RD CONGO : Boni Mwawatadi, président de la Febaco : « C’est dommage que les prévisions financières de la Fédération soient toujours revues à la baiss
Le 13è championnat africain de basket des clubs féminins disputés à Maputo s’est achevé dimanche dernier avec le sacre de Desportivo, le club mozambicain qui a disposé, en finale, du champion sortant Primeiro d’Angola sur la marque de 64-47.
Deux des douze clubs participants étaient congolais, en l’occurrence Arc-en-ciel de Kinshasa et Lupopo de Lubumbashi. Leur prestation a été quelconque. Le premier s’est classé 9è et a eu à gagner tout de même deux matches. Le second a été la lanterne rouge et a perdu tous ses matches.
Après la débâcle de ces deux clubs congolais, nous nous sommes entretenus avec le président de la Fédération de basket-ball du Congo (Febaco) qui nous a livré ses impressions sur cette contre-performance et sur la marche en général du sport congolais. Ci-dessous, nous vous proposons l’essentiel de cette interview qu’il a bien voulu nous accorder.
Avenir :Monsieur le président, Arc-en-ciel et Lupopo viennent de faire piètre figure à Maputo au 13è championnat africain de basket-ball africain. Quelles sont vos impressions surtout quand des méchantes langues disent que le Trésor public gaspille de l’argent pour rien pendant que les sportifs n’emmènent pas de coupe au pays ?
Boni Mwawatadi : Merci pour votre question. Je dois dire de prime abord que l’opinion n’est pas au courant de ce que la Fédération endure lorsque l’équipe nationale ou les clubs représentatifs vont représenter le pays dans les compétitions internationales.
Toutes ces compétitions sont programmées et budgétisées. Ce budget est défendu devant les instances compétentes et finalement accepté.
Mais on se demande pourquoi cela pose problème au moment de son exécution.
Lorsqu’il y a une compétition donnée, la Fédération établit les prévisions financières à l’intention du ministère de tutelle. A ce niveau, ces prévisions sont toujours rabattues sous le prétexte de la compression budgétaire. A la fin de la chaîne des dépenses, le montant débloqué est la moitié de ce que la Fédération avait prévu. Le hic est que cet argent est retiré par le comptable du ministère. Avant qu’il le donne à la Fédération, le ministre doit le lui autoriser.
Généralement, la Fédération a en mains la moitié de ce qu’elle avait prévu. Un exemple illustratif : à supposer que la Fédération avait prévu 45.000 Usd, elle ne pourrait disposer concrètement que de 25.000 Usd. Avec ce montant, il faut payer les titres de voyage de la délégation, il faut payer les frais de mission des athlètes et encadreurs qui sont généralement évalués à 300 Usd par athlète et 400 Usd par encadreur, il faut payer la trousse médicale. Une fois la délégation sur place, il faut payer les frais de participation à la compétition et éventuellement les pénalités. Il faut payer les frais de séjour de la délégation évalués à 50 Usd par jour et par personne, il faut payer les licences tant des joueurs que des encadreurs. S’il faut faire la sommation de tous ces frais, ils dépassent parfois de très loin ce que le Trésor public débourse.
Je ne prends que l’exemple du dernier championnat africain des Nations disputé à Dakar. La Fédération a déboursé de sa poche, en lieu et place du Trésor public, une somme de 15.000 Usd pour faire venir cinq internationales afin de renforcer l’équipe nationale. Il devait en principe rembourser ladite somme à la Fédération mais hélas… rien n’est fait. Les cinq internationales sont Youyou Mwadi, Kalonda Rima, Armélie, Paulin Akonga et Mokango Channel. Mais pour des raisons qu’on ignore, les deux dernières ne sont pas arrivées. Et en plus, la Fédération s’est occupée à acheter de nouveaux équipements.
C’est dire qu’à la Fédération congolaise de basket-ball, vous faites du bénévolat ?
Nous ne voudrions pas nous vanter mais en tout cas la Fédération se dépense corps et âme pour subvenir à plusieurs besoins qui devaient être dévolus au Trésor public. On n’a qu’à voir la manière dont se prépare l’équipe nationale ou les clubs représentatifs aux compétitions internationales. C’est dans des conditions effroyables que la Fédération essaie d’atténuer un tant soit peu. Nous sommes loin de l’époque où le basket-ball bénéficiait de l’apport des grands sponsors. En 1980-1985, on avait autant d’équipes corporatives comme Auxeltra-Béton, Ik, Air Zaïre et autre Bat ; à cette même époque, la Liprobakin bénéficiait facilement d’une subvention de ces sponsors d’environ 60.000 dollars par an et la Fédération de quelque 100.000 dollars. Dès lors, les athlètes de l’équipe nationale et même des clubs représentatifs étaient à l’aise. Je me rappelle que Youyou Mwadi qui n’avait que 15 ans disposait en mains 9.000 dollars et ne savait pas quoi en faire. La réalité est toute autre maintenant, le paysage économique n’est plus le même.
Pour en venir à la prestation de Arc-en-ciel et de Lupopo à Maputo, il est vrai qu’elle n’a pas été fameuse. Mais, l’opinion doit savoir que le fait d’aller à Maputo n’a pas été un cadeau. Ces deux équipes se sont qualifiées de haute lutte à l’issue des éliminatoires de la zone 4 (Afrique centrale). On n’ignore pas les conditions dans lesquelles ces athlètes ont voyagé. Elles sont parties en retard, la compétition avait déjà commencé il y a 48 heures. Heureusement que nous avions sollicité et obtenu de la Fiba/Afrique le report des premiers matches qu’elles devaient livrer sinon ce serait un forfait.
Et puis, quatre personnes pourtant prévues dans l’ordre de mission n’ont pu voyager dont le médecin et le kinésithérapeute et deux autres encadreurs. Leurs noms ont été barrés aux Finances. Un médecin absent dans une délégation, c’est impensable !
Moralement diminuées, les athlètes étaient-elles à même de réaliser de beaux résultats ?
Je suis certain que si l’équipe nationale de football s’était qualifiée à la phase finale de la Can 2008, on allait déjà mobiliser d’énormes ressources pour des stages à l’étranger et autres matches de préparation tant à Kinshasa qu’à l’étranger.
A votre avis, quelle recette faut-il appliquer pour que cessent les acrobaties des Fédérations en général avant chaque déplacement d’une délégation sportive et les coupes sombres que subissent leurs prévisions financières ?
A mon avis, la recette est simple. On peut emboîter le pas à la pratique qu’utilise l’Angola. Il va de soi que le sport de ce pays avance à grands pas. Dans plusieurs disciplines (football, basket-ball, judo, handball, taekwondo,…), le progrès de ce pays est indéniable. Que fait-on dans ce pays ? Lorsque le budget annuel du sport est voté et accepté, le gouvernement vire ce montant au compte de chaque fédération sportive. Quitte pour lui de venir contrôler à la fin de l’exercice s’il a été correctement exécuté. Il va de soi que les fédérations qui n’auront pas exécuté le budget sont sanctionnées. Celles-ci sont des organes techniques du gouvernement s’agissant de chaque discipline sportive.
C’est sous cette condition que le sport congolais peut aller de l’avant.
Personnellement, je m’inscris en faux contre les propos de certains des dirigeants politiques qui affirment que les dépenses relatives aux activités physiques et sportives ne pas essentielles dans un pays qui vient de subir une guerre atroce. Ils n’ont pas raison. Car au-delà de l’aspect financier, le sport dans un pays (surtout lorsque l’équipe nationale ou les clubs sont en déplacement) constitue un marketing important très bénéfique au pays, lequel marketing peut utilement influer sur la vie économique et social. Le sport peut amener au pays d’importants investissements. Des exemples sont légion à travers le monde.
Monsieur le président, votre comité est à mi-parcours de son mandat. Il vous reste encore deux ans avant que le présent mandat s’achève. L’un des points de votre programme d’action est la vulgarisation du basket-ball à travers tout le territoire national. En ce moment précis, peut-on dire que le sport de la balle au panier est pratiqué sur l’ensemble du territoire national ?
Avant ce présent mandat, le basket-ball était pratiqué dans huit provinces sur les onze que compte la Rd-Congo. Maintenant, nous en avons ajouté une neuvième. Il s’agit de la Province Orientale. Les deux provinces où le basket-ball reste encore à vulgariser sont le Maniema et le Bandundu.
La Fédération envisage des voies et moyens pour que le basket-ball y soit présent.
Propos recueillis par Denis Lubindi
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