, il n’en a reçu que deux. Il reste celui du directeur technique national qui devait lui parvenir probablement hier. Mais, pour le reste du scénario de la débâcle des Lionnes, Baba Tandian a eu un aperçu général sur ce qui s’était passé. Ainsi, au cours de ce face-à-face d’hier, il s’est longuement appesanti sur trois cas. D’abord, sur le cas Diodio, le président de la Fsbb s’est dit scandalisé d’apprendre qu’en pleine compétition, une joueuse quitte une compétition pour aller jouer avec son club. Puisque, selon lui, contrairement à ce qu’on a rapporté, prétextant que Diodio Diouf s’était rendue en Suisse pour y signer un contrat, la vérité aurait été que la joueuse allait pour y disputer un match au cours duquel elle avait joué et inscrit 7 points. Mame Diodio Diouf était déjà sous-contrat avec son club pour trois ans. Il déclare que l’entraîneur était de mèche avec le directeur technique national pour la libération de la fille. « Puisque, dit-il, il semblerait que c’était depuis Dakar que la machination avait commencée, sans que je puisse savoir ». Ajoutant toutefois que « son passeport était avec le Directeur technique national qui le lui a remis pour effectuer le voyage ». C’est pourquoi le patron du basket sénégalais déclare que les techniciens ont agi seuls, sans prendre l’attache des dirigeants de la fédération, puisque Atoumane Gaye leur avait clairement exprimé qu’il n’était pas d’accord sur cette décision. Ce qui est inacceptable, selon Baba Tandian qui trouve scandaleux cet acte. « Je n’ai jamais vu ça, puisqu’aucune nation au monde ne fera ça. Ce n’est même pas professionnel », a-t-il relevé, soulignant que « ceux-là revendiquent leur responsabilité ». Le président de la Fsbb précise que « si j’étais présent à ces championnats, cela n’aurait pu se passer comme ça, parce que je m’opposerais à cette demande ». Pour autant, le président de la fédération ajoute qu’il n’a pas demandé des comptes à Ousseynou Ndiaga Diop, Dtn. Mais, il retient que « ceux-là n’ont pas ès qualité de libérer une joueuse. C’est à moi qu’incombe cette responsabilité morale et même, dans ce dessein, je devrais informer le ministre de tutelle ». Le patron du basket indique que la joueuse doit du respect à la nation, après avoir reçu du chef de l’Etat le drapeau national. Face à ses déclarations faites à la presse, il l’invite à se ressaisir et à considérer le traitement que le président de la République leur réservé avant leur départ.

Mauvaises conditions de préparation

Sur la préparation des Lionnes, Baba Tandian a estimé que cela ne s’était pas passé dans de très bonnes conditions. Il soutient qu’après le tournoi de Deauville et Mondeville, les Lionnes se sont contentées de jouer avec des équipes de deuxième division. Il avoue avoir même demandé au staff d’ajourner le déplacement à Temple-sur-Lot, mais le Dtn a beaucoup insisté. Selon ses termes, il parle « d’hôtel de bordel » qui fait que le séjour de la délégation a été difficile. Baba Tandian avance même que le Sénégal avait refusé de jouer contre le Mali au tournoi de Temple-sur-Lot. Du coup, ce sont des matches avec des formations de seconde zone. Ce qui n’est pas sérieux, à l’en croire, comme préparation pour une équipe nationale qui participe à un championnat mondial.

Revenant aussi sur le voyage de l’équipe entre la France et l’Espagne à bord d’un bus pendant neuf heures, l’imprimeur indique que ce ne sont pas des conditions de performance pour des sportifs. La même situation s’était répétée à l’aéroport de Prague où la délégation sénégalaise a poireauté pendant longtemps avant de prendre le bus pour parcourir plus trois cents kilomètres. Ce qui est lassant, puisque ce ne sont pas de bonnes conditions pour un athlète. Issakha Barry, l’intendant, a chaque fois refusé de payer le prix qu’il faut pour mettre dans de bonnes conditions l’équipe. Tandian lui reproche d’avoir concocté seul les projets de préparation de l’équipe. Il exhibe des documents seulement signés par l’agent du ministère des Sports et Loisirs et qui ont fait l’objet des « décaissements de sommes astronomiques ». Et l’ancien international de dire que, « peut-être, quelqu’un aurait apposé sa signature à mon insu ». Une enquête est en tout cas ouverte pour trouver la personne qui s’est substitué au président de la fédération.

Le président de la Fsbb a abordé l’audience exclusive que le président a accordée aux Lionnes suivie de la remise du drapeau. En effet, dit-il, ce conclave s’était fait sans lui, ni le ministre des Sports. Ce qu’il trouve inadmissible et promet de ne plus revoir cette scène. Il faut dire qu’au cours de ce huis clos, les Lionnes s’en étaient sorties avec 165 millions et huit maisons de plus. Selon le président, chaque fille a empoché 5,90 millions de nos francs pour une histoire de primes impayées lors des campagnes passées et regroupements. Mais Tandian soutient que dans cette situation, il y a les ayants droit et celles qui n’en avaient pas droit. Car il dit avoir payé toutes les primes relatives au regroupement. Ce qui a amené la crise à la fédération avec les arbitres. Mais le président de la Fsbb envisage de tout remettre en ordre pour assurer un développement harmonieux d’un basket qui doit rester sur le haut niveau.


Cheikh M. COLY