CAMEROUN : Des trous dans le panier
Par Brice Mbeze
Le championnat national se dispute sur fond d'exode des joueurs. De disette financière et logistique aussi.
Hier, trois jeunes basketteurs ont pris l'avion à l'aéroport international de Douala. Direction : la République fédérale d'Allemagne. Ces joueurs répondent à une invitation d'Adidas, organisateur d'un camp de basket-ball, adressée à la Fédération camerounaise de basket-ball. Dans quelques jours, d'autres basketteurs, " six ou sept ", selon un responsable de la " fédé ", s'envoleront pour l'Afrique du Sud. Ils participeront à Johannesburg, à un regroupement important : la sélection des meilleurs basketteurs africains pour la NBA, le championnat professionnel américain.C'est donc sur ce fond d'exode des joueurs que se dispute depuis lundi le championnat national. Douze équipes étaient engagées au départ. Trois se sont désistées, " faute de moyens ", précise, Magloire Makon, entraîneur de Noga FC, l'un des neuf clubs qui a pu s'acquitter des frais de participation (60.000 F). Chaque équipe compte douze joueurs. La licence, document exigé, sert en même temps de frais d'affiliation. Elle coûte 5000 F. La ligue retient 3000 F à la source et reverse 2000 F à la fédération. Cette association sportive que dirige Chrisogone Noah ne roule pas sur l'or. Elle fait même des mains et des pieds pour organiser ses activités. Les clubs éprouvent les mêmes difficultés que la " fédé ".
Pour sauver ce sport, à la croisée des chemins, les responsables ont imaginé une formule économique qui permet d'amortir les dépenses. Ce schéma a pour nom : le regroupement. En quoi consiste-il ?
Les clubs affiliés se regroupent pendant une semaine pour le championnat. La meilleure équipe est désignée au terme du rassemblement qui se déroule au collège de La Salle. Là, encore réside le charme de ce jeu, confronté comme les autres au sempiternel problème d' infrastructures. Les organisateurs sont contraints de se rabattre vers les structures privées, en l'occurrence ici les établissements scolaires. Le gymnase n'étant pas utilisé en ce moment, les vacances scolaires constituent donc la période indiquée pour l'organisation de ce " play off ". Par ailleurs, la population de pratiquants est composée, dans son immense majorité, d'élèves et d'étudiants. Les participants viennent de Dschang, Yaoundé, Bafoussam, Limbé et Douala. Sur les neuf équipes engagées à la succession de Phoenix, champion en titre, trois s'appuient sur des sponsors -Beac, Fap et Duc (université de Dchang). La fédération elle-même a un seul partenaire : un opérateur de téléphonie mobile. Le " play-off " de Douala se joue au même moment que les championnats du monde de basket-ball qu'accueille le Japon. Le basket-ball a un panier troué de problèmes complexes. Miné par l'exode massif et incontrôlé des joueurs, comme le football, il soufre également d'un manque flagrant de moyens et d'infrastructures. Malgré cet état de choses, ce sport continue néanmoins d'attirer pratiquants et sympathisants comme cela se voit au gymnase du collège de La Salle, plein comme un oeuf les jours de matches.
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