TUNISIE : Adel Tlatli (sélectionneur national) - «Le Mondial pour construire…»

Pour le patron de la sélection, le but d’aller au Mondial n’est pas la figuration. Ce qui compte, c’est de construire après le Mondial et d’accompagner les progrès de la sélection. Aucune pression, aucune peur, mais une envie d’apprendre et de dire au monde entier que le basket tunisien est en train de redorer son blason

En l’absence de quatre composantes principales, peut-on dire que le stage a été réussi?
Je ne suis pas inquiet de l’absence de Maoua, Kéchrid, Dhifallah et Rezig qui va se prolonger encore. La raison est qu’ils jouent dans de grands clubs et entretiennent un bon travail. Pour le reste, nous essayons de donner une dose chargée de travail aux joueurs.

Revenons au tirage au sort jugé sévère par tout le monde. Qu’en pensez-vous à tête reposée?
En mettant l’Angola au chapeau 5, les organisateurs ont conditionné la composition des groupes. Mais il ne fallait pas s’attendre à jouer face à n’importe qui. Ce sont les sélections les plus fortes au monde. La Slovénie, qui a joué le dernier championnat d’Europe, sans quatre de ses joueurs en NBA, est pour moi l’équipe la plus en forme. L’Iran est aussi une sélection poussée par des clubs riches et par de gros moyens au championnat local. C’est illogique de dire aux gens que nous irons au Mondial pour gagner et pour passer au second tour. Toutes ces sélections sont plus fortes que nous sur le papier. C’est très motivant de joueur, par exemple, contre les Américains, les joueurs les plus en vue dans le monde entier. Le Mondial constitue une véritable motivation pour nous et pour notre basket. Nous avons l’habitude de rater, à chaque fois, l’après-exploit. Il ne faut pas surtout leurrer les gens et perdre de vue le projet de relance de la sélection et du basket tunisien.
Nous avions l’habitude de nous arrêter après chaque performance en oubliant les problèmes du championnat, le peu de moyens alloués aux jeunes joueurs et en oubliant surtout de rester sur une courbe ascendante. Plus que les matches du Mondial, ce qui compte, c’est de préserver l’unité et la valeur technique de l’équipe.
Que peut-on comprendre de vos dires ? Il n’y aura pas d’objectifs de résultats ?
Ce que je dis, c’est que la sélection tunisienne a de bonnes qualités, qu’elle sait s’adapter au profil des adversaires, et qu’elle a accompli un bon championnat d’Afrique face à des équipes plus fortes qu’elle. Nous devons estimer cette qualification à sa juste valeur. Nous n’avons pas les moyens d’aller gagner contre une de ces sélections de grande envergure, mais nous n’allons pas être ridicules. C’est ce que j’ai dit aux joueurs. Il faudra saisir le fait que nos adversaires seront un peu relâchés en jouant face à nous. Pas de rêves irréalisables, mais, en revanche, une envie de faire bonne figure et de dire au monde entier que notre basket mérite qu’on le respecte.

«Les portes
sont ouvertes»

Passons à l’effectif que vous devez retenir. Au-delà de l’ossature, comptez-vous faire appel aux «pros» ?
Mes joueurs sont sur un nuage, et ils veulent aller demain en Turquie pour se mesurer aux grands du basket mondial. Ils ont travaillé, ils ont du mérite, mais je viens de leur dire que ce n’est pas automatique que les joueurs qui nous ont qualifiés pour la Turquie vont être sélectionnés. Tout joueur tunisien qui veut défendre les couleurs du pays, et qui est prêt à travailler, peut renforcer la sélection. Je dis cela parce que je n’aime pas que les joueurs se relâchent et soient assurés de gagner une place, même sans fournir d’efforts. On a quelques noms tels que Idriss, Mehdi Laâbidi et Omar Zoghdane, mais rien n’est encore décidé. J’ai besoin de guerriers qui n’ont pas peur d’affronter les plus grands joueurs du monde.

Rafik EL HERGUEM