17 mars 2008

REUNION : “On a fui les contacts”

Kadafi Houmadi ne mâche pas ses mots après l’élimination subie face aux Aiglons.

Le meneur tamponnais Kadafi Houmadi, qui disputait samedi l’un de ses derniers matches sous le maillot tamponnais, est revenu hier sur l’élimination des siens, à Champ Fleuri face à des Aiglons euphoriques (110-96).

Comment vous sentez-vous ?

“Ça fait mal. C’est dur de perdre comme ça. Je ne vais pas dire bêtement, parce que les Aiglons ont mérité leur victoire, mais on n’avait pas de conviction. Peut-être parce que certains partent, donc n’en ont rien à foutre et ne veulent pas se battre pour aller en finale. Il y a un autre problème : comme on est une équipe jeune, beaucoup de monde -moi compris- veut prouver. On veut tous le ballon pour marquer.

Quelle était l’ambiance dans les vestiaires après le match ?

Tout le monde s’est barré. Miguel n’est même pas venu dans les vestiaires - mais je le comprends. C’était vraiment nul, personne n’a pris la parole. Chacun est parti comme si de rien n’était.

Il y avait une place en finale en jeu. Comment expliquez-vous le peu de conviction affiché ?

On ne veut pas faire plus que ce qu’on sait faire. La semaine, on s’entraîne vraiment très dur, on se tape beaucoup plus qu’en match. Je ne comprends pas pourquoi en match, on est relax. Samedi, on a fui les contacts, les Aiglons l’ont senti. Même en voulant jouer la gagne, les gars n’étaient pas motivés. Les dirigeants doivent être en colère, c’est normal. C’était une soirée cauchemar. On ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. Il y a eu trop d’erreurs qu’on n’avait pas faites avant. Comme par hasard, on les a faites sur ce match décisif. Ça prouve que l’équipe manque de caractère. Chez nous, il n’y a pas de gars comme Fong Kiwok ou Dubard qui peuvent relever l’équipe. Certains essayent, mais n’y arrivent pas.

Yannick Doro évoquait samedi le sentiment de “honte”. Avez-vous honte de cette élimination ?

Je n’ai pas honte, mais ça me fait mal de voir des gars comme Eddy (Toulon), Lionel (Cabasse) et Yannick (Doro) mouiller le maillot et ne rien récolter après. Et ça me fait chier aussi pour Miguel. Je sais que des gens vont parler, mais je trouve qu’ils ne le respectent pas pour ce qu’il a fait pour nous. Moi, Miguel m’a beaucoup apporté.

Comment jugez-vous votre performance de samedi et plus globalement, votre saison ?

Samedi, c’était moyen, j’ai fait des meilleurs matches que ça. Je suis encore jeune, je dois justement voir d’autres baskets pour apprendre. C’est aussi pour ça que je pars. C’était pas notre saison, mais j’ai appris beaucoup de choses.

Justement, qu’allez-vous faire désormais ?

Moi, je sais ce que je veux faire et ce que je vais faire. J’avais déjà prévu de jouer deux saisons à La Réunion et de partir après. Je ne serai plus au Tampon l’année prochaine. C’était un de mes derniers matches avec le Tampon. J’aurais bien voulu faire une finale avant de partir, c’est dommage, mais il y a quand même des points positifs dans ma progression. Peut-être que je vais jouer un ou deux matches de Coupe, mais après, j’ai des tests à faire en mai.

Où ça ?

À Rezé (N3), près de Nantes, à La Rochelle (N2) -ce n’est pas encore sûr- et peut-être dans le club de Julio (Samy, à Vitré, N2). J’espère retrouver la N1 (NDLR : Houmadi a joué à Liévin). Je vais essayer de percer dans le basket”

Propos recueillis par F-X. R.

Et maintenant ?

Il a quitté le gymnase de Champ Fleuri sans mot dire, rouge de “colère”, le visage fermé par la “déception”. Hier après-midi, un “sentiment de gâchis” animait encore Miguel Ramirez. “Je n’ai jamais connu une Poule des As aussi galère que ça”, soupirait le coach tamponnais. “Chaque semaine, depuis février, une mauvaise nouvelle nous a freinés. Mais si on avait suffisamment le caractère d’un champion, on aurait pu passer ces barrières, comme Saint-Pierre l’a fait. L’équipe manque d’un vrai leader.” Gilles Chane-Kee, blessé, a notamment fait défaut aux Bleus samedi. “Surtout en défense”, estime Ramirez, qui a vu pendant les play-offs “une équipe en réaction, pas en action.” À noter, fait rare, que l’équipe qui se présentera à Mandela le 5 avril n’a remporté que deux matches sur six. “Ça prouve que Saint-Pierre était largement au-dessus”, estime Ramirez. “Derrière, c’était kif-kif. Les Aiglons ont montré qu’ils en voulaient plus que nous.” Cette élimination plonge les Tamponnais dans une période transitoire -”on n’a jamais connu ça, ça fait 15 ans qu’on est en finale”, constate Ramirez- et draine avec elle son lot d’interrogations. D’autres départs vont-ils s’ajouter à ceux d’Houmadi et de Gondelaud ? Ramirez restera-t-il en poste ? “Je vais essayer de rencontrer les dirigeants cette semaine. On va tenter d’accrocher la Coupe, même si ce ne sera pas facile de rebondir. Après, on verra, on fera les comptes à la fin”, répond l’intéressé. Le Tampon, qui compte désormais sur ses filles pour sauver une saison 2007-2008 bien délicate, marquée, notamment, par la sanction de justice concernant Dijoux-Carnot, devra panser ses plaies. “Tout ça va peut-être montrer que certaines choses ne vont pas en amont. Il faut parfois une bonne claque pour avancer”, glisse Ramirez