Malgré une préparation difficile, Randoald Dessarzin, l'entraîneur de l'équipe de Côte d'Ivoire a réussi enfin à avoir (presque) tout son groupe pour la CAN en Lybie qui aura lieu du 5 au 15 août. Retranché dans leur camp Del Colegio Europeo Aristos à Getafe, à 20 km de madrid, le coach Dessarzin s'est livré à sport-ivoire.ci
Bonjour Coach. Est-ce que vous pouvez vous présenter au public ivoirien qui ne vous connait pas?
Je suis Randoald Dessarzin, coach depuis 3 ans de JDA Dijon Basket en pro A française, de nationalité suisse. J’ai 45 ans. J’ai été entraineur pendant 14 ans en Suisse. Je suis père de 3 enfants et marié à une femme d’origine sénégalaise.
Vous connaissez donc bien l’Afrique. C’est pourquoi vous n’avez pas hésité à prendre une équipe africaine ?
De toute façon, une sélection ça ne se refuse pas quand l’opportunité se présente. C’est vrai aussi que j’ai beaucoup d’affinités avec l’Afrique. Tout cela m'a vraiment motivé.
Comment faites-vous pour jongler Dijon et l’équipe nationale? Est-ce que vous allez à fond avec la sélection ivoirienne ?
Je ne sais faire que ça et si je prends une équipe, c’est pour réussir. Heureusement, au niveau du timing ça se présentait bien. Malheureusement à Dijon, on n’a pas fait les play offs la saison passée et le premier regroupement de l'équipe se fera au lendemain de la finale de la CAN. J’espère qu’on n’y participera. S’il faut dormir dans l’avion le 15 et entrainer à Dijon le 16, je suis prêt à le faire.
Vous faites confiance à votre groupe apparemment ?
Je fais toujours confiance à mon groupe et, après, ils ont les clés. C’est aux joueurs de montrer qu’ils ont une page de l’histoire du basket ivoirien à écrire. On est en pleine phase de travail. Il y a eu des difficultés: on a eu du mal à regrouper tôt une bonne partie des athlètes. Maintenant, on se retrouve à Madrid avec un groupe quasiment complet. La préparation est un tout petit peu écourtée mais, il faudra montrer plus de qualité.
Mais, les difficultés sont à quels niveaux : motivation, condition de travail … ?
Il y a de tout. Il y a un manque de motivation de certains joueurs cadres qu’on attendait. Il y a aussi des problèmes administratifs, de papiers. On a eu des joueurs qui ont été en proie à des problèmes de visas notamment pour le départ aux USA. ça n’a vraiment pas été facile au début. On a beaucoup galéré lors des regroupements à Lille et Boulogne. Il y a eu seulement trois joueurs qui ont pris l’avion pour Sacramento. C’est une réalité même si on a retrouvé certains sur place...
On a fait du bon travail. Mais, il n'y a qu'un seul joueur qui a traversé toutes les étapes, le capitaine Ismael N’diaye. Sinon, tout le monde a été en proie à des problèmes divers,notamment administratifs.
Malgré tout, est-ce que vous pensez que vous avez une équipe soudée avec un fort esprit patriotique et non des mercenaires ?
Les joueurs ont affirmé une fierté nationale sans que ce soit du patriotisme exacerbé. Je pense qu’il y a du sang ivoirien qui coule dans leur veine et c’est contagieux. Aujourd’hui, moi même je me sens Ivoirien. Je m’identifie à mes joueurs et à l'équipe.
Nous constatons qu’il n'y a aucun joueur local dans la sélection. Est-ce un choix de votre part ou vous trouvez que les joueurs locaux comme Pierre Célestin Gbotto, MVP de la saison, n’ont pas le niveau?
Absolument pas. Je suis ouvert à tous les joueurs. Personne n’a été à même de me fournir des vidéos et des statistiques sur les joueurs qui évoluent en Côte d’Ivoire. J’ai moi-même fait des recherches sur des joueurs qui n’étaient pas connus aux USA et en Espagne. Et pour la Côte d’Ivoire, j’ai toujours été demandeurs.
Pour cette CAN 2009, qui sont pour vous les favoris?
Ce sera une compétition très révélée. C’est difficile d’affirmer qu’il y a des favoris indiscutables. Je dirai plutôt que des noms se dégagent : il s’agit de l’Angola, du Nigeria, du Sénégal…La Libye sera difficile à jouer à domicile, l’Egypte est capable de produire un bon basket et j’espère que la Côte d’Ivoire arrivera à bout.
Vous voyez la côte d’ivoire créer la surprise ?
Il y a une vraie volonté et je sais qu’on en veut. Tout se passera bien.
Vous voulez aller jusqu’au bout, mais, connaissant le contexte, quels sont vos vrais objectifs?
Le premier objectif, c’est de gagner le premier match et, réussir à le faire c’est déjà un gros défi puisqu’on joue contre le Nigeria qui est l’un des favoris de la compétition. Ce n'est pas nous qui avons la pression. Il faut l'exploiter à notre avantage. Après, l’appétit viendra en mangeant.
Avez-vous des informations sur l’état de préparation et de la forme actuelle de vos adversaires?
Pour le moment, je ne peux parler que de la Côte d’Ivoire. On ne connait pas encore les effectifs. Pour la Libye, on sait qu’il y a assez de joueurs naturalisé. Ce sera difficile car c’est le pays organisateur. Pour le moment, on se prépare, on a beaucoup à faire de notre côté. Après, on prendra des informations sur le Nigeria et les autres.
Sur quels joueurs comptez-vous pour réaliser cet exploit. Quelles sont vos armes individuelles au de-là même du collectif ?
Ce sera le collectif. Plus concrètement, sur le terrain, ce sera la solidarité défensive. On commencera par dégager une forte identité défensive. Et, on sait que la seule assurance vie en basket, c’est la défense. L'attaque a un côté plus aléatoire. Les paniers, soient ils rentrent ou ils ne rentrent pas.
Qui fera la différence, on a Philippe Amagou , Souleymane Diabaté, Mohamed Koné...
Il y a des individualités mais c’est toujours le collectif qu’on mettra en avant.
Donc il n’y aura pas quelqu’un qui va être le sauveur?
Ce n'est pas du tout le but maintenant. S’il y a un joueur à exploiter un jour parce qu’il a la main chaude, parce qu’il est en verve, on saura mettre le doigt dessus. Si on prend mon historique de coach en club, la saison passée, il y avait 6 joueurs qui se partageaient entre 9,5 et 14,5 points. Le seul mot d’ordre, c’est le collectif et c’est le partage.
Le cinq majeur n’est donc pas connu ?
Non. Et, le cinq majeur du deuxième match ne sera pas forcément le même que le premier. La hiérarchie doit être bousculable.
Avez-vous un plan projet avec l’équipe nationale de Côte d’Ivoire ?
Le plan, c’est d’abord de tirer les enseignements de cette préparation. On a eu quelques discussions avec le manager Carlo Vieira, le président Koré Moise, le vice-président Agui Mathieu. Je ne sais que m’inscrire dans un projet. Maintenant, si on veut de moi, ce n’est pas à moi de décider. On doit tirer les enseignements de ce qui n’a pas bien fonctionné lors de cette préparation pour très vite relancer la machine et définir un projet. On finit déjà ici avec des joueurs qui n’étaient pas annoncés dans l’effectif. Ce sont des jeunes joueurs qui évoluent en France. Je sais qu’il y a d’autres qui jouent en Espagne qu’on n’a pas eu l’occasion de voir. Je pense qu’il faudrait faire table rase de certains noms ronflant parce qu’on a été drafté en Ligue ou en NBA et qui ne manifestent pas une grande volonté de s’identifier au projet Côte d’Ivoire. Par contre, il y a des jeunes talentueux, ceux là il faut les suivre il faut se donner toutes les possibilités d’avoir un staff qui les suit que ce soit en France, aux USA et en Côte d’Ivoire.
Etes-vous prêt à vous inscrire dans un tel projet?
Je suis prêt à le faire à condition que je ne sois pas le seul homme à tirer les ficelles. Pour l’instant, je travaille avec deux assistants (John DOUAGLIN et Fred THURIES) qui sont également à même de se déplacer pour opérer toutes ces missions.
A quand la liste définitive et quelle est la suite de votre programme de préparation?
Nous jouerons avant la fin mois de juillet un match contre l’équipe régionale d’Astoria; puis on se rendra à Paris pour la dernière rencontre amicale contre le Mali le 30 juillet. Ensuite, ce sera la Libye le 2 août.
Nous avons actuellement 13 joueurs avec l’arrivée récente de Stephane Konaté. Nous attendons encore Arnaud DAHI. Dans tous les cas, la liste définitive sera connue avant le 2 aout.
Par S.P http://www.sport-ivoire.ci