SENEGAL : Dakar université club (Duc) : Les recettes du succès des « Duchesses »

La seule évocation de l’équipe féminine de basket du Dakar université club (Duc) fait rêver au Sénégal et sur le continent. Par leurs excellents résultats (3 coupes d’Afrique des clubs champions féminins ; 14 titres de champions du Sénégal autant de coupe nationales), les « Duchesses » forcent le respect. Comment le Duc est- il devenu un label de qualité ? Quel est le secret de cette formation devenue vitrine du sport de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar ? Eclairage sur un club devenu une institution désormais et dont la démarche fait recette.

Grand chelem (remporter les quatre titres mis en compétition dans le circuit féminin : Championnat, Coupes nationale, du maire de Dakar et Arc en ciel du Cours Sainte Marie de Hann) pour le Dakar université club(Duc) ! Le refrain est connu, admis comme un postulat dans le basket féminin sénégalais. Comme s’il était écrit quelque part que les « duchesses » devaient régner au Sénégal et sur le continent. Leur palmarès des compétitions de ces 25 dernières années (3 titres de champion d’Afrique et 14 titres de champion du Sénégal, 14 coupes nationales) semble accréditer cette thèse. Ces excellents résultats sont le fruit de plusieurs facteurs.

L’apport du Rectorat et du Coud
« Le soutien des autorités universitaires est l’élément fondamental de la réussite du Duc « témoigne le directeur technique Maguette Diop qui fréquente les allées du club estudiantin depuis 34 ans(1978). »Le rectorat considère le Duc comme la vitrine du sport universitaire et nous aide au plan des infrastructures. Le centre des œuvres universitaires de Dakar(Coud) depuis l’arrivée de Sada Ndiaye embauche des dirigeants et des joueuses. La grande révolution du Duc, c’est avec le président de la section de basket Bocar Diaw qui travaillait au Coud. C’est lui qui a convaincu le directeur de fixer les filles par des embauches. Ce qui permet d’asseoir une base très solide car certaines joueuses ne jugeaient plus nécessaire de s’expatrier. » Résultat le Duc dont le seul titre de gloire reste le championnat(1986) remporté par Nafi Fall, Olga Ndiaye Ndèye Astou Sarr Thiam et compagnie fréquente les sommets. Au début des années 1990 des talents quittent leur terroir (Mborika Fall, Khary Gaye Diouf et Tegaye Niang (Saint Louis), Rufisque (Adama Diop, Sophie) et Thiès (les sœurs Fall Maïmouna et Fama Fall) et rallient le club. Elles sont associées aux étudiantes à l’image de la tête pensante formée au club Aminata Kane, par Bonaventure Carvalho puis Lamine Diakhaté ; Jean Claude Guèye, Dame Diouf et Maguette Diop donnent un cocktail détonnant. L’Asfo des Marthe Ndiaye, Khardiata Sourang Diop, des sœurs Diakhaté (Adama et Rama) et Ndiaye (Astou, Ndèye) et la Ja des Mame Maty Mbengue, Khady Sall, Anne Marie Diokh , Nathalie Sagna résistent, plient et finalement rompent devant l’armada du club universitaire. Au fil des ans d’autres basketteuses aux mains expertes (Adama Diakhaté et Coumba Cissé de la Ja, Ndèye Mbodj de l’Asfo) et des stars étrangères (les Maliennes Hamechetou Maïga et Sadio Sangharé) sont venues exercer au Duc. Après l’OPA sur le basket national, le Duc conquiert l’Afrique avec 3 titres de championnes (1993,1997 et 1999). « En gagnant les titres africains, les filles ont vu leur situation au niveau du Coud s’améliorer. Avec leur reclassement, elles étaient plus motivées ». De l’avis de Joseph Mathiam Ndiaye secrétaire général du Duc, c’est cette stabilité de l’effectif qui a ouvert la voie du succès. « Ceci est important sur le rendement du club car cela permet de maintenir les joueurs aussi longtemps au sein de l’équipe. »

Stabilité des dirigeants, coaches, joueuses
« L’un des facteurs de succès explique le secrétaire général et manager général de la section de basket du Dakar université club(Duc) Joseph Mathiam Ndiaye, « c’est la stabilité aussi au niveau de l’instance dirigeante. » Quand on regarde la composition des différentes équipes dirigeantes de la section de basket, on trouve des gens qui ont été supporters avant d’intégrer l’administration. Ce sont des hommes qui connaissent les arcanes et qui sont préparés aux tâches ». Conséquence selon l’ancienne meneuse de jeu Mborika Fall devenue coach adjoint « la succession au sommet du club se fait facilement entre personnes qui se connaissent et s’apprécient. Il y a une forte complicité entre les dirigeants. »
D’Alain Angrand à Me Babacar Ndiaye en passant par Amadou Bocar Diaw, feu Oumar Sy et Pape Ousmane Diallo, la passation de pouvoir entre les présidents s’est fait sans heurts. Parce que tout simplement, le Duc constitue désormais de l’avis de son directeur technique Maguette Diop « une famille où les parents sont les dirigeants et les enfants, les pratiquants ». Dans ce cocon, le secrétaire général Joseph Mathiam Ndiaye considère que «des liens de solidarité et de fraternité se tissent entre pratiquants et dirigeants ».

Le rôle du « 6è homme »
Un autre facteur explicatif de la domination du Duc c’est son « 6è homme », ses fadas, ses supporters. « Notre base affective constitue une véritable force, constate le secrétaire général. Nous pouvons dire que nous sommes un club qui vit dans une ville de 50 000 habitants, l’université Cheikh Anta Diop. Toute cette population est collée à l’équipe et cela impacte sur le rendement ». Confirmation de Mborika Fall de la saga dorée du Duc qui soutient que l’élément supporter est très important. «Quand 2 équipes de basket se valent, ce sont les supporters qui font la différence. Dans les séquences difficiles des matches ils nous poussent à nous surpasser. A Marius Ndiaye, on se sent au terrain de basket de l’université. A la fin d’un match ils nous félicitent quelque soit le résultat. C’est encourageant non ! »
Il est vrai que quand l’inimitable chorale de Léopold Nzalé et de ses amis commence à jouer sa partition, l’euphorie qui s’empare souvent des « Duchesses » est inversement proportionnelle au doute qui habite l’équipe adverse. La bénédiction des autorités universitaires, la stabilité de l’effectif, l’inimitable « 6è homme » ce sont les pièces du puzzle. Depuis plus de vingt ans « la méthode Duc » a fait ses preuves. L’insolente réussite du club a d’ailleurs fait des émules. Son clone du nord, l’université Gaston Berger de Saint Louis, « fait mieux que nous car il dispose d’une salle de basket » lâche le directeur technique Maguette Diop. La preuve l’Ugb version masculine a remporté en 2012 son premier titre de champion devant le …Duc. Seulement pour ce qui est des « Duchesses », la saga devrait continuer. D’autant que les nouvelles autorités du Coud continuent sur la lancée de leurs prédécesseurs. « Nous avons la chance d’avoir des dirigeants qui aiment et comprennent l’importance du sport, témoigne Mborika Fall passée du parquet au banc comme coach adjoint. « Abdoulaye Diouf Sarr l’actuel directeur du Coud nous met dans d’excellents conditions. Ainsi il fructifie l’héritage. » Et fortes de leurs contrats, Fatoumata Diango, Ndèye Fall, Khady Mbaye, Fatou Mbaye et compagnie sont en train de prolonger la dynastie.

Maguette DIOP (Directeur technique) : Le gardien du temple
Il n’est pas du genre à pavaner sous les projecteurs et devant la presse. Pourtant avec ses 2 titres de champion d’Afrique avec les « Lionnes »(1997 et 2000), ses 3 bagues d’or en coupe d’Afrique des clubs champions(1993,1997 et 199), sa médaille d’or aux Jeux de la Francophonie acquise devant la France(1997), ses 14 titres nationaux et autant de coupes nationales et tutti quanti, il possède le meilleur palmarès du Sénégal et l’un des meilleurs du continent. Ce n’est pas un hasard si Anta Sy l’ailière pivot international toujours sur les parquets en fait le principal orfèvre de l’hégémonie de son club »le secret de la réussite du Duc lâche telle laconiquement « c’est Maguette DIOP ».
Formé à l’Inseps de Dakar et dans les écoles de sport de l’ancienne Union des républiques socialistes soviétiques(Urss), l’institut de sport de Moscou(1983) Maguette Diop est un maître tacticien. Adepte d’un basket de lecture et de mouvement ce coach patient et persévérant est réputé pour son jeu de contre attaque et sa défense. A 58 ans l’ancien sociétaire du Lat Dior de Thiès et actuel chef du service sport de l’université est un peu « fatigué. « C’est très difficile, je prends de l’âge. Coach je suis un peu l’homme à tout faire. J‘épaule tout le monde les administratifs comme les techniciens ».
Directeur technique et coach du club le plus titré du circuit féminin sénégalais et africain, Maguette Diop qui a connu moins de bonheur avec la sélection masculine du Sénégal reste une référence.

Les « Reines » du Duc
Les étoiles du parcours doré
Ce n’est pas seulement dans les compétitions que le Duc exerce son hégémonie, au rayon « Reine » (la distinction qui récompense la meilleure joueuse de la saison de basket au Sénégal), les « Duchesses » ont aussi fait une véritable razzia avec 12 élues ces 23 dernières années

Le Dakar université club(Duc) domine outrageusement le basket sénégalais depuis une vingtaine d’années. Outre le soutien des autorités universitaires (rectorat et Coud) la stabilité de l’effectif et de l’encadrement et l’apport des supporters, il y a aussi la classe exceptionnelle de certaines « Duchesses ». La longue épopée qui a commencé en 1986 avec la génération des Nafi Fall, Olga Ndiaye, Ndèye Astou Sarr Thiam connaît son apogée dans les années 1990 avec l’arrivée de joueuses de grand talent. Ce qui lui permit de glaner des titres collectifs et des titres individuels. Rayon distinction individuelle, le Dakar université club dont les sociétaires formaient avec celle de la Ja et de l’Asfo l’ossature des « Lionnes », s’est bien servi. De feue Adama Diop à Fatoumata Diango en passant par Mborika Fall, Aminata Kane, Adama Diakhaté, Coumba Cissé les Maliennes Hamechetou Maïga et Sadio Sangharé , Coumba Cisse, Awa Guèye,Salimata Diatta, Mame Diodio Diouf , les « Reines » ont joué un grand rôle dans les performances du club et des équipes nationales du Sénégal et du …. Mali (champion d’Afrique en 2007 à Dakar avec dans sers rangs Hamechetou Maïga et Sadio Sangharé).
Le savoir être et le savoir faire des Adama Dio, Aminata Kane, Mborika fall, Adama Diakhaté, Hamechetou Maïga, Coumba Cissé, Anta Sy Mame didio Diouf et consorts ont éclairé le parcours étoilé du Duc.

Une enquête de Mamadou DIOUF