REUNION : Bitor, le déménageur

Depuis 2005, le Francilien Ludovic Bitor fait le bonheur du BCD. Ce musculeux ailier de 24 ans, Antillais d’origine, entend bien “changer la donne” en R1.

Yvelinois de naissance, Guadeloupéen d’origine, Réunionnais d’adoption. Ludovic Bitor est un citoyen du monde. “J’ai l’esprit ouvert. Je parle tous les créoles !”, rigole l’ailier du BCD, qui après un vrai-faux départ en métropole, vient d’entamer sa 3e saison au club. “Je suis là, j’adhère. Tranquille. Ici, c’est un peu comme les Antilles.” Bitor a vécu une partie de son enfance à Carénage, son “ghetto”. Mais c’est à Trappes, “dans le 78”, que l’adolescent a grandi, aux côtés de voisins devenus célèbres, comme Nicolas Anelka, Omar Sy (d’Omar et Fred) ou Jamel Debbouze. “J’y ai passé de bons moments.” Il y a découvert le basket, aussi, en benjamins. “À 15 ans, je jouais en N3. Puis on est monté en N2.” Bitor savoure la chaude ambiance du gymnase Paul-Mahier. “Le samedi, c’était basket. Le dimanche, foot. Toute la ville était là.” Puis l’oiseau quitte son nid. “Comme tous les clubs, ils ne payaient pas trop les jeunes. J’ai voulu prendre mon envol.” Jamais très loin de Trappes. D’abord, à Vélizy (régionale), ensuite au Vésinet (N3). “J’ai arrêté en cours de saison, quand ma femme est tombée enceinte.” En juillet 2005, papa Bitor débarque à la Réunion, avec sa compagne, Trappiste et Réunionnaise, et son fils Lenny (2 ans et demi). Il rechausse ses sneakers. “Un jour, Trappes était parti affronter un club à la Réunion en Coupe de France. C’était le BCD. Quand je suis arrivé ici, on m’a dit que c’était le bon club sur Saint-Denis. Je suis parti voir un ou deux entraînements et j’ai pris ma licence.”

“Je suis très famille”

Sous la houlette d’Élysée, Bitor découvre le basket local. Non sans difficulté. “Il a fallu que je m’adapte. Ici, il n’y a pas trop de jeu physique, sauf contre les équipes du sud. Quand tu caresses ton adversaire, il y a faute ! Du coup, des fois, je ne défends pas.” Il faut dire que Bitor en impose. 1,85m, 89 kg et des épaules de déménageur. “Il a un profil de sportif”, estime Georges Assassa, qui l’entraîne depuis cette saison. “Il a d’énormes qualités. Il est bon défenseur, il saute, il est rapide et son agressivité vers le panier est remarquable.” Mais l’essentiel est ailleurs, pour Assassa. “Ludovic commence à bien s’insérer dans le collectif. Il n’a pas un basket académique, un peu comme Kay (Botterman).” Car Bitor n’est pas issu de la culture club. À Trappes, c’est sur les playgrounds qu’il a fait ses dents. “C’est là que j’ai progressé, que j’ai appris à jouer physique, à m’imposer.” Bien qu’il entraîne les cadets 2 du club, le basket n’est pas une passion pour Bitor. “Plus maintenant. Je suis très famille. Avant, je vivais basket, je dormais basket. Peut-être que le fait de ne pas avoir percé quand je jouais en Nationale m’a un peu freiné.” Au BCD, “(il) fai(t) son job. Là, je travaille sur les acquis, je ne suis pas tout à fait en jambes. Je reviens petit à petit. Je défends, je prends des rebonds, je marque 15-20 points. À Georges de dire si c’est bon ou pas.” Ses passions ? “La musique, les baskets, aussi. J’en ai 12-15 paires chez moi.” Hier soir, contre Saint-Paul, il a enfilé l’une d’entre elles. Avec un seul objectif : “gagner. J’ai trop goûté aux défaites bêtes avec le BCD. Tout le monde dit que la finale opposera Saint-Pierre au Tampon. Maintenant, il faut changer la donne.”

François-Xavier Rougeot

Hier soir BC Dionysien - BC Saint-Paul 118-55 Saint-Pierre BB - BC Saint-André 98-58 La Tamponnaise BB - Aiglons d’Orient 104-89 CS Portois - BC Saint-Leu 77-72 a.p.

Le classement : 1. Saint-Pierre BB 10 pts (+142), 2. La Tamponnaise BB 9 (+108), 3. CS Portois 9 (+54), 4. BC Dionysien 8 (+72), 5. BC Saint-Leu 7 (-72), 6. BC Saint-André 6 (-57), 7. Aiglons d’Orient 6 (-69), 8. BC Saint-Paul 5 (-181).