14 mai 2007

TUNISIE : La honte !

La honte !

La finale aller du championnat de Tunisie ayant mis aux prises les deux meilleures équipes de la saison, le S.Nabeulien et l'Etoile sportive du Sahel, n'a nullement tenu ses promesses.

On s'attendait à une confrontation d'un haut niveau et un débat serré offrant un spectacle grandiose à la hauteur de l'évènement, au très grand public présent. En effet, la salle de Nabeul était pleine à craquer, mais fut l'espace de l'après-midi de samedi dernier le théâtre d'une bataille rangée sur le terrain durant la rencontre et à sa fin, dans les gradins.

Le match fut caractérisé par une agressivité excessive, voire par une violence latente et l'atmosphère était électrisée. On sentait l'explosion se tramer. Les joueurs, acteurs médiocres d'une représentation minable, faisaient fi du beau jeu, déshonorant la balle orange et tous les principes de la charte du sportif pour se bousculer, s'insulter, s'invectiver et se violenter mutuellement. Les entraîneurs faisaient, eux aussi, un point d'honneur à contester toutes les décisions arbitrales, envahissant le terrain à plusieurs occasions et désavouant la paire d'arbitres désignée : Ben Zineb-Mbarek. Ces derniers paraissaient totalement dépassés et commettaient erreur sur erreur, livrant le champ aux altercations et favorisant les démêlés.

Outre les coachs, les responsables des deux équipes les ont totalement submergés et la discussion se transformait rapidement en querelle franche et ardente. Le public nabeulien s'y mêlait et abreuvait les joueurs étoilés d'insultes. Cette atmosphère surchauffée fut alimentée par une fin de match stressante et palpitante. Alors qu'on s'acheminait vers les prolongations, Maher Khanfir en décidait autrement et signait le panier libérateur et victorieux pour son équipe au grand dam des Nabeuliens !

Ce qui devait se passer ensuite était totalement ignominieux. Les Etoilés, voulant partager leur joie avec les quelques supporters qui ont fait le déplacement, se firent agresser par les joueurs nabeuliens. Un acte des plus vils, des plus ignobles qui soit eut lieu sous nos yeux, nous autres journalistes scotchés à nos chaises. Mouin, un joueur nabeulien se rua sur Zied Toumi, fils de Mohamed Toumi, l'actuel directeur technique des Etoilés, qui lui tournait le dos et lui asséna un magistral coup de poing sur la nuque lui faisant perdre connaissance. Ses parents, présents dans la tribune d'honneur, le rejoignirent livides et hagards, morts d'inquiétude et incertains sur son sort. Il sera emmené aux urgences et passera la nuit sous surveillance médicale. Ce geste infâme fut accompagné de jets de bouteilles, de morceaux de bois et autres, par le public nabeulien. Cette gabégie dura un bon moment avant que la salle ne soit évacuée et le terrain vidé.

Passer sous silence ces agissements serait criminel. Des sanctions sévères doivent être prises contre les agresseurs. Un titre de champion ne vaut très certainement pas la vie d'un jeune homme. Nos sportifs ne doivent pas se transformer en monstres vindicatifs, haineux et vengeurs.

Une hystérie généralisée semble gagner, désormais notre sport national. Il n'y a pas que les terrains de football qui en pâtissent. L'encadrement y est très certainement pour beaucoup. Les joueurs échappent à tout contrôle et s'improvisent les maîtres incontestés et incontestables des terrains. Ils se proclament des vedettes, mais agissent en voyous !

En attendant des solutions radicales, nous ne pouvons que déplorer, dénoncer et condamner ses méthodes inciviques qui plongent le sport au fin fond du gouffre le plus profond !

Aida Arab Achab