REUNION : La Montagne dunk nation
coupe de france. Là-haut, sur la Montagne, se sont retrouvés deux joueurs animés par le même goût de l’apesanteur. Kay Botterman et John Thibout, deux dunkeurs du haut du panier, passionnés de basket aux heures de vols innombrable Ils se sont retrouvés là-haut, sur la Montagn.e. Dans une salle où depuis longtemps le bruit des ballons de basket résonnait en catimini. Ils en ont fait un petit coin de paradis, leurs chemins se croisant pour serpenter un temps ensemble après avoir chacun emprunter des routes de grandes traversées. La finale de coupe de France d’aujourd’hui est une cerise posée sur un gâteau qu’ils grignotent au quotidien au sein d’un club qui respire la fraîcheur et la joie de vivre, le CO Montagne, où ils font office d’entraîneurs-joueurs.
Un beau duo constitué dans les hauts de Saint-Denis entre Kay Botterman, né à Bruxelles il y a 31 ans d’un père belge et d’une mère italienne aux origines congolaises et rwandaises, passé par la Belgique, l’Espagne, le Congo et la Réunion et John (Jonathan en version longue) Thibout, né il y a 31 ans à Saint-Etienne d’un père italo-français et d’une mère internationale cadette de basket qui a quitté son Forez natal pour arpenter le monde, pendant 10 ans.
Comme "crazy dunker", une troupe d’allumés du dunk qui se sont dit qu’avec un trampoline, ce serait mieux. Statut d’intermittent du spectacle en bandouillère, il s’est produit partout dans le monde "dans les salles NBA à Sacramento, Atlanta, Memphis, des Final Four d’euroligue, la finale de l’Euro entre la Serbie et l’Espagne, les Jeux Olympiques... On faisait 50 ou 60 dates par an, c’était génial". Une vie en l’air, à toiser le panier mais aussi à essuyer les moqueries liées à son aide à la détente. "À chaque fois que je faisais du basket accro, les dunkers nous regardaient de haut, nous disant qu’on avait besoin d’un trampoline. J’ai vécu ça 10 ans. Mais je leur disais : "Y a pas de problème, je sais faire sans" !". Avant de décrocher, s’offrir un crochet d’un an en Australie et d’autant en Asie pour débarquer à la Réunion et trouver à quelques encablures de son domicile un club de basket où la lumière ne demandait qu’à être allumée.
"Un jour, je monte pour ne pas être contré et paf !!!"
Kay, au gré des mutations de son père, salarié d’Heineken, allait s’aguerrir sur les playgrounds qui s’offraient à lui. Pour un jour décoller. "Mes premiers dunks, c’était à 16 ans, en Espagne, se remémore-t-il. J’avais les mains éclatées par l’arceau à force d’essayer. Et un jour en match je monte le plus haut possible pour ne pas être contré et paf !!! Je retombe et je me dis je l’ai fait ! J’ai pris confiance dans les airs". Et n’est plus jamais retombé. Membre à part entière d’une caste marginale mais admirée. Qu’il aurait pu regarder dans les yeux en 2010, lorsqu’il avait décollé la rétine de Claude Bergeaud lors du premier Run Ball au point de lui proposer de venir participer au All-Star Game à Bercy avant qu’un changement de règlement ne l’en empêche.
"Il y a la famille des dunkers et ce dans tous les pays, observe Kay. À Milan, sur le playground Jordan, il y avait 200 personnes autour, les panneaux étaient plus bas, je tapais des 360 moulins, des riders arrières, les gens étaient fous... Au Congo pareil. Je suis arrivé sur un tout petit terrain et après il y avait 300 personnes alors qu’au début j’étais tout seul avec mon père".
"Le dunk, ça électrise les gens et moi-même"
Quelques anecdotes de deux parcours avec beaucoup d’heures de vol. Les mêmes mains cornées par les arceaux aplatis. Une vie les filets dans le nez et le basket dans le sang.
Deux histoires au même détonateur commun : le dunk. Une passion, un style, un art de vivre voire qu’ils ne se lassent d’évoquer, de mimer joyeusement, les souvenirs affluants, leur mémoire ayant emmagasiné comme si c’était hier ces moments de grande(s) détente(s). Le meilleur moyen de mettre deux points ? "Quand t’es grand oui, mais quand tu as ma taille (1,82 m), l’énergie que tu dois mettre...pas vraiment en fait", estime Kay. "Spectaculaire oui, facile non, synthétise John, 6 centimètres de plus à la toise. Ça fait partie des objectifs que tu te fixes quand tu es petit. Tu veux dunker. C’est la NBA qui vient s’installer dans le match !". "Le dunk, ça électrise les gens, ça m’électrise moi-même", poursuit Kay.
Pour s’envoyer en l’air, mais pas que. Jouer au basket, tout simplement en exploitant toutes ses facettes. "J’étais étiqueté dans la catégorie des dunkeurs, souligne Kay. Et pendant un moment j’ai arrêté de travailler le dunk. J’ai préféré travailler tout ce qui fait qu’on gagne un match. Si on respecte mon shoot, je savais aussi que j’aurais plus de facilités à aller au dunk... Je suis un passionné de basket, qui est comme un art que je veux maîtriser au maximum. Tout m’intéresse. Les shoots, les dribbles, les feintes, les changements de rythme, le leadership, je commence à comprendre énormément de choses..."
Notamment que sa période de vol s’effrite à mesure que son âge avance. "Ma tête n’est plus au niveau du panier, reconnaît Kay. Elle est plus basse mais je prends toujours du plaisir dans les airs".
"J’avais une grosse détente jusqu’à 19-20 ans, reprend John. Après j’ai eu une vilaine blessure à la cheville. C’était une catastrophe. Je n’ai plus touché le cercle jusqu’à 23 ans. Ça vexe de ne plus y arriver, mais tu travailles d’autres choses et différemment".
Pour avancer, horizontalement cette fois. Et vivre des moments comme celui d’aujourd’hui. Avec les autres. En visant les sommets, toujours.
Hervé Brelay
Comme "crazy dunker", une troupe d’allumés du dunk qui se sont dit qu’avec un trampoline, ce serait mieux. Statut d’intermittent du spectacle en bandouillère, il s’est produit partout dans le monde "dans les salles NBA à Sacramento, Atlanta, Memphis, des Final Four d’euroligue, la finale de l’Euro entre la Serbie et l’Espagne, les Jeux Olympiques... On faisait 50 ou 60 dates par an, c’était génial". Une vie en l’air, à toiser le panier mais aussi à essuyer les moqueries liées à son aide à la détente. "À chaque fois que je faisais du basket accro, les dunkers nous regardaient de haut, nous disant qu’on avait besoin d’un trampoline. J’ai vécu ça 10 ans. Mais je leur disais : "Y a pas de problème, je sais faire sans" !". Avant de décrocher, s’offrir un crochet d’un an en Australie et d’autant en Asie pour débarquer à la Réunion et trouver à quelques encablures de son domicile un club de basket où la lumière ne demandait qu’à être allumée.
"Un jour, je monte pour ne pas être contré et paf !!!"
Kay, au gré des mutations de son père, salarié d’Heineken, allait s’aguerrir sur les playgrounds qui s’offraient à lui. Pour un jour décoller. "Mes premiers dunks, c’était à 16 ans, en Espagne, se remémore-t-il. J’avais les mains éclatées par l’arceau à force d’essayer. Et un jour en match je monte le plus haut possible pour ne pas être contré et paf !!! Je retombe et je me dis je l’ai fait ! J’ai pris confiance dans les airs". Et n’est plus jamais retombé. Membre à part entière d’une caste marginale mais admirée. Qu’il aurait pu regarder dans les yeux en 2010, lorsqu’il avait décollé la rétine de Claude Bergeaud lors du premier Run Ball au point de lui proposer de venir participer au All-Star Game à Bercy avant qu’un changement de règlement ne l’en empêche.
"Il y a la famille des dunkers et ce dans tous les pays, observe Kay. À Milan, sur le playground Jordan, il y avait 200 personnes autour, les panneaux étaient plus bas, je tapais des 360 moulins, des riders arrières, les gens étaient fous... Au Congo pareil. Je suis arrivé sur un tout petit terrain et après il y avait 300 personnes alors qu’au début j’étais tout seul avec mon père".
"Le dunk, ça électrise les gens et moi-même"
Quelques anecdotes de deux parcours avec beaucoup d’heures de vol. Les mêmes mains cornées par les arceaux aplatis. Une vie les filets dans le nez et le basket dans le sang.
Deux histoires au même détonateur commun : le dunk. Une passion, un style, un art de vivre voire qu’ils ne se lassent d’évoquer, de mimer joyeusement, les souvenirs affluants, leur mémoire ayant emmagasiné comme si c’était hier ces moments de grande(s) détente(s). Le meilleur moyen de mettre deux points ? "Quand t’es grand oui, mais quand tu as ma taille (1,82 m), l’énergie que tu dois mettre...pas vraiment en fait", estime Kay. "Spectaculaire oui, facile non, synthétise John, 6 centimètres de plus à la toise. Ça fait partie des objectifs que tu te fixes quand tu es petit. Tu veux dunker. C’est la NBA qui vient s’installer dans le match !". "Le dunk, ça électrise les gens, ça m’électrise moi-même", poursuit Kay.
Pour s’envoyer en l’air, mais pas que. Jouer au basket, tout simplement en exploitant toutes ses facettes. "J’étais étiqueté dans la catégorie des dunkeurs, souligne Kay. Et pendant un moment j’ai arrêté de travailler le dunk. J’ai préféré travailler tout ce qui fait qu’on gagne un match. Si on respecte mon shoot, je savais aussi que j’aurais plus de facilités à aller au dunk... Je suis un passionné de basket, qui est comme un art que je veux maîtriser au maximum. Tout m’intéresse. Les shoots, les dribbles, les feintes, les changements de rythme, le leadership, je commence à comprendre énormément de choses..."
Notamment que sa période de vol s’effrite à mesure que son âge avance. "Ma tête n’est plus au niveau du panier, reconnaît Kay. Elle est plus basse mais je prends toujours du plaisir dans les airs".
"J’avais une grosse détente jusqu’à 19-20 ans, reprend John. Après j’ai eu une vilaine blessure à la cheville. C’était une catastrophe. Je n’ai plus touché le cercle jusqu’à 23 ans. Ça vexe de ne plus y arriver, mais tu travailles d’autres choses et différemment".
Pour avancer, horizontalement cette fois. Et vivre des moments comme celui d’aujourd’hui. Avec les autres. En visant les sommets, toujours.
Hervé Brelay
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