29 mai 2010

CAMEROUN : Michel Perrin - Je suis venu construire

Propos recueillis par Bertille Missi Bikoun

interview

Le futur Dtn et sélectionneur du Cameroun parle de sa stratégie pour le développement du basket-ball local.

Comment se déroule le stage avec la sélection nationale de basket-ball dames qui prépare les éliminatoires combinées de l'Afrobasket et du tournoi des Jeux africains 2011 prévues ce week-end à Yaoundé ?

Dans un premier temps, nous avons eu 15 jours pour voir toutes les joueuses. Il y a 17 à 18 joueuses qui ont été vues. Après un travail de base et de fond avec ce groupe, nous avons gardé, cette semaine, 12 à 13 joueuses ; l'effectif qui va faire le tournoi ce week-end. Nous travaillons sur la base de deux séquences de 2 à 2h30 chacune par jour. Nous essayons de mettre en place les stratégies offensives et défensives pour que ce groupe ait au moins un vécu tactique minimum avant d'affronter les adversaires du week-end.

Comment s'est déroulée la découverte des joueuses durant les 15 jours sus évoqués ?

Bien. Je suis très satisfait. Toutes les joueuses ont mis beaucoup d'énergie et de volonté pour travailler et montrer qu'elles avaient leur place. Après, il faut faire des choix. Je les ai fait. Et j'ai gardé un groupe un peu plus restreint de 12 à 13 joueuses pour pouvoir travailler de manière plus spécifique. Le fait d'avoir un groupe élargi est intéressant car l'objectif de la Fédération est d'effectuer des regroupements réguliers.

De toute manière, on essayera d'élargir le groupe le plus possible à chaque fois pour revoir un maximum de joueuses. Et leur permettre de travailler et de s'améliorer aussi.

Comment êtes-vous entré en contact avec la Fédération camerounaise de basket-ball ?

Ce sont des amis. Le basket-ball est une petite famille. Ce sont des gens avec qui j'ai travaillé, fais des camps de basket, avec qui j'ai joué ou que j'ai croisé au cours de ma carrière. Ce sont ces contacts qui restent. Je fais partie des coaches européens qui aiment le basket-ball africain et le connaissent. Donc les relations se nouent plus vites aussi. Nous ne sommes pas nombreux, forcement, à vouloir partir de chez nous, à être prêts à faire des sacrifices entre guillemets pour partir, ou encore à travailler dans des conditions qui sont souvent bien moins bonnes que chez nous.

Qu'est-ce qui vous attire donc en Afrique?

Ce qui m'intéresse ici, c'est la motivation, la volonté, l'état d'esprit qu'ont les Africains. Les gens ne se plaignent pas. Chez nous, nous sommes plus enclin à nous plaindre de ce que le terrain est comme ci, comme çà Et si on leur donne les moyens structurels, techniques et tactiques de progresser, les Africains, comme au football ou au basket-ball, deviendront les meilleurs. Inévitablement les Africains ont les qualités athlétiques, la volonté et la motivation supérieures (peut-être) à la moyenne. Après, il reste à mettre en place des stratégies de développement et de mise en place de travail régulier. C'est ce que nous voulons faire avec des stages et des regroupements réguliers pour que les joueurs puissent se retrouver ensemble et travailler dans de bonnes conditions. Ce qui est le cas de ce stage. C'est la première fois que je vois un stage, en Afrique noire (mis à part l'Angola), aussi bien organisé.

Si vous êtes donc là pour construire, cela voudrait-il dire que vous allez mettre long au Cameroun ?

On essaie de mettre en place une stratégie pour que je puisse venir travailler sur place, avec pour fonction celle de directeur technique national. En fait, il s'agit d'une stratégie avec le ministère des Sports camerounais et la Coopération française (le ministère des Sports français et la Fédération française) pour avoir sur place quelqu'un qui viendra travailler à la mise en place des regroupements ; qui servira de liens et de passerelle avec la France où sont basés la plupart de joueurs ; qui facilitera également la mise en place de regroupements réguliers, qui servira en outre pour le développement d'une stratégie à moyen terme du basket-ball camerounais. C'est un peu cela le but de ma venue ici et celui qu'on recherche à travers le poste de directeur technique national.

Qui est Michel Perrin ?

Je suis simplement un entraîneur complet, qui a entraîné à tous les niveaux en France. J'ai joué en Pro B et en Pro A en France [équivalent de deuxième et première division respectivement, Ndlr]. Et j'ai fais une carrière honorable de joueur. J'étais un joueur correct, voir un bon joueur de Pro A. Je n'ai jamais été un top joueur. J'ai embrassé la carrière d'entraîneur très vite. J'étais entraîneur-joueur pendant trois ans ; puis j'ai entraîné à tous les niveaux, puis en Pro B et en Pro A. Depuis cinq ans, je suis dans un club de deuxième niveau français parce que j'avais repris un poste de cadre au ministère des Sports. C'est dans ce cadre là que j'essaie de venir ici pour avoir la responsabilité de la direction technique ministérielle et celle de sélectionneur afin de mettre en place des stratégies.