SENEGAL : « Nous avons trop respecté nos adversaires »
Malgré une élimination prématurée, les basketteuses sénégalaises, qui ont tenu la dragée haute au Canada (64-65) et à la Lituanie (63-74) ont été loin d’être ridicules, à l’occasion des préliminaires du Groupe B du 15è championnat du monde féminin. Maguette Diop ne cache pas ses regrets de ne pas voir ses protégées passer au second tour. Entre déception et satisfaction, le coach dresse un premier bilan de la 6ème participation du Sénégal à ces joutes. Par ailleurs, les « Lionnes », qui jouent les matches de classement (13è à la 16è place) à partir de ce matin à 8h 40 Gmt contre la Corée du Sud et demain dimanche, voudront faire mieux que leurs prédécesseurs en se hissant au 13ème rang mondial.
Evaluation du premier tour
« On fait trois matches et on les perd alors qu’on pouvait les gagner, il y a un sentiment de regret surtout contre le Canada. Mais il y a un sentiment de satisfaction si nous retournons en arrière, car on avait deux objectifs précis. Un : mettre en place une équipe qui peut faire une participation honorable et qui ne soit pas ridicule. Deux : présenter un bon jeu et nous qualifier si l’occasion se présente. Nous sommes dans nos objectifs. Nous avons certes perdu nos trois matches, mais ils ont été équilibrés. Nous avons tenu la dragée haute à l’Australie dans le jeu. Nous avons joué à égale valeur et nous avons perdu au finish. Jouer trois matches en trois jours face à de grandes équipes et garder une certaine constance dans le jeu, cela donne des satisfactions. Aujourd’hui on peut regretter de ne pas avoir gagné un de ces matches »
Raisons d’une élimination prématurée.
« Contre le Canada, nous avons fait ce qu’il fallait faire. On ne connaissait pas cette équipe et on a couru derrière le score, c’est vers la fin que nous avons essayé de nous rattraper. Dans ce genre de tournoi, pour faire un bon premier match, il faut être fin prêt .Et pour cela, il faut faire avant un minimum de 10 matches de haut niveau, ce que nous n’avons pas réalisé. Ce qui fait qu’on est mal rentré dans le match. On a par exemple découvert au cours de ce match une joueuse comme Aya Traoré qui n’a pratiquement pas joué avec l’équipe. C’est une équipe en construction que nous avons, les automatismes ne sont pas encore en place .Contre la Lituanie, nous avons pu analyser leur jeu que tout le monde donnait largement favori, mais nous avons joué notre chance… En première mi-temps, nous avons fait une bonne défense très agressive, avec beaucoup d’entraide. Après, ça n’a pas marché. Nous avons fait une défense agressive, mais la Lituanie nous a dominés dans le jeu intérieur avec une agressivité offensive qui nous a fait commettre beaucoup de fautes. On a changé notre manière de défendre et la Lituanie nous a mis 6 paniers à 3 points. Nous avons aussi faibli en attaque. Notre principale faiblesse, c’est au niveau de la récupération du ballon. La Lituanie a marqué beaucoup de paniers en seconde chance. L’équipe pèche au niveau des rebonds. Notre pourcentage de tirs aussi est faible. L’une de nos faiblesses, c’est que nous avons trop respecté nos adversaires. J’avais préféré un jeu posé, ce qui fait qu’il n’y a pas eu beaucoup de contres, de jeu rapide pour éviter des pertes de balle. Nous avons rarement procédé par des contres ».
Solution pour corriger la faillite aux rebonds
« Il faut avoir des joueuses de grande taille, des rebondeuses dans l’équipe. Dans la composition d’une équipe, il faut avoir des joueuses qui savent défendre, certaines qui savent attaquer et d’autres qui ont le sens du rebond. La solution, c’est d’essayer d’augmenter la taille de l’équipe avec des joueuses qui ont le sens du placement. J’ai toujours dit que l’absence de Aminata Nar Diop qui joue à Georgetown aux Etats-Unis, qui est une bonne rebondeuse, allait nous être préjudiciable. Awa Guèye aussi nous a beaucoup manqués pour sa percussion avant de scorer.
Erreurs de coaching
« Quand on perd, il est toujours facile de dire que ce que le coach a fait est mauvais. Quand on court derrière un score, quand on prend un temps mort, cela permet d’attaquer dans la moitié de terrain et non en ligne de fond ce qui est plus avantageux. Si la même situation se produisait aujourd’hui, j’aurais fait la même chose car le temps mort était idéal. Nous avons fait l’essentiel, car le temps mort permet de rafraîchir les mémoires. C’est une jeune équipe, n’importe quel coach aurait pris ce temps mort. Jouer à 7 contre la Lituanie ? Une équipe de basket a toujours une base. Nos n’avons pas encore une équipe prête et interchangeable. Même celles qui ont brillé contre la Lituanie, on les a mises lors des matches précédents, elles n’ont pas eu un bon rendement. On peut parler de la rentrée tardive de Awa Doumbia qui a mis 10 points en 3 minutes, mais sur d’autres matches elle ne l’a pas fait. Chaque joueuse a un rôle à jouer. Il y a eu une certaine fatigue contre la Lituanie. Tout est question de préparation et sur le plan du jeu intérieur, je n’ai pas beaucoup de choix ; je n’ai que trois éléments. Mariame Dia on l’a utilisée comme intérieur pour défendre… Pour ce qui est de Salimata Diatta, qui a joué 33 minutes, c’était normal car quand Aya Traoré a fait 3 fautes, il fallait faire une option sur certaines joueuses comme Salimata Diatta et Oumou Khaïry Sarr. Salimata Diatta était plus présente en défense, dans les duels et dans le rebond intérieur ».
Conditions pour réussir les prochaines échéances
« Ce qui manque au Sénégal, c’est que chaque fois qu’on commence avec une génération, on ne va pas jusqu’au bout. Une équipe de niveau mondial, cela se construit dans le temps. L’équipe de 1998, qui a joué le Mondial, a changé par rapport à celle qui a disputé le Championnat du monde en 2002 en Chine. Prenez les autres équipes, vous constatez que ce sont les mêmes éléments qui jouent longtemps ensemble. L’équipe que nous avons actuellement, il suffit de la renforcer pour avoir de bons résultats. Car parmi ces joueuses, seule Astou Ndiaye est proche de la retraite, toutes les autres peuvent jouer encore pendant quatre ans. Il faut continuer le travail, avoir la possibilité de jouer beaucoup de tournois avec des équipes de haut niveau. C’est une équipe qu’on est en train de monter. Au Sénégal, on a toujours des sélections et non des équipes nationales. Il faut bâtir cette équipe avec des éléments qui vont travailler ensemble, qui auront l’habitude de jouer ensemble, qui ont acquis beaucoup de choses ensemble. Malheureusement, chaque fois on recommence »…
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